Au mois de juillet, dans le cadre du cycle consacré à l’acteur américain Jim Carrey, les enfants pourront découvrir les cartoons loufoques de Tex Avery et des vieux burlesques du Walt Disney des années 20.


Poussant l’absurde jusqu’au délire, le non-sens jusqu’au merveilleux et le gag jusqu’au cauchemar, les films de Tex Avery ont bouleversé le cadre normatif de l’animation en y introduisant un brin de folie… Pour la fin du mois de Juillet nous vous avons concocté une séance spéciale avec 7 court-métrages tournant notamment autour des personnages du Grand Méchant Loup et de ses trois petits cochons et de Squirrel, l’écureuil schtarbé.

 

« De grands artistes se sont succédés pour donner vie à leur monde imaginaire. Parmi eux, il existe un homme qui, bizarrement au vu de son œuvre globale, ne possède pas l’aura qu’il mérite. Je veux bien sûr parler de Tex Avery, un homme qui a travaillé sur une multitude de projets aujourd’hui considérés cultes. Dans l’ombre du géant Disney, il a profondément marqué l’industrie américaine d’animation par ses trouvailles géniales. (…)

Un héritage gargantuesque

Dessinateur, animateur, réalisateur, Tex Avery est un artiste complet. La grande spécialité d’Avery et de ses équipes, c’est d’insuffler à des personnages une personnalité irrévérencieuse. En travaillant sur les licences de la Warner Bros grâce aux séries Looney Tunes et Merrie Melodies, Avery va pouvoir modeler des personnages amenés à devenir cultes ou créer les siens. Si vous avez déjà vu un de ces vieux cartoons (ou leur remake moderne), vous connaissez forcément Porky Pig (une création de l’animateur Bob Clampett) ou Daffy Duck.

Ce dernier est une des stars des Looney Tunes. À ses côtés, il y a bien sûr Bugs Bunny (créé par Ben Hardaway et Cal Dalton), mais c’est Tex Avery qui construit la personnalité du personnage dès A Wild Hare en 1940 où apparait pour la première fois le chasseur Elmer Fudd. Avery utilise par exemple une phrase très populaire dans son lycée : « What’s up, doc ? », ou bien « Quoi de neuf docteur ? » en français.

En allant chez la MGM, Tex Avery crée en 1943 le cultissime chien Droopy, mais aussi la pin-up Red (censurée au début), l’écureuil fou Screwball « Screwy » Squirrel en 1944, les ours George et Junior en 1946 et le bulldog Spike en 1949. C’est aussi lui qui définit l’esprit du pingouin Chilly Willy. Si vous avez vu le film Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, ces personnages vous sont familier. Ensemble, ils vont faire les beaux jours des dessins animés américains des années 40 et 50, ces fameux cartoons qui sont encore diffusés dans certains pays du [en voie de développement]…

Le style Tex Avery peut se résumer en un seul mot : délirant. Tout est fou chez lui, car il cherche à casser les codes, s’opposant ainsi à la référence de l’époque, le studio Disney bien sûr. Tout est possible ! L’artiste aborde tous les sujets tabous chez Walt : le sexe, la politique, le quatrième mur… Par exemple, dans Red Hot Riding Hood, les personnages se révoltent et font redémarrer le film, transformant alors le conte traditionnel en récit pervers. Perforation de l’écran, changement de couleur, tout est possible du moment que c’est drôle. L’artiste va même jusqu’à caricaturer Hitler dans Blitz Wolf. Rythme endiablé, exagérations et surprises sont au programme de ses innombrables films.

 

Une reconnaissance tardive

Malheureusement, cette liberté de ton n’est pas toujours bien vue. De plus, si le nom de Tex Avery n’a pas la même reconnaissance que celui de Walt Disney, c’est parce que l’artiste n’a pas créé son propre studio. À l’époque, on ne met pas en avant le nom d’un artiste en particulier, mais celui des équipes créatives. L’aura de Disney a dévoré celle des nombreux réalisateurs qui se sont chargés de ses films animations (Walt n’a réalisé aucun des longs métrages classiques de son studio).

En outre, Tex Avery est pendant longtemps aux yeux des journalistes un pseudonyme qui cachait une équipe, pas un seul individu. L’art n’avait pas à l’époque la même médiatisation qu’aujourd’hui, surtout l’animation. Commercialement, on mettait en avant les équipes du studio Lantz, Schlesinger ou de la MGM. Enfin, Tex Avery était d’une nature profondément modeste. Ses combats se concentraient sur sa liberté créative qu’il arrache à ses boss, pas à se faire connaître.

Il obtient tout de même 6 nominations aux Oscars entre 1940 et 1956. Progressivement et durant la seconde partie du 20ème siècle, sa profession reconnaît son importance. De nombreux films et séries animées s’inspirent de son travail, comme The Mask ou les Animaniacs. Le dessin animé Le Monde fou de Tex Avery, produit et diffusé en 1997, est probablement le parfait hommage rendu à un monstre sacré de l’animation. (…)  »

(Extraits de « Tex Avery, l’autre monstre sacré de l’animation américaine », sur Popfixion)

 

 


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