Regard original posé sur la guerre, Hotel Machine d’ Emanuel Licha est une réflexion sur la représentation des conflits, construite à partir de leur lieu original de production. L’ «hôtel de guerre » est le lieu depuis lequel le conflit est observé, analysé, discuté et montré, jouant ainsi un rôle actif dans notre perception des événements. La séance sera accompagnée par Nicolas Bole et François Waledisch, ingénieur du son de Hotel Machine.
Dans le cadre de ce rendez-vous autour du documentaire de création, nous aurons soumis à votre regard Comme des lions de Françoise Davisse, In Limbo d’Antoine Viviani ou encore Zona Franca de Georgi Lazarevski, Des Lois et des Hommes de Loïc Jourdain. Ce programme bénéficie du soutien d’ARTE Actions Culturelles.
Hotel Machine
d’Emanuel Licha – 2007, France, 1h07, VOstFR
En présence de François Waledisch, ingénieur du son de Hotel Machine
De quel point de vue les guerres contemporaines sont-elles vues, analysées, représentées ? Hotel machine répond de manière très concrète : elles le sont d’abord depuis de grands hôtels, Mayflower ou Commodore à Beyrouth, Holiday Inn à Sarajevo, Al Deira à Gaza… Ces « bunkers » qui abritent la presse internationale prennent une importance stratégique, ne serait-ce que parce qu’observer la guerre implique de s’en protéger. Le dispositif du film, proche de l’installation, retransmet des témoignages de correspondants de guerre dans les lieux où ils ont couvert des événements – une mise en scène qui laisse aussi place à l’absence, comme celle, remémorée par deux employés, de journalistes morts depuis. Militaires, presse, chauffeurs, humanitaires, « fixeurs »… Les grands halls sont des lieux de passage, la circulation routinière du personnel y masquant de plus inquiétantes allées et venues. Chacun devient une source potentielle d’information et le positionnement d’un caméraman au balcon s’approche de celui des snipers environnants. C’est de cette confusion, dangereuse mais sans doute électrisante, que s’inspire le montage extrêmement original d’Hotel machine, qui croise avec une fluidité étonnante les différents hôtels. Il dégage ainsi la structure d’une mécanique universelle, avant une splendide échappée finale.
Charlotte Garson
CHAMBRE AVEC VUE, une critique de Gaëlle Rilliard pour Hors Champ 2016, Lussas
Un hôtel de luxe, au milieu du désastre, à Kiev, Sarajevo ou Gaza. Silence feutré, surfaces immaculées: une bulle d’artificialité protégée des combats. De là, militaires, humanitaires, journalistes, politiques gèrent et observent le conflit. De là, les reporters filment la rue en plongée pour le direct de Vingt-heures. Hotel Machine explore les arcanes de cette matrice hôtelière.
Formé à la géographie et aux arts visuels, Emanuel Licha a réalisé de nombreuses installations sur le « war tourism », puis une série photographique sur les hôtels de guerre. Dans Hotel Machine, il filme ces lieux, désertés après le drame, dans toute leur froideur et leur implacabilité. Les surfaces brillantes sont réastiquées, les alignements géométriques sans cesse réajustés. Le silence, tout juste inquiété d’un léger bourdonnement, est parfois envahi par des bips de portables démesurés, une musique échappée d’une porte, le tintement régulier des verres. Ces ambiances rappellent les gros plans sonores de Jacques Tati dans Playtime, où les machines mettent les hommes à leur rythme.
Emanuel Licha met au premier plan du film ceux qui restent: les employés de l’hôtel, puisque les journalistes sont déjà loin. De ces derniers, nous ne verrons qu’un portrait en creux, par le truchement d’un petit écran de portable ou de la radio. On redoute d’ailleurs la mort de certains d’entre eux, lorsque l’un de leurs fixeurs (qui servent de guides sur place) classe ses cartes de visites en deux colonnes.
Mais s’ils se côtoient le temps d’un conflit, employés et journalistes en ont deux perceptions bien différentes. Les ouvriers racontent comment ils font fonctionner les ascenseurs malgré les coupures d’électricité, alors qu’un journaliste « adore » les hôtels de guerre. Les serveurs se rappellent les étrangers commandant du poisson frais sous les bombes, alors que les lingères ramènent de la nourriture à leur famille grâce aux réserves des cuisines.
Comme ces souvenirs de coulisses, la bande sonore nous ramène à l’époque de la guerre. Elle fait entendre les échos des combats qui, à l’intérieur de ces murs hermétiques, parviennent à peine aux oreilles. A l’arrière d’un hall étrangement calme, les télévisions font défiler des scènes de panique.
Le paradoxe entre le détachement que l’on ressent à l’intérieur de l’hôtel et l’urgence qui sévit dehors interroge sur la représentation journalistique de la guerre. Derrière le chambranle d’une fenêtre, nous commençons à observer l’extérieur.« Que voit-on ? » demande un présentateur télé à son correspondant. S’il s’agit de voir, il suffit de se poster au balcon d’une chambre, suffisamment en hauteur, et de commenter les sons et les lumières des tirs avec en arrière-plan la ville. Un journaliste se rappelle avec émotion le crash d’avion qu’il a eu la « chance » de photographier de l’intérieur de sa chambre. Le décalage est total.
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