Mardi 29 octobre 2024 · 21h00
Édito
La lumière diaphane du Nord, ses brumes, sa lande déserte tourmentée par les vents étirant les nuages, ont inspiré les cinéastes qui s’y sont engloutis avec délice. Les ports blancs du bout du monde, les géants de l’Europe du Nord ou des mégapoles d’Amérique ont fait danser les caméras fascinées par le ciel blafard absorbé dans l’eau noire.
Robert Cahen s’élance dans le grand nord recouvert de neige d’où émergent de ces espaces glacés des cabanes de bois rouge. Samuel Bester erre dans la douceur blême des côtes herbeuses fouettées par les vents et baignées par la mer du Nord, sombre et houleuse.
Christophe Guérin et Anne-Marie Cornu structurent les ports qu’ils filment (Le Havre et Rotterdam) par les rythmes qu’ils impulsent : traveling avant endiablé pour l’un, panoramique glissant, filmé par trois caméras pour l’autre. Quant à Michael Snow il offre au spectateur une vue renversante de Toronto.
Voyage d’hiver
de Robert Cahen | 1993 | France | 18 min
De «cela a été» à « y sommes-nous allés ? » l’Antarctique abordé, observé, scruté, analysé, déplacé. Des questions sur la lecture du paysage, la lecture du mouvement : un voyage de la mémoire, au ralenti, comme « pour avoir le temps de savoir enfin » (Roland Barthes).
Kumm Weer
de Samuel Bester | 2001 | Allemagne | 16 min
Kumm Weer signifie « reviens » en dialecte frison d’Allemagne du nord. Il s’agit dans ce quatrième film sur l’île de Sylt, d’évoquer la fragilité de la terre en lutte contre les éléments naturels qui emportent chaque année un peu plus de cette île en sursis. Ce paysage est malmené par le temps qui sans cesse transforme ses formes et ses frontières entre l’eau, le ciel et la terre. A ce retour de l’homme sur ces terres s’oppose invariablement sa capacité à résister aux éléments qui l’en chasse.
Le Havre : port
de Christophe Guérin | 2008 | France | 6 min
L’objectif de la caméra saisit le port du Havre au cours d’un trajet chaotique, une course dont le rythme est donné par le procédé de prise de vue, image par image. Le film directement monté dans la caméra prend alors la forme d’un travelling avant, soumis à un jump-cut continu qui impose son allure effrénée. Bassins, quais, entrepôts, grues, tracteurs, architecture de conteneurs et hommes au travail, ruines présentes et futures défilent tels des impressions fugitives.
Rotterdam
de Anne-Marie Cornu | 1999 | Pays-Bas | 10 min
Intervention conçue lors d’une résidence à Studio Een en Hollande, à partir de prises de vues recueillies à Rotterdam à l’aide d’un dispositif particulier : sur un disque métallique posé sur un pied sont fixées trois caméras orientées dans trois directions (à 120° l’une de l’autre). Le tournage débute par une phase complètement statique, (les trois caméras sont immobiles). Puis le disque est débloqué, il se met en mouvement soit à cause du vent, soit par une impulsion donnée sur le bord du disque. Les trois films sont restitués sur trois écrans courbes posés au sol. Ce principe d’intervention est réactualisé à l’occasion de voyage ou d’invitation. Il a été activé à Barcelone et à Turin.
Cityscape
de Michael Snow | 2019 | Canada | 9 min
“Cityscape fait partie de ma famille d’œuvres traitant du mouvement de la caméra, y compris « La Région Centrale » (1971). Cette fois, au lieu d’un film de paysage, vaste et non peuplé, j’ai voulu regarder ma propre ville d’un point de vue plus linéaire. Dans Cityscape, les mouvements de caméra activent la ligne d’horizon de la ville. La bande sonore est construite sur le break de batterie “Amen Brother”, élément central de la Drum & Bass et du Hip Hop, qui exprime l’énergie de la ville. Le son utilise la vitesse de lecture comme élément de composition, en synchronisation rythmique avec les mouvements de la caméra.”
Michael Snow
Informations pratiques
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