Mercredi 30 avril 2025 · 18h30


Silence, on sème

de Pilar Arcila | 2024 | France | 28 min

« Ce film a été réalisé pendant l’hiver 2023 dans le cadre d’une résidence au Studio Image et mouvement de la SAS (structure d’accompagnement à la sortie) de la prison des Baumettes. J’ai proposé aux personnes détenues de travailler ensemble sur un objet cinématographique tourné autour du dialogue entre réel et fiction.
Nous nous rencontrons face au film Close up d’Abbas Kiarostami. Dans ce film, il y a une personne qui rêve de « devenir quelqu’un » et d’échapper à sa condition sociale. Il est prêt à tout pour ça, de s’inventer un personnage à usurper une identité. Il choisit d’être réalisateur, c’est-à-dire celui qui ordonne le réel et qui distribue les rôles.
Poursuivant notre rencontre sur le terrain du casting pour un film dont on ne connaît pas le scénario, nous nous demandons quels rôles pouvons-nous jouer et quels personnages voudrions-nous incarner ? L’idée était d’essayer d’échapper aux rôles auxquels les participants sont assignés ou auxquels ils s’auto-cantonnent. Chacun s’invente alors face à un écran blanc que nous avons peint avec l’envie de pouvoir s’y projeter dans tous les sens du terme et que cet écran ne soit pas qu’un miroir, mais aussi une fenêtre.
Mais on ne peut pas tout dire en prison, vis-à-vis des co-détenus comme de l’administration. On ne peut pas se livrer, chacun est toujours en train de jouer un rôle pour se protéger. Alors, comment dépasser ces enjeux permanents de représentation ? Comment faire advenir un « je » délesté des regards et des oreilles des autres ?
Comment provoquer une rencontre inattendue avec celles et ceux qui nous regarderont, de l’autre côté de l’écran ?
En attendant cette rencontre, nous nous échappons comme nous pouvons, ne serait-ce qu’en allant au jardin potager de la prison, ce petit lieu de vie et de travail où l’on peut s’autoriser à s’émerveiller. »

Pilar Arcila

Pilar Arcila

Pilar Arcila vit et travaille à Marseille. Après des études de psychologie en Colombie, elle se forme à la photo à l’ENSP d’Arles. Elle s’intéresse au cinéma documentaire et réalise plusieurs court-métrages avant de signer en 2007, son premier documentaire Au fil du son. En 2013, elle termine un long métrage documentaire consacré au périple européen d’une famille rom de Roumanie, Le pendule de Costel. En 2010, elle fonde avec Jean-Marc Lamoure, Ab Joy Productions, pour développer un large spectre de projets questionnant les frontières du documentaire comme celles de nos réalités sociales et politiques. Elle anime en parallèle des créations partagées (photo et cinéma) en milieux psychiatrique et scolaire. Elle coréalise avec Jean-Marc Lamoure le documentaire « Du monde aux portes » sorti en 2024.

Lieux Fictifs et le projet au Studio Image en Mouvement – SAS des Baumettes

En 2018, Lieux Fictifs crée avec l’Administration Pénitentiaire un lieu permanent dédié à la formation, mais aussi à la création et à la diffusion du cinéma le Studio Image et mouvement à la Structure d’Accompagnement à la Sortie des Baumettes. Cet équipement se constitue d’une salle de cinéma de 50 places, ouverte aux personnes détenues mais également à la société civile, et de 200m2 aménagés en plateau de tournage, salles de montage et d’enregistrement son. Il accueille majoritairement des jeunes détenus de moins de 30 ans en fin de peine, issus de la région. En prenant appui sur le Studio Image et Mouvement et sur un réseau d’acteurs de la filière cinéma de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur avec lesquels l’association a déjà noué des relations de travail solides, Lieux Fictifs poursuit son objectif d’accompagner – à travers le cinéma et la création – les jeunes sous-main de justice dans une dynamique de mixité culturelle, sociale et générationnelle et dans la construction d’une pensée et d’un regard renouvelé sur elle-même et sur le monde.
Inauguré en novembre 2019, cet équipement culturel unique en France place le cinéma au cœur de la rencontre et de la transformation des regards, dedans-dehors. 
Caroline Caccavale
Le Studio Image et mouvement est soutenu par la Direction de l’Administration Pénitentiaire, la Direction Régionale des Affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance, le Conseil régional Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil départemental des Bouches-du- Rhône, la Ville de Marseille, la Fondation de France et le CNC.

Lieux Fictifs

 

La résidence Walden

La résidence Walden initiée par le Cnap et accueillie par Lieux Fictifs au Studio Image et mouvement – SAS des Baumettes propose un modèle d’atelier d’écriture et de production structuré en plusieurs étapes d’accompagnement à la recherche et à l’écriture. Placé sous l’égide intellectuelle du récit de Henry David Thoreau, qui écrivit Walden en 1854, au cours de deux années de solitude passées dans sa cabane en pleine nature, l’atelier pourrait être le lieu d’élaboration de pensées, d’observations de spéculations sur le cinéma documentaire en devenir, pour une pensée des écritures documentaires toujours à produire. L’expérimentation d’une écriture cinématographique deviendrait ici une expérience partagée : à partir d’un projet personnel en cours, l’artiste invité pourrait accompagner les détenus dans la réalisation d’un court-métrage.
Pascale Cassagnau

Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Entrée libre


Les séances Résidence Walden / Cnap – Lieux Fictifs

 

 

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