Un cycle qui se termine un 1er mai : c’est du pain béni pour aborder le monde du travail au cinéma. Mais de l’automatisation des gestes à la grève, du labeur à l’émancipation, des rêves aux cauchemars, de la travailleur·euse isolé·e à la communauté soudée, ou encore du système économique global au petit boulot local, il y a mille manière de le documenter ou de le représenter.
Omar, Marwen (La guerre des centimes) et Sili (La petite vendeuse de soleil) sont des travailleur·euses marginalisé·es, discriminé·es et précarisé·es. Et si leur travail paraît difficile, le fait même de réussir à trouver un job est bien souvent une épreuve lorsqu’on est perçu comme immigré ou que l’on est une jeune fille physiquement handicapée. Il ne s’agit plus seulement de gagner sa vie, mais aussi de faire face à des rapports de force systémiques et de se dessiner une place dans un environnement hostile.
De fait, le travail peut très vite se transformer en cauchemar. L’économie capitaliste et néolibérale broie les corps et les esprits, déshumanise les travailleur·euses, et s’infiltre partout, jusque dans nos espaces privés, jusqu’à hanter nos nuits et prendre d’assaut notre sommeil (1). En recueillant les témoignages de douze personnes qui analysent leurs rêves, Sophie Bruneau tente de comprendre comment notre psychisme peut être le miroir déformant mais profondément révélateur d’un système économico-politique. « L’économie est la méthode : l’objectif est de changer les âmes », disait si bien Margaret Thatcher. Mais malgré ces tentatives de dépossession qui tendent à ce « qu’il n’y ait plus ni répit ni repli, même la nuit » (2), le sommeil et le rêve semblent demeurer des lieux de résistance : il peut s’y déployer une violence libératrice et cathartique non-censurée.
Les violences physiques, psychologiques ou symboliques vécues au travail laissent ainsi bien souvent place à la colère, et à la lutte. Dans Le Sel de la Terre, le récit est d’autant plus enthousiasmant que la grève est victorieuse, non seulement pour les travailleurs, mais aussi, et peut être encore plus pour leur femme. Ces dernières réussissent peu à peu à s’extraire du foyer et des tâches domestiques à laquelle elles sont habituellement reléguées, et se mettent à lutter à la place de leur maris, entraînant une reconnaissance de leur propre condition.
Ce cycle espère ainsi prendre en charge différents enjeux de pouvoir et de contre-pouvoir qui irriguent le monde du travail et la vie de celles et ceux qui en subissent les règles. De saut d’obstacle en saut d’obstacle, il s’agira, finalement, d’entrevoir la possibilité d’une issue heureuse.
1. Jonathan CRARY, 24/7, Le capitalisme à l’assaut du sommeil, La Découverte Poche / Essais, 2016
2. Sophie BRUNEAU, Rêver sous le capitalisme : comment le travail empoisonne nos nuits, L’OBS, 2018
Les séances du cycle Travaille et soulève toi !
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