«Tout ce qu’on rêve est fiction et tout ce qu’on accomplit est science, toute l’histoire de l’humanité n’est rien d’autre que de la science-fiction.» Ray Bradbury.
Du 6 au 10 septembre, Videodrome 2 vous invite à découvrir sa sélection de rêves, d’ovnis, de dystopies, de voyages dans le temps et d’univers post-apocalyptiques… La Science-Fiction sera à l’honneur pour cette rentrée 2016 ! Reflet de nos espoirs et projection de nos angoisses, la Science-Fiction captive les écrivains depuis Jules Vernes et H.G Welles, pour sa liberté narrative absolue et le regard qu’elle leur permet de porter sur l’humanité. Quoi de plus normal pour ce genre de l’anticipation, de trouver dans le Cinéma la pleine expression de son potentiel évocateur ? La S.F se déclinant en autant de catégories qu’elle a d’auteurs, nous explorerons cette semaine quelques-uns de ses aspects les plus fascinants. Étranges, absurdes ou angoissants, qu’ils soient classiques, muets, ou d’animation, les films de ce cycle se veulent autant d’invitations au rêve et à la réflexion. Ce cycle sera rediffusé du 27 septembre au 1er octobre 2016.


La Planète des Singes

Franklin J. Schaffner – 1968, États-Unis, 1h52, VOstFR, 35 mm

Lors d’un voyage d’exploration spatiale, trois astronautes atterrissent sur une planète bien étrange. Leur astronef s’est échoué dans un immense lac, mais aucun signe de vie n’apparaît sur ses rives. Après plusieurs jours de marche à travers un désert, les trois hommes découvrent un pays fertile. Ils sont alors faits prisonniers par des singes, qui semblent être les maîtres des lieux. Séparé de ses amis, le colonel Taylor, blessé, est enfermé dans une cage parmi d’autres hommes et femmes au comportement primitif. Peu à peu, il comprend la terrible vérité…

Le film projeté ce samedi semble augurer une séance  « pop-corn » : un blockbuster 20th Century Fox de 1968, fable de science fiction pouvant paraître désuette au spectateur contemporain, servie par un Charlton Heston rutilant. Pourtant, La Planète des Singes n’appelle pas qu’à la nostalgie, et ne se contente certainement pas d’être un simple divertissement.

 

« Somewhere in the Universe, there must be something better than man ! »

 

Dès les premières minutes du film, lors d’un monologue déclamé par Heston d’une voix rauque – il était grippé lors du tournage, et la production a trouvé que cela donnait plus de caractère à son personnage – la thématique principale du film est posée. Taylor, abandonnant la Terre et son époque dans l’espoir de découvrir une civilisation “meilleure”, s’adresse à l’humanité dans son dernier rapport avant l’hibernation.

“ Vu d’ici tout semble différent. Le temps est courbe, l’espace est infini. Ça écrase l’égo humain. Je me sens seul, c’est à peu près tout. Dites-moi pourtant, l’Homme, cette merveille de l’univers, ce paradoxe glorieux qui m’a envoyé visiter les étoiles, se bat-il encore contre son frère ? ”

La civilisation qu’il découvre se révèle plus terrifiante encore que celle qu’il a quittée. Dans un darwinisme inversé, les singes y sont plus évolués que les hommes, primitifs, qu’ils chassent ou réduisent en esclavage. Système de castes, cruauté, racisme, obscurantisme, fanatisme religieux, intolérance ; les travers de cette société simiesque réfléchissent les défauts de l’humanité.
Cette identification forcée du spectateur est accentuée par les impressionnants maquillages de John Chambers, ainsi que par le jeu d’acteur des singes. Ils en ressortent terriblement humains, et malgré leur démarche pataude et leur pilosité, leurs yeux brillent d’intelligence et leurs émotions transpirent.

 

 

Moins de dix ans après les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, Ishiro Honda exprimait en 1954 sa peur du désastre nucléaire, en l’incarnant dans le monstre gigantesque et dévastateur, Godzilla. En 1968, l’approche du film de Franklin Schaffner est plus subtile, mais inspirée par les mêmes angoisses. La fin du film, probablement l’une des plus cultes du cinéma, nous renvoie à l’une de nos peurs profondes : la précarité de la société humaine, l’autodestruction annoncée.

 

« IT’S A MADHOUSE ! A MADHOUSE ! »

 

L’affiche japonaise du film.


 

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