Le cinéma Bengali est avant tout un cinéma de la perte, de l’échec d’un horizon, celui de l’indépendance qui se confronte à la partition. Espace marginal, dans les années 50-60, il se pose comme lieu de résistance face au cinéma hindi qui a bêtement tendance à se considérer comme le miroir et le rêve d’un cinéma national. Dans ce pays où les films se font à la chaîne et où le rêve est impitoyablement usiné, Satyajit Ray est le premier à sortir de l’usine.
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Une rivière nommée Titash (Titas ekti nadi nam)
de Ritwik Ghatak, 1973, 2h29, Inde, VOSTFR, pellicule 35mm
La rivière en tant qu’allégorie, en tant que source de toute forme de vie. Par ses innombrables affluents et ramifications, c’est eIle qui unit – et sépare – les hommes. Aussi, le rythme lyrique et poétique du film est-il ponctué par le courant de la rivière, le flux et le reflux, les inondations et la sécheresse. C’est par des images d’une force épique prodigieuse que Ghatak dépeint le destin d’un village de pêcheurs. II nous montre des êtres humains qui, en raison du dessèchement lent, mais constant, du lit de rivière, perdent non seulement leur source de vie, mais encore leur identité culturelle. Ainsi, ils tombent sous le joug des représentants de l’Etat qui veulent transformer cette nouvelle terre en rizières. La façon dont Ghatak essaie d’assimiler son profond abattement dû à la perte des valeurs traditionnelles et de leurs formes, témoigne de sa souffrance et de son désespoir suite a la separation imposée en 1947 au peuple bengali. Son cur, en effet, était profondément enraciné dans la partie du Bengale déclarée étrangère. La lutte de tout un peuple pour sa survie constitue le theme de cette oeuvre qui se consacre comme nulle autre a la misère et aux espoirs des Bengalis. Une femme de pêcheur mourante, dans le lit de rivière désertique, cherche de I’eau en creusant un trou dans le sable: une image qui prouve que si la mort est inevitable, la vie finit toujours par avoir le dessus. Chaque fin est a la fois un nouveau commencement.
Projection en pellicule 35mm restaurée
Restored in 2010 by The Film Foundation’s World Cinema Project at Cineteca di Bologna /L’Immagine Ritrovata laboratory in association with the Ritwik Memorial Trust and the National Film Archive of India. Additional film elements provided by the Bundesarchiv-Filmarchiv. Restoration funding provided by the Doha Film Institute.
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