CinExpé, c’est un rendez-vous mensuel dédié à la fabrique du cinéma aujourd’hui dans ses tentatives, ses détournements, ses pieds de de nez, ses coups de gueule, ses expérimentations visuelles. C’est un rendez-vous vivant puisqu’il est chaque fois porté, par les artistes et créatrices elles-mêmes, par des passionnés critiques…
Ce mois-ci, nous fêtons le travail organique et onirique de Marie Losier, en sa présence. Une soirée pour elle, une soirée Carte blanche pour les artistes dont elle chérit le travail.
Film de collaboration entre Marie Losier et Guy Maddin. Deux sœurs, cinq frères, un médecin et deux infirmières et la naissance miraculeuse d’une paire de mains… mais quelles mains ?
The Ontological Cowboy
de Marie Losier, 2005, États-Unis, 16 min, VOSTFR, DCP
Avec Richard Foreman, Juliana Francis, Tom Ryder Smith et Jay Smith.
« Le théâtre est une affaire de sexe », du moins selon Richard Foreman, le père du théâtre ontologique-hystérique. The Ontological Cowboy est une invocation de Foreman relative à la destinée du théâtre d’avant-garde. Foreman y joue son propre rôle, et les acteurs y miment ses préoccupations. Si “l’équipe du film a l’air de tant souffrir », c’est pour une bonne raison : la violente renaissance du théâtre américain, et Foreman en est la sage-femme.
Taxidermisez-moi
de Marie Losier, 2021, France, 10 min, DCP
Commande du Musée de la Chasse et de la Nature, Marie Losier (on se souvient du bouleversant The Ballad of Genesis and Lady Jaye et du si réjouissant Cassandro the Exotico) nous gâte d’un bijou joueur et onirique, concentré de son univers poétique. Armée de sa caméra 16 mm comme d’une baguette magique, elle redonne vie aux animaux figés dans l’éternité. Taxidermisez-moi fait honneur, une fois encore, à son art de la fabrique et du collage. Corps dorés, camouflés, pourvus de poils, de plumes, de becs, d’ongles…
Le résultat : une explosion de couleurs, de sons, de textures au coeur de ce musée endormi, découvert comme par le trou d’une serrure. Célébrant le compagnonnage de la bête et de l’homme, Taxidermisez-moi se joue des frontières entre le monde animal et celui des hommes. Dans les yeux des étranges créatures aux aguets qui côtoient ours, cervidés, oiseaux de toute espèce, se lit une même innocence, un même étonnement. Quand retentit le bruit du fusil, les étranges créatures, ses amis, s’écroulent, métamorphosés en renards. Sous l’espièglerie et la douceur premières d’un monde réenchanté, tout en fêtant l’extraordinaire variété du vivant, Marie Losier creuse non sans mélancolie ni inquiétude la « question animale ». Le conte tourne au manifeste, certes modeste, et qui, surprise, emprunte sa voix à André Malraux, comme un appel à résister.
Peuplé de références, Taxidermisez-moi dessine en filigrane l’idée qu’artistes et animaux partagent dans leur chair la même condition, menacés du même fusil. Produire de la beauté comme ultime acte de résistance face à « l’hypothèse tout à fait fondée d’une planète sans singes et sans animaux sauvages », aller « sur les lieux de l’art qui sont les lieux où l’on se souvient de cette perte » (Jean-Christophe Bailly), c’est nous obliger, spectateurs, à penser ce monde à venir où la beauté du vivant ne saurait se trouver qu’au coeur d’un musée.
Claire Lasolle
Félix in Wonderland
de Marie Losier, 2019, France / Allemagne, 51 min, VOSTFR
Un voyage dans le monde de Felix Kubin et de ses expériences musicales et sonores grâce à son instrument de prédilection, le KORG MS20. Le portrait d’un artiste génial dans la tête de qui la musique ne s’arrête jamais… Où l’on donne à manger des micros à des chiens en Slovaquie, où l’on enregistre les sons d’une bouche d’aération ou des chants sous-marins… Et où l’on accepte joyeusement de plonger dans la fiction des rêves et cauchemars qui hantent les chansons et créations sonores de cet artiste sans frontière, prince allemand de la musique électronique contemporaine.
La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
PRIX LIBRE
Nous souhaitons que le cinéma demeure accessible à toutes et tous. La curiosité, et le plaisir des images ne doivent pas être un privilège. Les projections engendrent des coûts de diffusion, c’est pour cela que nous conseillons le prix de 5€.
