Édito
Après avoir restauré 15 de ses documentaires, l’Association Jocelyne Saab organise la première rétrospective intégrale des films de Jocelyne Saab en France. Après Paris, venez découvrir à Marseille les films de cette cinéaste franco libanaise, reporter de guerre dans les années 1970, qui a couvert, du côté des progressistes et des Palestiniens, la guerre qui a ravagé son pays, le Liban, à partir de 1975, puis s’est tournée vers le cinéma de fiction, la photographie, l’installation vidéo. Solidaire des grandes luttes pour la justice et la liberté des peuples, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes cinéastes libanaises de son temps. Cette rétrospective intégrale est l’occasion de présenter pour la première fois à Marseille le travail de restauration récent, conduit par l’Association Jocelyne Saab en partenariat avec l’association Film Flamme/Polygone étoilé depuis 2019, et qui a permis la formation à la restauration filmique d’une dizaine de techniciens à Beyrouth et en France. C’est aussi l’opportunité de mettre en lumière le très beau travail éditorial réalisé par les éditions Commune (association Film Flamme) autour des archives de Saab et publié en 2023 : Le Livre pour sortir au jour de Jocelyne Saab, ainsi que le coffret DVD rassemblant les 15 films restaurés Jocelyne Saab, cinéaste (période 1974- 1982) publié par les Mutins de Pangée en 2024.
Les projections seront systématiquement accompagnées par des membres de l’Association Jocelyne Saab : Mounir El Abbassi, Louise Malherbe, Jinane Mrad, Mathilde Rouxel. Des ventes de livres, d’affiches et de DVD seront proposées à l’issue des séances.
Jocelyne Saab
Jocelyne Saab est née en 1948 et a grandi à Beyrouth. En 1973, elle devient reporter de guerre au Moyen-Orient en couvrant la guerre d’Octobre pour le Magazine 52 de la troisième chaîne de télévision française. En 1975 elle dirige son premier long-métrage, un documentaire, qui sort en salle à Paris : Le Liban dans la Tourmente, distribué par Pascale Dauman. Elle couvre ensuite pendant quinze ans la guerre du Liban, au cours de laquelle elle réalise près de trente films, dont Beyrouth, jamais plus, diffusé sur France 2 en 1976, ou Lettre de Beyrouth et Beyrouth, ma ville, diffusé sur France 3 en 1978 et 1982. Égypte, cité des morts, tourné en 1977, sort en salle à Paris, en première partie de Le Sahara n’est pas à vendre sur le Polisario, réalisé la même année. En 1981, elle tourne Iran, L’Utopie en marche sur les lendemains de la Révolution iranienne, qui reçoit plusieurs prix internationaux. En 1998, elle se rend au Vietnam et réalise un documentaire intitulé La Dame de Saigon, qui reçoit le prix du meilleur documentaire français par le Sénat français. Il est diffusé sur France 2, et dans de nombreux festivals internationaux.
En moins de trente ans, Jocelyne Saab réalise un total de trente documentaires, qui reçoivent plusieurs prix dans les festivals Européens et internationaux. Cependant, sa filmographie ne se limite pas au documentaire : en 1981, Jocelyne Saab a l’opportunité de se tourner vers la fiction en tant qu’assistante de réalisation de Volker Schlöndorff sur son film tourné à Beyrouth pendant la guerre, intitulé Le Faussaire. En 1985 elle réalise elle-même son premier long métrage Adolescente sucre d’amour (Une vie suspendue) sélectionné à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs la même année. Il sort dans trois salles à Paris.
En 1994, elle dédie un docu-fiction, Il était une fois Beyrouth : histoire d’une star, composé essentiellement d’images d’archives et de rushs d’anciens films sur Beyrouth, à l’anniversaire de cent ans de cinéma. Il est diffusé sur ARTE. En 2005, en raison du scandale provoqué par son film Dunia, produit par Catherine Dussart et tourné en Égypte sur le thème du plaisir, elle est condamnée à mort par les fondamentalistes égyptiens. Le film est cependant primé dans de très nombreux festivals internationaux, et se trouve notamment en compétition long métrage au Festival de Sundance, aux États-Unis. Cinq ans plus tard, Dunia est devenu un film culte dans le monde arabe. Après Dunia, elle réalise une installation vidéo sur la guerre de 2006 au Musée National de Singapour intitulé Strange Games and Bridges. C’est son tournant dans l’art contemporain. Elle réalise ensuite des séries photographiques et des vidéos, notamment la série Café du genre pour le MuCEM (2013). Entre 2013 et 2018, elle travaille à deux projets de longs-métrages qui ne voient pas le jour mais crée le Festival international de Film de Résistance culturelle à travers 5 villes du Liban. Elle a à la fin de sa vie réalisé une dernière série de photographies, One Dollar a Day et plusieurs vidéos d’art : One Dollar a Day et Imaginary Postcard en 2016, et My Name is Mei Shigenobu en 2018.
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