La voie rouge / Collectif d’action cinématographique
(création – circulation – réflexion)
Voie rouge : ainsi sont désignées les rues de latérite qui font le quotidien dans les quartiers des grandes villes d’Afrique de l’ouest, poussière en saison sèche et rivière en saison des pluies, qui, par opposition aux grandes artères de goudron type avenue Charles de Gaulle, ne portent pas de nom.
Pour observer ce que donne le passage du cinéma sur quelques personnes, et interroger ce qui se dit du monde et du regard quand quelqu’un s’obstine à faire des films.
On s’aventurera en sa compagnie dans le travail d’un réalisateur, qui choisira plusieurs de ses films à nous montrer ensemble
Et ce sera régulier à partir de mai, au Videodrome 2.
Ici, trois films de Natacha Samuel.
16h :: POLA A 27 ANS
Natacha Samuel – France – 2003 – 55mns
C’est l’histoire de deux femmes qui cherchent à trouver ce qui reste. A trouver ce qui resterait à voir, et aussi à montrer. Pour tracer les contours de la perte. Et, puisqu’on est vivantes, se souvenir de ce qui fut.
17h30 :: GAM GAM
Natacha Samuel & Florent Klockenbring – France – 2015 – 2h15
« Gam Gam » : dans l’argot de Ouagadougou, le terme désigne un « mélangeur, embrouilleur, vendeur de tout ». C’est ainsi que se désignaient les garçons qui, à la fin des années 90, couraient les filles blanches en voyage pour s’ouvrir la porte de l’Europe. Ce milieu qui gravitait autour du grand marché de Ouaga n’est plus aussi flamboyant aujourd’hui que les frontières de l’Europe sont toujours plus étroitement fermées. Mais l’horizon reste le même pour la jeunesse ouagalaise post-sankariste, qui balance entre lutte quotidienne pour la survie et mise en œuvre de stratégies désespérées pour se frayer une route vers l’Europe.
Les gam gam se tiennent à la lisière entre l’Afrique et l’Europe, à ce point impossible du monde contemporain, point de fracture d’un monde bipolaire, cassé en deux. Karim le blanc, le « benguiste » -l’aventurier en visite au pays, admiré ou détesté par ceux qui sont restés- est le personnage central du film, figure du gam gam triomphant aux gouffres amers. Il vit et travaille à Brest depuis dix ans. Le film le suit le temps d’un été, alors qu’il est de retour à Ouaga comme tous les deux ans. Dans son sillage on rencontre ses proches, on fait l’expérience de la difficulté des liens marqués par le drame de l’écart. Son frère John-Pablo le tailleur cérébral, son protégé Yacouba le jeune peintre, Moustache son ancien collègue : ils sont face à lui comme autant de miroirs inversés, de contrepoints. Ils n’ont pas pu, pas su, pas voulu partir. Ils défendent leur position, leur enracinement, leurs combats. Le film médite aux côtés de ces hommes, partage leur quotidien comme leurs nuits à penser le monde.
Natacha Samuel les a rencontrés à Ouagadougou il y a une quinzaine d’années. Ils lui ont ouvert leur monde, et le lien n’a cessé de se tisser depuis, au fil de nombreux voyages. C’est elle qui filme. C’est dans le lien, porté par un passé commun, que se tient le regard. Et l’écoute – assurée par Florent Klockenbring, coréalisateur du film et ingénieur du son, qui a vécu plusieurs années à Ouagadougou.
20h30 :: LA PLACE PUBLIQUE
Natacha Samuel – France – 2017 – 1h18
« La place publique » a été tourné pendant le printemps social 2016 à Marseille, dans les Nuit debout principalement. Le dispositif est simple : tout le film s’écrit dans une succession de prises de paroles (ou de cris ou de chants, voire de corps). Des visages qui parlent (certains connus d’autres pas), avec la foule de la ville qui n’apparaît qu’en arrière-plan, parfois en relation mais souvent déconnectée, étanche, comme s’il s’agissait d’un rêve qu’on projette sur le réel. Pourtant cette orchestration polyphonique n’est pas « hors-sol ». Elle suit le temps réel de la lutte, hors-champs bien présent, et dessine un récit de plus en plus précis : celui d’un élan révolutionnaire en marche, d’une recherche et d’une construction collective, à l’échelle d’une ville aussi libre que folle, aussi truculente que douloureuse. D’une ville surtout porteuse de tous les contrastes : ici la sociologie aussi est en roue libre. Le film réunit des intellectuels et des sdf, des syndicalistes et des jeunes des quartiers hantés par la prison, des femmes musulmanes en colère et des anarchistes.Il n’est pas ici question de cortège de tête ou de l’organisation démocratique de Nuit debout. Le film propose une autre fenêtre sur le printemps social. Nous sommes à Marseille, où la parole est crue, ample et débridée, où la lutte est installée depuis longtemps. J’ai pris la parole au sérieux, et écouté ce qui y faisait corps, sens, histoire.
A travers la multiplicité des visages engagés dans les mots c’est un discours collectif qui se tisse, dresse l’état des lieux d’une ville / d’un monde en état d’urgence pour mieux trouver comment le prendre d’assaut. C’est la question du commun, de la commune, qui se pose in fine. Comment, aujourd’hui, faire la révolution ?
Et tandis que le film glisse de plus en plus vers le réel et l’ancrage, vers le corps et l’intime de ceux qui parlent, la position du regard se déplace elle aussi. On passe d’une extériorité spectaculaire à un engloutissement au cœur de l’agora. Il semble de plus en plus que c’est à la caméra que l’on s’adresse. Est-ce donc bien alors d’un documentaire qu’il s’agit ? Ou assiste-t- on à la mise en scène d’un appel rêvé à la révolution communale ?
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