Édito

 

 

« L’atelier que j’ai animé à la prison des Baumettes, dans le cadre de la résidence Walden, de novembre 2022 à mars 2023, a incontestablement agi sur moi comme un révélateur. Avant de l’entamer, j’ai dû me retourner sur mon petit parcours. Après tout, je devais bien avoir quelque chose à dire aux gens avec qui j’allais travailler. C’est alors que je me suis rendu compte (à mon grand étonnement) à quel point la question de l’enfermement occupait une place importante dans mon travail.
Enfermement physique, enfermement mental, cette obsession à vouloir déverrouiller des serrures revenait de façon insidieuse sans même que je m’en rende compte.
C’est de cette confrontation entre ma propre expérience et celle des personnes détenues qu’est né un court-métrage de 30 min, La Clef.
Cette programmation est l’occasion de revenir sur le cheminement qui m’y a amené. »
Lamine Ammar-Khodja

56 Sud

de Lamine Ammar-khodja | 2010 | Algérie | 17 min

En mars 1956, Alexis est appelé en Algérie. Envoyé dans le Sud, il emmène sa caméra Super 8 pour filmer ses six mois de rappel. Des images qu’il ramène, on peut voir des dunes, des palmeraies, un vol de mouettes, un méchoui alléchant. Bémol d’images : lorsqu’il filme des Algériens arrêtés, il est mal à l’aise et arrête de tourner.
Historiquement, l’année 1956 voit la guerre d’Algérie qui s’enflamme. Les pouvoirs spéciaux sont décrétés ; à Alger, Guy Mollet reçoit des tomates par les ultras et en mars de la même année, on peut citer le massacre de 18 appelés à Palestro.
Dans un dispositif très simple et en interrogeant les images, un dialogue s’établit entre le réalisateur et l’ancien appelé.


Alger moins que zéro

de Lamine Ammar-khodja | 2008 | Algérie | 16 min

Alger moins que zéro de Lamina Ammar-Khodja / 2008/ Algérie/ 16mn et un extrait du film « Une maison pour Buster Keaton » (7min).

Derrière l’impassible carte postale d’Alger, dans un sous-sol de la ville, des jeunes se retrouvent pour boire et fumer. Quand les langues se délient, il y a l’inventivité langagière de la rue. Directe et métaphorique. Il s’agit d’exister avant tout et ça finit toujours au septième ciel.


Extrait d’Une maison pour Buster Keaton

France | 2019 | Extrait du film de 7min

Un cinéaste retiré dans un parc en bordure de Paris, reçoit une étrange lettre dont il est lui-même l’expéditeur. Commençant d’abord par penser qu’il s’agit d’un canular, il va très vite être rattrapé par cet autre soi, et se résigner à répondre à la lettre. S’en suit un autoportrait qui passe par son entourage.


La clef

Film collectif accompagné par Lamine Ammar-khodja | 2023 | France | 30 min

En 2022/2023, le cinéaste Lamine Ammar-khodja est accueilli au Studio Image et Mouvement des Baumettes dans le cadre d’un accueil en résidence en partenariat avec le Cnap. 

Après avoir diffusé au groupe plusieurs de ses courts-métrages pour partager avec eux les questions de cinéma et d’enfermement qui traversent tout son travail, Lamine a réalisé avec les détenus le film La clef.


Lamine Ammar-Khodja 

Lamine Ammar-Khodja est né en 1983 à Alger. À 19 ans, il part suivre des études d’Électroniques- informatique à Paris. Après un diplôme d’ingénieur ainsi qu’un Master 2 en réalisation documentaire à Lussas, il réalise en 2012, son premier documentaire Demande à ton ombre. Le film reçoit le prix du premier film au FID Marseille. En 2014, il réalise Bla Cinima, mention spéciale du Grand Prix au Festival de Belfort. Ces deux documentaires seront par la suite montrés dans plusieurs festivals internationaux. En 2023, il réalise  sa première fiction: Un billet de 200 dinars.

Lieux Fictifs et le projet au Studio Image en Mouvement – SAS des Baumettes

En 2018, Lieux Fictifs crée avec l’Administration Pénitentiaire un lieu permanent dédié à la formation, mais aussi à la création et à la diffusion du cinéma le Studio Image et mouvement à la Structure d’Accompagnement à la Sortie des Baumettes. Cet équipement se constitue d’une salle de cinéma de 50 places, ouverte aux personnes détenues mais également à la société civile, et de 200m2 aménagés en plateau de tournage, salles de montage et d’enregistrement son. Il accueille majoritairement des jeunes détenus de moins de 30 ans en fin de peine, issus de la région. En prenant appui sur le Studio Image et Mouvement et sur un réseau d’acteurs de la filière cinéma de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur avec lesquels l’association a déjà noué des relations de travail solides, Lieux Fictifs poursuit son objectif d’accompagner – à travers le cinéma et la création – les jeunes sous-main de justice dans une dynamique de mixité culturelle, sociale et générationnelle et dans la construction d’une pensée et d’un regard renouvelé sur elle-même et sur le monde.
Inauguré en novembre 2019, cet équipement culturel unique en France place le cinéma au cœur de la rencontre et de la transformation des regards, dedans-dehors. 
Caroline Caccavale
Le Studio Image et mouvement est soutenu par la Direction de l’Administration Pénitentiaire, la Direction Régionale des Affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance, le Conseil régional Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil départemental des Bouches-du- Rhône, la Ville de Marseille, la Fondation de France et le CNC.

Lieux Fictifs

La résidence Walden

La résidence Walden initiée par le Cnap et accueillie par Lieux Fictifs au Studio Image et mouvement – SAS des Baumettes, propose un modèle d’atelier d’écriture et de production structuré en plusieurs étapes d’accompagnement à la recherche et à l’écriture. Placé sous l’égide intellectuelle du récit de Henry David Thoreau, qui écrivit Walden en 1854, au cours de deux années de solitude passées dans sa cabane en pleine nature, l’atelier pourrait être le lieu d’élaboration de pensées, d’observations de spéculations sur le cinéma documentaire en devenir, pour une pensée des écritures documentaires toujours à produire. L’expérimentation d’une écriture cinématographique deviendrait ici une expérience partagée : à partir d’un projet personnel en cours, l’artiste invité pourrait accompagner les détenus dans la réalisation d’un court-métrage. 

Pascale Cassagnau

Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.

Planifié Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille Carte