Il ne faut jamais jurer de rien, on le savait, et cela nous a été confirmé brutalement tout récemment. Pari pris, notre décision de conduire un festival en salles, avec des films en grandeur nature, avec du son approprié, avec des hôtes venus accompagnés leurs travaux, avec du public pour aller à leur rencontre, au moment où l’on pensait devoir y renoncer et se contenter d’une manifestation en ligne. Premier festival de cinéma post-Covid au monde, a-t-on pu dire. Nous allons faire de notre mieux. Ce sera une version moins peuplée, et d’invitées et d’invités, et de films, mais de qualité sans doute aucun non moindre que par le passé.
Réjouissons-nous, car les propositions fortes ne manqueront pas au rendez-vous.

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Vous trouverez ici le programme du FID Marseille 2020 par jour, par lieu, par film.


10h00 – Séance spéciale Angela Schanelec

Schöne gelbe Farbe, référence au Mépris de Godard, superpose l’histoire lue en voix off d’un colocataire devenu insupportable sur des images de l’appartement vide, puis une porte qui claque comme un coup de feu. Weit entfernt rapporte en noir et blanc une conversation téléphonique entre deux femmes, dont l’une déclare qu’hormis les gens qu’elle aime, elle ne voudrait voir les autres qu’une seule et unique fois. Prag, März 92 commence par une phrase programmatique – « Il n’y a pas d’autre temps que le sien propre » – et enregistre des scènes apparemment anodines dans les rues de la capitale tchèque juste après la chute de l’URSS, commentée par un texte de Bohumil Hrabal. Ich bin den Sommer über in Berlin geblieben s’attache à deux couples qui ont du mal à se faire confiance, et montre un éditeur exigeant de son auteur « plus de volonté de se faire comprendre ».

Déplacements automatiques et bruyants de véhicules parmi lesquels surnagent quelques êtres humains, couleurs vives se détachant furtivement d’atmosphères grises saisies entre jour et nuit, inconnus patientant, bière contre leur joue dans un café ou devant un feu rouge avec main bravache sur la hanche, personnages qui se côtoient sans parvenir à s’entendre : ces quatre courts-métrages plantent le décor des films à venir. (M.H.)

SCHÖNE GELBE FARBE

de Angela Schanelec / Allemagne / 1991 / Couleur / 16 mm / 5’

WEIT ENTFERNT

de Angela Schanelec / Allemagne / 1992 / Noir & blanc / 16 mm / 9’

PRAG, MÄRZ 92

de Angela Schanelec / Allemagne / 1992 / Couleur / 16 mm / 15’

ICH BIN DEN SOMMER ÜBER IN BERLIN GEBLIEBEN

de Angela Schanelec / Allemagne / 1993 / Couleur / 35 mm / 49’


12h30

Toda la luz que podemos ver

de Pablo Escoto Luna / Mexique / 2020 / Couleur / HD / 120’

« Entre Popocatépetl et Ixtaccihuatl, un jour avant la guerre. Maria, contrainte d’épouser un bandit, échappe à son destin et s’évade dans les bois en compagnie d’El Toro. Rosario, amoureuse d’un général assassiné, pleure sur sa tombe creusée aux flancs d’un volcan. Tous sont voués à l’errance et aux erreurs ; tous gravissent, chutent, s’interrogent, tous dérivent jusqu’à se perdre dans la nuit. » C’est de cette belle manière que le jeune cinéaste mexicain Pablo Escoto Luna résume son opus de plus de deux heures. On l’aura compris, son ambition est haute : mélanger le mélodrame à l’épopée, le film d’aventures à la méditation métaphysique. Force est de reconnaître la puissance de cette vision singulière qui nous guide à pas comptés de place en place, de tableau en tableau, tous d’une beauté superbement maîtrisée. Mais ce que le film dévoile dans sa marche au long cours, c’est que davantage encore que les récits qui s’y entremêlent, davantage que les acteurs qui, tantôt hiératiques à porter les intrigues, tantôt animés de la plus grande liesse (magnifique scène où le fameux Gabino Rodriguez dévale une colline), c’est le paysage qui se dresse en principal protagoniste. Ce sont les montagnes, les couleurs de la végétation, l’éclat de ces cieux impressionnants. Le paysage, dit autrement : le pays. Ode au Mexique, et à cette lumière qu’il est possible de voir et qui, surtout, rend le possible à lui-même, voilà qui ose renouer avec cette tradition de ce qui s’appelle un grand film. (J.-P.R.)


