Dans ce deuxième long métrage (après Xiao Shan rentre à la maison), tourné en 1997 dans la ville de Fenyang où il avait grandi, Jia Zhang-ke parvenait à capter, entre fiction et documentaire, les profonds bouleversements qui étaient en train d’affecter la société chinoise.
On perçoit bien en effet dans le film combien cette société conserve d’un côté certaines structures rigides et en apparence immuables : les lois de la famille (l’épisode du retour au village), l’omniprésence de l’appareil policier (l’officier très paternaliste), la quasi absence de distinction entre la sphère privée et l’espace public (les hauts parleurs qui diffusent en permanence la radio dans les rues, l’équipe de la télé locale sans cesse en train d’interroger les passants, les arpenteurs qui mesurent la boutique destinée à la destruction et dont l’arrivée ne semble avoir aucune incidence sur la scène qui a commencé sans eux), mais vit en même temps une inversion des valeurs telle que ce qui était impensable hier devient la norme du jour au lendemain et qu’un clivage s’opère entre ceux qui s’adaptent (l’ancien complice du héros, Xiaoyong, devenu homme d’affaires à succès et qui oublie d’inviter Xiao Wu à son mariage) et ceux, les artisans attachés à leur mode d’être ancien, qui ne savent pas se fondre dans le nouvel air du temps.
Dans un entretien repris dans Dits et écrits d’un cinéaste chinois, (Editions capricci 2012) Jia décrit cette révolution (p. 49) : vente au noir de cigarettes = commerce, ouverture d’un karaoké = secteur du divertissement. Dans un tel monde, un personnage comme Xiaoyong peut à sa manière passer d’un courant à l’autre, comme un poisson dans l’eau, changer sans cesse de statut social. Le voleur, lui n’est jamais qu’un voleur.
Cet artisan pickpocket, héritier de celui du film de Bresson dont la découverte provoqua chez Jia un choc révélateur, reste en effet un corps étranger, incapable de trouver sa place dans un environnement dont les repères sont en train de disparaître et qu’il arpente pourtant avec une grâce de danseur. L’extraordinaire concentration détachée de l’acteur non professionnel Wang Hong-Wei, qui ne cherche à aucun moment à susciter la sympathie du spectateur, éloigne tout risque de commisération ou de psychologie facile et donne au personnage un côté à la fois désemparé et obstiné qui finit par le rendre très émouvant. Car le détachement, la distance ne sont pas ici synonyme d’indifférence ou de froideur : l’émotion est là, jamais forcée, mais comme portée par de feintes maladresses, des effractions délibérées aux règles communément en vigueur dans le cinéma de qualité, en Chine et ailleurs : (Je commande souvent à la caméra de filmer contre le soleil, afin que le monde humide connaisse un moment de chaleur, même si l’amour ne dure qu’un court laps de temps. id p. 24). (…)
(avoir-alire.com)
Xiao Wu, artisan pickpocket
de Jia Zhang-ke – 1997, Chine, 1h48 min – 35 mm
Fenyang, petite ville de Chine, en 1997. Xiao Wu, pickpocket, exerce son métier dans les bus et dans la rue. Ses activités ne sont un secret pour personne, et quand le gouvernement lance une sévère campagne contre la délinquance, un petit commerçant receleur et un policier du quartier le supplient de regagner le droit chemin sans tarder. Muni de l’argent qu’il a récemment «collecté», Xiao Wu offre un cadeau de mariage à son riche ami Xiao Yong, qui a bâti sa fortune sur le trafic de cigarettes. Peu après, dans un bar karaoké, il s’éprend d’une entraîneuse, Mei Mei. Timide, il la suit partout mais n’ose lui déclarer sa flamme…
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