Cette programmation accompagnées d’interventions et en présence des réalisateurs.trices a pour un cadre un colloque inscrit dans l’axe de recherche « Imaginaire urbain en Méditerranée » du LESA et issu d’un programme de recherche mené sur le Centre Méditerranéen de Création Cinématographique (Pépinière Amidex, 2017-2019). Ce colloque sur trois journées s’intéresse aux productions des cinéastes arpenteurs. Il envisage d’interroger des cinéastes qui arpentent, parcourent, décrivent et tissent des territoires réels, imaginaires ou fantasmés. Leur œuvre offre un travail de figuration filmique qui permet de penser l’espace dans son épaisseur temporelle. Le cinéaste-arpenteur est celui qui sort des terrains quadrillés et marqués par les signes du pouvoir pour échapper aux circulations rapides, aux rythmes effrénés des vitesses imposées.
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Pour votre information, le Videodrome 2 reçoit uniquement les projections liées au colloque.

En présence de Tariq Teguia
Discussion avec Anaïs Farine


Révolution Zendj

de Tariq Teguia, 2013, 1h37

Ibn Battutâ est journaliste dans un quotidien algérien. Un banal reportage sur des affrontements communautaires dans le Sud algérien le conduit sur les traces de révoltes oubliées du 8e au 9e siècle sous le Califat abbaside en Irak. Pour les besoins de son investigation, il se rend à Beyrouth, ville qui incarna durant plusieurs décennies toutes les luttes et les espoirs du Monde arabe. Ailleurs sur la carte, Nahla, une jeune palestinienne revient à Beyrouth sur les traces de son père, un militant nationaliste.
En Irak sous occupation américaine, Monsieur Prince, entrepreneur multicartes voit grand et compte vite l’argent. Pour préserver ses revenus exponentiels, il se rend à Beyrouth.
Tous se rencontreront. Mais du temps s’écoulera avant ces collisions, il y aura des ratages et des impasses, des éclipses et des fictions parce que les fantômes sont partout, parce que Beyrouth, la Babylone des révolutionnaires, n’est plus là que dans ses interstices. Bientôt, il faudra déserter Beyrouth en fuyards, se choisir un autre exil. Une ligne de fuite vers le Nord Ouest pour Nahla, vers l’Est et Bagdad, la Ville des villes pour Ibn Battutâ, reporter indécis maintenant au bord de lui-même, sidéré devant l’ampleur du Tigre, dérivant l’arme à la main sur un mashood dans les eaux du Chott el Arab, le Golfe arabo-persique à portée de main. L’Eden atteint?


Intervention de Anaïs Farine autour du travail de Tariq Teguia dans le cadre du colloque

Figurer les langues comme mouvements – Corps, espaces et Histoire dans Révolution Zendj

Dans une galerie à Beyrouth, Battuta retrouve Malek – un journaliste algérien vivant au Liban qui l’accueille – avant de rencontrer Gisèle qui les a entendu parler et engage la conversation. Comment sait-elle qu’il visite Beyrouth pour la première fois, lui demande-t-il, autrement dit, pourquoi l’aborde-t-elle d’emblée en soulignant le fait qu’il est étranger à la ville ? « Votre accent » (Lahjtak), répond-elle. Situé à la quarante-cinquième minute de Révolution Zendj (2013), le dialogue qui succède à cette rencontre souligne le point de vue que le film porte sur la langue de son personnage principal.

De Berriane à Baghdad en passant par Alger, Beyrouth, New-York et Thessalonique, le « travail hétérolingue1  » de Révolution Zendj et la langue parlée par Battûta, comme objet de discussion et source d’humour, place les langues à la croisée des chemins. Il donne à penser la langue comme « d’emblée érodée, impure2 », comme produit d’histoires individuelles et collectives ainsi que comme moyen au travers duquel peut se réinventer sans fin le désir d’établir de nouvelles connexions.

Chez Tariq Teguia, arpenter des territoires c’est donc aussi représenter les connexions qui s’établissent entre des corps et leurs différentes trajectoires à travers la mise en langue3. En analysant Révolution Zendj, cette communication interrogera la manière dont la mise en scène de voix incarnées, comme figures de distances et de rapprochements, engage à penser conjointement la question des langues au cinéma et celle de la représentation de l’espace.

Anaïs Farine est chercheuse en études cinématographiques. En 2019, elle a soutenu une thèse intitulée : Imaginaire cinématographique du « dialogue euro-méditerranéen » (1995 – 2017) : Formes festivalières, formes institutionnelles, formes alternatives. Elle a publié des articles dans différentes revues et ouvrages collectifs tels que The Funambulist, Africultures, Aniki, la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée ou encore Jeux sérieux. Cinéma et arts contemporains transforment l’essai. Anaïs Farine est également programmatrice de films. Elle a notamment participé à l’organisation du Ciné-club syrien à Paris et du Festival Ciné-Palestine.

1 Myriam Suchet, L’Imaginaire hétérolingue. Ce que nous apprennent les textes à la croisée des langues, ed. Classiques Garnier, 2014, p.111.
2 Jocelyne Dakhlia, « L’histoire parle-t-elle en langues ? », in Trames de langues. Usages et métissages linguistiques dans l’histoire du Maghreb, Jocelyne Dakhlia (dir.), ed. Maisonneuve & Larose, 2004, p.15.
3 Selon le néologisme forgé par John Kristian Sanaker sur le modèle de la mise en scène « pour souligner dans quelle mesure [l]e contact entre les langues dans [son] corpus filmique [lui] semble voulu et organisé de la part des cinéastes », in La rencontre des langues dans le cinéma francophone : Québec, Afrique Subsaharienne, France-Maghreb, ed. L’Harmattan, 2011, p.3.


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2€ pour les moins de 14 ans
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