Édito

 

Construire, détruire, découper, rebâtir, c’est la vie d’une ville sans cesse remaniée par la main de l’homme. Exceptionnellement cela peut être la performance filmée d’un artiste : Gordon Matta Clark fouille la structure du bâti pour en exhumer le squelette, le découpe pour laisser transparaître le dehors, exhume les entrailles de son dedans. C’est l’unité, la brique urbaine qui est mise à nu. Dominic Angerame filme des ensembles urbains en état de construction ou de démolition, des pans de ville en transformation. Mais c’est aussi à partir de son support que le cinéaste peut reconstruire la ville ou faire apparaître des espaces urbains recréés. Jan Peters emboîte des espaces de rues, ouverts, et de bâtiments, fermés, dans des bandes rectangulaires à l’infini où les lignes viennent se briser les unes contre les autres. Gerd Gockell photographie un quartier de Londres. Ces vues tronçonnées par l’appareil photo sont reconstituées, juxtaposées ou décalées par l’appareil cinématographique. Paul Winkler transforme Sydney en un enchevêtrement de zones d’images en mouvement, créant des modèles géométriques ou des tourbillonnements incessants de gens ou de voitures.


Conical Intersect de Gordon Matta Clark

1975 | États-Unis| 19 min

« La vidéo comme trace, la trace comme œuvre » Gordon Matta Clark

Conical Intersect, la contribution de Matta-Clark à la Biennale de Paris de 1975, manifestait sa critique de l’embourgeoisement urbain sous la forme d’une incision radicale à travers deux bâtiments adjacents du XVIIe siècle destinés à la démolition près du très contesté Centre Georges Pompidou, alors en construction. Pour cet antimonument, ou « nonument », qui contemple la poétique de la ruine civique, Matta-Clark a percé un trou en forme de tornade qui se rétrécit en spirale à un angle de 45 degrés pour sortir par le toit. Tel un périscope, le vide offrait aux passants une vue sur les squelettes internes des bâtiments.

« Gordon Matta-Clark est un architecte de la destruction, qui découpe, démolit, éventre des bâtiments, dans Manhattan et le Bronx ou à Beaubourg. On sait son rejet de Le Corbusier, on connait son refus d’une architecture dominatrice, on sait son utilisation du terme « anarchitecte » (joli jeu de mots, mais le concept en reste bien flou ; à noter que ses parents fréquentaient déjà un anartiste, d’ailleurs époux de sa marraine). On connait son vandalisme architectural, hors de toute règle, sa découverte des vides, des abîmes, des marges, d’un envers architectural qu’il révèle par ses actions. Cette rébellion contre le pouvoir de l’architecte est aussi une rébellion contre l’histoire, contre le vécu du bâti : à Paris, il éventre deux immeubles du XVIIe siècle avec délectation, cependant que s’élève à côté la modernité pompidolienne, renouvellement urbain que son travail semble célébrer. »

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The Soul of Things de Dominic Angerame

2010 | États-Unis | 15 min

Une ode au genre de la symphonie urbaine, une composition en clair-obscur d’une construction massive en treillis à San Francisco, vue à travers un œil cinématographique omniscient. Le film transmet un sentiment de perte de l’histoire, de la connaissance et des manières de voir et de faire.

Né en 1949 à New York. Vit, enseigne et travaille à San Francisco.
 Depuis 1969, Dominic Angerame a réalisé plus de vingt-cinq films projetés et récompensés dans divers festivals cinématographiques à travers le monde. Deux « Cine Probe » Series du Museum of Modern Art de New York lui ont été consacrées en 1993 et en 1998. Angerame enseigne la réalisation, la cinématographie et la critique à Berkeley-Université de Californie et au San Francisco Art Institute. Il est également intervenu comme professeur et artiste associé dans de nombreuses institutions parmi lesquelles l’Université de Stanford et l’École de l’Art Institute de Chicago. Il dirige depuis vingt ans Canyon Cinema, qui est devenu sous son impulsion un des distributeurs de films avant-gardistes et expérimentaux les plus renommés du monde. Il y a trois ans, il a organisé pour le San Francisco Museum of Modern Art une présentation de quatorze films retraçant l’évolution du cinéma d’avant-garde à San Francisco depuis 1939. Son œuvre, très influencée par ce cinéma, notamment celui des années 1920 et 1930, explore le cycle de destruction et de construction imposé par l’homme à son environnement urbain, en perpétuel changement.


Nichtssehen, nichtssehen de Jan Peters

1993 | Allemagne | 6 min

« Prenant un vif intérêt à l’acte de voir avec mes yeux et à celui de filmer avec ma caméra, j’en déduis qu’on ne voit pas, qu’on ne voit pas ce que quelqu’un ne voit pas. » Jan Peters

Jan Peters est né en 1966 à Hannovre (Allemagne), il a étudié à l’École des Beaux-Arts de Hambourg, en 1994 il a foundé la production Abbildungszentrum. Depuis 2008 il vit et travaille à Berlin.


Crofton Road de Gerd Gockel

1990 | Allemagne | 5 min

Une rue, des maisons, des couloirs de métro. Atmosphère d’un quartier de Londres. La caméra reconstitue des mouvements que l’appareil photo avait d’abord tronçonnés.


Urban Space de Paul Winkler

1980 | Australie | 27 min

Paul Winkler est un cinéaste australien né en Allemagne, qui vit et travaille à Syndey. Il s’est associé avec Corinne et Arthur Cantrill, Albie Thoms et David Perry dans les expérimentations australiennes pionnières des années 60.
Winkler caractérise ses films comme une synthèse d’intellect et d’émotion, filtrée à travers la plasticité matériel de la pellicule. J’essaye de laisser venir mes ‘imagines’ à la surface. Ce qu’il appelle ‘imagines’ peut refléter des icônes australiennes comme Bondi Beach, Ayers Rock/Uluru et le Harbour Bridge de Syndey, ou encore des textures comme dans Bark/Rind, Green Canopy and the bush.

En 1973,  » Dark  » s’identifie avec les mouvements des droits fonciers aborigènes, acquérant une spiritualité qui se manifeste aussi dans  » Chants  » et  » Red Churh  ». Plus récemment , ses films prennent comme sujets la société contemporaine (  » Rotation  »,  » Time out for Sport  » et  » Long Shadows  »).
En 1995, le Musée d’Art contemporain et le Sydney Intermedia Network organisent une rétrospective de 30 de ses films. L’année suivante, le Carpenter Center for the Visual Arts et l’université Harvard projettent 30 de ses films durant une rétrospective de 3 jours. Le MoMA détient 15 de ses films dans leur collection.

 


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu.

L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 5€ et valable sur une année civile.


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