L’adhésion annuelle à l’association est nécessaire pour assister aux séances. Elle est accessible à partir de 5€ et valable sur une année civile.
Exile - Robert Todd, USA, 2018, 13 min Wait - Robert Todd, USA, 2000, 7 min, 16 mm Gems - Robert Todd, USA, 2018, 14 min Under the tree - Robert Todd, USA, 2018, 10 min Fantaisies - Robert Todd, USA, 2017, 13 min
Une occasion unique de découvrir ou redécouvrir le travail de Ben Russell, réalisateur et commissaire par la carte blanche qu'il investit le samedi soir... en sa présence.
En partenariat avec Cinedoc En présence de Federico Rossin
V.W Vitesses Womende Claudine Eizykman, 1972-74, France, 16 mm, 36 min L'autre scènede Claudine Eizykman, 1969-72, France, 16 mm, 8 min Bruine Squamma : séries mêléesde Claudine Eizykman, 1972-77, France, 16 mm, 37 min
CinExpé, c'est un rendez-vous mensuel dédié à la fabrique du cinéma aujourd'hui dans ses tentatives, ses détournements, ses pieds de de nez, ses coups de gueule, ses expérimentations visuelles. C'est un rendez-vous vivant puisqu'il est chaque fois porté, par les artistes et créatrices elles-mêmes, par des passionnés critiques...
Ce mois-ci, nous fêtons le travail organique et onirique de Marie Losier, en sa présence. Une soirée pour elle, une soirée Carte blanche pour les artistes dont elle chérit le travail.
Cinéma de la fabrique et de l'inventité joyeuses, cinéma de la rencontre qui célèbrent les corps et les visages dans des explosions de couleurs et de sons, euphorie d'un noir et blanc qui nous ramène aux origines du cinéma...Tels sont les mots qui peuvent brièvement permettre d'approcher le cinéma de Marie Losier. Il faut sauter les deux pieds joints dans ses images tournées en 16 mm et se laisser happer par la joie rieuse de ses films.
Marie Losier, autoproclamée cinéaste du dimanche, s’affirme comme une portraitiste hors pair, centrant son œuvre, particulièrement sensible, sur ces « survivants », génies hors normes et hors circuits, musiciens, cinéastes, plasticiens, irrésistibles, colorés et insolents, dont les élucubrations, les improvisations et les allures à tiroirs la ravissent. Chaque week-end, c’est le metteur en scène avant-gardiste Richard Foreman avec qui elle avait collaboré comme décoratrice, ou le cinéaste canadien Guy Maddin qui passe devant sa caméra, les frères Kuchar, cinéastes jumeaux de l’underground des années 1950, le musicien minimaliste Tony Conrad, Alan Vega du groupe Suicide, la chanteuse April March, la cinéaste Jackie Raynal et de très nombreux autres. Ce qui se joue là, sous les bonnets de bain à fleurs et les maquillages ultra pop n’est rien moins que la survie d’un idéal, d’une croyance commune en une forme de légèreté et d’amour invincible. C’est aussi, quand la vie s’acharne, que les sous manquent et la reconnaissance aussi parfois, dire à celui ou celle qu’on filme, je te filme donc tu es, tu es magnifique, tu es mon idole, mon étoile dans le ciel. C’est se donner ça.
Texte d'accompagnement de Confettis atomiques, Jeu de paume
J’ai un rapport au corps très particulier. Tous les corps m'intéressent, mais aussi les douleurs, les fragilités, les cicatrices, les transformations ou encore les genres différents. Ça me parle plus que quelque chose de complètement esthétisé. Un corps c’est une poésie, un paysage, et un corps ça souffre toujours, d’une façon ou d’une autre. Pour moi, à travers le cinéma, c’est une façon de l’apprivoiser, de s’en approcher, de vivre avec, et de l’embellir. Ce qui m’intéresse dans tous les portraits que j’ai faits, c’est que tous ces gens se réinventent constamment, sont toujours dans le processus de création, tout est création. C’est l’art d’exister à travers la fabrique constante, que ce soit avec une feuille de papier, une pensée, un geste, un tatouage, tout est utilisé dans un collage de la vie qui permet de réinventer une image de la vie. Filmer le processus de création dans le temps, cela permet de raconter une histoire et l’évolution de la personne filmée. (…) Prendre le temps de filmer certains artistes que j’ai rencontrés et qui compte beaucoup pour moi, c’est aussi prendre le temps d’aimer.
Marie Losier
Les séances du cycle CinExpé
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