Projections Plurielles | Losing Faith de Martha Mechow
LIEU : CINÉMA VIDEODROME 2, MARSEILLE
Losing Faith de Martha Mechow | Autriche, Allemagne | 1h41
En présence de la réalisatrice
En partenariat avec le FIDMarseille et Artistes en exil
Dans le cadre de la troisième édition de Projections Plurielles : Femmes en mouvement
Une initiative de la Métropole Aix-Marseille-Provence
Édito
Les femmes bougent et font bouger les choses de façon plurielle dans leur vie intime, dans les arts, dans la recherche, en politique, dans leurs pratiques professionnelles… Par leurs formidables initiatives et leur combativité auxquelles ce temps cinématographique souhaite rendre hommage. Le cinéma s’est en effet emparé de trajectoires individuelles et collectives et en écrit les histoires tout en interrogeant le chemin qu’il nous reste à parcourir. Faire exister ce cinéma sur nos écrans est aussi faire exister ces trajectoires.
Cette édition de Projections Plurielles offre à nouveau l’occasion d’engager le débat, en présence de cinéastes et de chercheur·euse·s, pour construire une réflexion de nature à identifier, nommer et combattre les causes profondes des situations de violence, d’inégalités, de souffrance mais aussi d’éprouver des espaces de solidarité, d’inventivité ou de complicité sociale et de mettre en circulation les puissances d’agir.
Un intérieur ordinaire, une enfant de quelques années et un bébé. Une mère profite de quelques instants de répit quand sa fille l’appelle soudain avec insistance. La voilà qui se volatilise, littéralement engloutie par le canapé sur lequel elle est allongée. La scène inaugurale donne le ton, avec l’humour irrévérencieux que secrète la mise en scène électrique de Martha Mechow. La maternité est-elle une punition ? La servitude à laquelle se soumettent les femmes et le cœur du sempiternel « nœud hétérosexuel », ainsi nommé dans ce film joueur et frondeur ? Losing Faith se déplie comme un bildungsroman animé de la fantaisie du conte. Flippa en est le personnage principal. Sa mère a disparu. La voilà sur les routes qui la mènent jusqu’à sa sœur, Furia, et les sorcières-mères de Barranconi en Sardaigne. « Crois tu que c’est pour cette raison que maman est partie ? Car elle ne voulait en aucun cas nous transmettre les règles d’un monde qui nous vole notre liberté ? » Entre l’analyse acérée de Persuasion de Jane Austen, les coups de tronçonneuse dans les symboles de la chrétienté, les vues matérialistes quant à l’exploitation des femmes, Losing Faith est une bouffée d’air et ne craint ni le débordement ni la vitalité insolente de ses actrices. Mu par un esprit de communauté, ses embardées performatives et théâtrales libèrent le récit de toute rigidité théorique et narrative et brouillent les contours de la fiction. « Il n’y a aucun plan ; que des possibilités qu’il faut tester. C’est en les éliminant que s’écrit l’histoire. » rappelle une des sorcières. Tel va le film, sans filet, aventurier, profondément libre.