Pour cette soirée de clôture du cycle Xiao Jia, au-delà de la terre jaune, nous vous invitons à la découverte de Lou Ye, cinéaste de la sixième génération chinoise et de son film Suzhou river, faux jumeau de Plaisirs inconnus de Jia Zhang-ke. Loin de la terre jaune de Jia (la région du Shanxi), Lou Ye nous invite à Shanghaï, sa ville natale. Avec Suzhou River, nous entrons dans une dimension similaire à celle de Jia Zhang-ke (même si Lou Ye se défend d’appartenir à la sixième génération) : censure, underground, jeunesse, errance et solitude gesticulent cette fois-ci au sein de la fourmilière Shanghaienne, symbole d’un certain miracle économique. Lou Ye nous permet de voguer sur la rivière Suzhou et fait intentionnellement baver nos cœurs à la poupe… Cependant – contrairement aux œuvres de Jia Zhang-ke – l’espoir dans Suzhou River ne semble pas se dissiper dans les remous d’un fleuve jaune impassible : “il ne me reste qu’à boire en attendant qu’une nouvelle histoire commence.” lance un des protagonistes. La jonque est bel et bien ivre, mais la marée ne semble pas si furieuse…

In Shanghai
de Lou Ye – 2001, Chine, 16 min

 

Portrait très personnel du Shanghai de Lou Ye, le cinéaste nous fait découvrir sa ville à l’aide de sa caméra et nous expose une Chine en pleine mutation…

 

Suzhou River
de Lou Ye – 2000, Chine, 1h23 min

 

 

Un vidéaste imagine conter à la belle Meimei les aventures d’un petit malfrat de Shanghai dans un bar à sirènes. C’est ainsi que Mardar prend corps. Il est ouvrier et sillonne la ville toute la journée sur sa moto pour des courses en tout genre. Commissionné par un riche mafieux pour servir de chauffeur à sa fille, Moudan, Mardar, de mèche avec la pègre, tente d’enlever la belle. Frappé de stupeur par la beauté de la très jeune femme, il lui avoue son amour après l’avoir libérée contre une forte rançon. Moudan, désespérée de sa trahison, se jette dans la rivière Suzhou. Lorsque Mardar revient en ville, il rencontre Meimei, parfait sosie de Moudan…

 

 

Un film noir, embrumé, chinois et indépendant, un conte de fées moderne situé à Shanghai, un rêve aquatique et fluide où l’on se noie avec volupté. En ce moment, la Chine reprend la pole position en Asie avec, entre autres, ce petit mélo noir, typique des jeunots de ladite sixième génération, car ancré dans l’urbanisme […]

En ce moment, la Chine reprend la pole position en Asie avec, entre autres, ce petit mélo noir, typique des jeunots de ladite sixième génération, car ancré dans l’urbanisme tentaculaire de la Chine nouvelle. Encore une fois, on nous la fait au sentiment, mais comme on aime, avec une bonne dose de mystère, d’atmosphère interlope et de marginalité des bas-fonds. Si le réalisateur, un certain Lou Ye, auteur d’un premier film inédit, Week-end lover (1994), n’était pas affilié à l’internationale de l’action-filming comme ses collègues branchés Wong Kar-wai et Lars von Trier, avec sa caméra à l’épaule affligée d’un tangage prononcé, parfois à la limite du brouillage, Suzhou river serait le pendant idéal, le film-frère de So close to paradise de Wang Xiaoshuai, sorti l’an passé.

Sur le plan romanesque, on y retrouve la figure de la femme fatale évoluant dans un univers de night-clubs borgnes, quoique traitée fort différemment, et sur le plan thématico-esthétique, l’omniprésence d’un fleuve, ici la rivière Suzhou à Shanghai. Seulement, et c’est ce qui fait son charme, Suzhou river a ses particularités, voire ses manies, comme cette caméra subjective qui fait craindre au début une version chinoise de La Femme défendue, avant d’opter pour une « objectivité » de meilleur aloi.

L’autre particularité, c’est cette façon de travailler sur un canevas à la Vertigo ­ l’héroïne se suicide, son sosie apparaît ­, en le triturant quelque peu, en enchevêtrant passé et présent et en forçant sur la discontinuité narrative. Ce qui compte, c’est moins l’histoire de Mardar, le coursier tombé amoureux de sa captive Moudan (il participe à son enlèvement) puis de son double, Meïmeï, que le caractère amnésique/amniotique du film, songe intra-utérin où l’on perçoit des échos étouffés de la réalité. En fait, c’est un conte moderne où l’esprit du fleuve est personnifié par l’allégorie récurrente de la sirène ­ femme fatale de l’Antiquité grecque ­, dont Meïmeï arbore le costume dans un aquarium du bar louche où elle se produit. Mais au lieu de forcer sur le symbolisme, Lou Ye, fasciné par cette rivière impure où, dit-il, « s’écoule un siècle d’histoires et de déchets », fait surnager dans sa rêverie aquatique des bribes de réel sans fard (violence, Mafia), des paysages urbains délabrés qui font contrepoids au romantisme diffus de l’œuvre et lui évitent de se noyer dans l’impressionnisme mièvre.

Suzhou river est un film fluide et cahoteux à la fois, un bateau ivre dans lequel on s’embarque et on sombre avec une certaine volupté, dans un état second proche de la torpeur procurée par l’opium.

(les inrocks)

 


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