15h30

Barrage d’arrêt fixe et fermé au niveau du carrefour Hamdalaye

de Thomas Bauer / France, Guinée / 2020 / Couleur / HD / 70’

Conakry, Guinée. Le 28 septembre 2009, lors du premier tour des présidentielles, la garde prétorienne d’élite se livre à un massacre dans le Stade du 28 septembre. 2010, à la veille du second tour, dans un contexte tendu, de nombreuses exactions sont commises, notamment dans les faubourgs, à Hamdalaye. 2018, Thomas Bauer y rencontre un groupe de jeunes plaignants. Et cette petite troupe d’organiser des répétitions afin de se préparer à un hypothétique procès. Juger, enquêter ? L’enjeu ici est autre : comment dire l’Histoire, ses faux semblants. Ce sera d’abord une terrasse couverte transformée en une scène dont ils sont les seuls acteurs et spectateurs. Faux huis-clos, la ville visible en contre-bas. Il faut reprendre, ajuster, trouver les mots, s’adapter à la rhétorique judiciaire en français : « il ne faut pas..», « tu dois…». Cette troupe de circonstance se prête au jeu d’inscrire du commun, comme le suggèrent ces lignes tracées au mur, à la manière d’une portée dans l’attente d’une partition. Dans ce décor de fortune, un drap blanc agité par le vent, quelques costumes en contrepoint aux uniformes militaires – casquettes, barrettes – atours pour d’autres jeux, d’autres rôles. Question de régime de représentation, et mouvement de vrille, ce procès de fiction ouvre sur un pas de deux de l’Histoire. Alors que dehors, en forme de contre champ et de réminiscence, surgissent là le stade, ici une troupe d’improbables chanteuses, le Palais du peuple déserté, et que restent en mémoire la présence d’ONG évoquées au détour des répétitions, ou ce dénommé De Gaulle sans cesse invoqué. Se devinent alors d’autres jeux et emboîtements souterrains. Où le procès de substitution qui prend corps sous nos yeux renvoie en miroir à d’autres théâtres politiques et laisse poindre d’autres nouages. (N.F.)


17h30

Deja que las luces se alejen

de Javier Favot / Argentine, Uruguay / 2020 / Couleur / HD, Stereo / 67’

Rapa vit seul depuis des années dans une cabane perdue dans la montagne, au milieu de la forêt. Javier Favot, ami d’adolescence, passe des mois à filmer, seul, la vie sauvage de Rapa. Une attention intensifiée s’allume au frottement de ces deux solitudes. Attention, d’abord, aux objets, matières et gestes du quotidien, exhaussés par des plans dont la picturalité décadrée traque la beauté dans le détail. Attention ensuite à l’étoffe du présent, du temps qui passe, puis ne passe plus, bloqué par la remontée du souvenir. Dans le sillage de son ami, le cinéaste fait une expérience anti-proustienne : ce qui s’éprouve n’est pas la résurrection du passé à la faveur des sensations qui le rappellent, mais le retour d’un temps perdu qui vient hanter le présent, affecter et changer la perception solitaire du monde. Le creuset de cette expérience est une photographie : le portrait de groupe d’une bande d’amis sur le seuil d’une maison. Bonheur partagé, paradis perdu dont l’image fixe sécrète un charme qui entraîne le film dans une dérive nocturne zébrée d’apparitions : un cheval borgne, un incendie dans la montagne, l’atmosphere de Joy Division non comme musique du paradis, mais comme bande-son de sa perte. « Don’t walk away in silence », chante Ian Curtis. Si la bande-image du bonheur finit par revenir, l’éclat silencieux des sourires et des regards n’annonce aucune retrouvaille. Let the lights move away, le conseil est à double sens : accepte la face nocturne du présent, laisse s’éloigner les lueurs du temps perdu. (C.N.)


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