This Film Should not Exist
Documentaire de Gisella Albertini, Nicolas Drolc et Massimo Scocca, 1995-2020, Italie-France, 1h35, VOSTFR
Film soutenu par Images en Bibliothèque [Catalogue 2021]
Si l’on doit se souvenir des Country Teasers, et on le doit, on en gardera tout d’abord l’image d’un chapeau et d’une paire de grosses lunettes posés sur un freluquet en costume. Si l’on veut être plus sérieux, on en gardera à l’oreille une collection de chansons magnifiques, de pure country music travestie en garage rock iconoclaste, heurté et dissonant. Et la scandaleuse qualité d’écriture des textes, où la cruauté se dispute à la délicatesse, une littérature choquante parfaitement ciselée. On se souviendra surtout de Ben Wallers, l’auteur de ces chansons. This Film Should not Exist agit tel un braquage de banque : on croit regarder un film cochant toutes les cases du documentaire rock – images d’archives de la tournée 1995, aux côtés de The Oblivians et sous la bénédiction du label Crypt, récits de vie, retours amers sur itinéraires, etc. – puis, à mi-chemin et avec un rictus délicatement appuyé, l’objet nous emmène ailleurs pour nous perdre en forêt. En cela il épouse certainement le parcours artistique de Ben Wallers, personnage central du documentaire.
This Film Should not Exist / Bande-annonce
« Dans This Film Should not Exist, on prétexte de suivre les Country Teasers, génial groupe obscur des 90’s, pour finalement descendre dans les tréfonds de la mélancolie tonitruante. Un grand film, actuellement en festivals, de Gisella Albertini, Massimo Scocca et Nicolas Drolc.
Ça commence par du fracas, et encore du fracas, du son, de l’incroyable son, grungy à la monsieur Jourdain (les Country Teasers, dont il est question ici, vivaient en ces années 1990 sur leur île écossaise, à Edimbourg, fort loin de Seattle, et se moquaient bien des vertes vallées de la côte pacifique US), et ça se poursuit par des images pourries, et encore du boucan, et de l’ambiance bière-riff. On se dit, un documentaire sur le rock should not be comme ça, plus maintenant, plus aujourd’hui — images éculées, boum-tchack déjà vu, essoré. Et puis, si. Heureusement qu’il existe, ce Film Should not Exist. Il est même la quintessence du rock ’n’ roll, bazar et mélancolie, nostalgie et tonitruances. Foutraque, une prise et coup-de-pied-au-cul go go go.
This Film Should not Exist retrace la vie à la mort des Country Teasers, plus lumineux groupe obscur des années 1990. Un combo emmené par un type qui faisait (fait) aucun effort pour se rendre frontman, Ben Wallers (même ici, devant la caméra de Gisella Albertini, Massimo Scocca et Nicolas Drolc, Ben fait son Ben, il répond à côté, et on va comprendre que le à côté, c’est la vie même) ; un Ben Waller dont les accords destructurés sonnaient plus punk que toutes les nirvaneries, et dont la voix nasale valait bien celle du Kurt. Les Country Teasers, éminence grise de Crypt Rds (on aperçoit ici, d’ailleurs, l’âme du label, avec moins de cheveux, mais toujours dans la bataille : Tim Warren).
Qui n’a pas pleuré sur le Spiderman In The Flesh des Country Teasers n’a jamais pleuré. Qui n’a pas souri à Life Is A Rehearsal ne connait rien à la vie. Qui n’a jamais écouté Ben et ses Teasers n’a jamais rien entendu d’aussi fou. This Film Should not Exist raconte donc ça : une merveilleuse comptine que personne ne connait, et dont le monde, tout préoccupé à son couvre-feu, se contre-fout. Et plus on avance dans This Film Should not Exist et plus on sonde l’âme de Ben, on voit son copain, l’autre guitariste, Simon Stephens, devenu depuis dramaturge à succès, belle chemise, belle gueule et belle bibliothèque, mais qui reste habité, qui reste sous le charme, à la recherche de son passé, comme nous de nos fantômes ; on voit celui qui est mort, à droite sur la photo, et on découvre Ben aujourd’hui sur son chariot Jardiland. Ben, génie à la Billy Childish et manutentionnaire du rock. C’est d’une infinie beauté tout ça. A pleurer, littéralement. »
David Dufresne
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