Édito

 

Ah, l’éternel problème de la différence… Plus on avance dans le temps et plus on pourrait imaginer que les différences entre les gens causeraient moins de dissonances entre nous. Comme si la société pouvait arriver à atteindre une forme de maturité avec l’âge. Et pourtant, s’il y a une chose qu’il semble difficile de pouvoir changer, c’est bien l’acceptation de ce qui est différent, de nous, ou du reste, ou de la majorité. Les normes et le “comme il faut” restent incontournables. La société fait bloc et il y a toujours eu et semble-t-il aura toujours les “marginaux”, ceux qui sortent du moule, ne rentrent pas dans les clous, et sont pour cela ostracisés. 

C’est assez fascinant de voir comment ces outsiders sont rejetés et maltraités par le monde comme il va, tout en étant dans les histoires et au cinéma des personnages adulés et célébrés. Je voudrais embrasser avec ce programme ces outcasts, ces underdogs, souvent freaks irrésistibles devant la caméra conquise, mais aussi parfois haïs comme des monstres incompréhensibles – qu’ils seront parfois, à moins que…? 

Ce programme va surtout se pencher sur des films assez méconnus du grand public, découvrir des êtres hauts en couleurs perdus dans les marges du système, mais je n’oublie pas – avec le même regard étonné – que ce phénomène a lieu dans le cinéma mainstream, avec ces personnages qui ne tiendraient pas une minute dans notre société, mais soulèvent pourtant l’affection et les applaudissements du public qui fait pourtant souvent corps avec les normes sociétales.

I mean, superheroes are all freaks, c’mon!

Kalyane de Eyes of Mars

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Locataires (Bin-jip)

de Kim Ki-duk | 2004 | Corée du Sud | 1h30 | Vostfr

Projection en pellicule 35MM

Un jeune garçon, Tae-suk, s’installe dans des appartements pendant l’absence de leurs occupants. Il y découvre un jour une femme battue, Sun-houa. Ils partent en silence habiter les maisons vides, duo fragile dans lequel chacun est le fantôme de l’autre.

« Tae-suk se glisse dans les pas du gardien de prison lorsqu’il entre dans sa cellule. Il le suit de très près en épousant ses mouvements, complètement dissimulé derrière l’homme. Il est caché dans l’ombre du gardien qui le cherche en vain. C’est une chorégraphie improvisée mais parfaitement rodée, même s’il n’y a qu’un seul danseur conscient. Tae-suk a perfectionné l’art de la discrétion. Il a l’habitude d’être derrière les autres. Il erre sur sa moto et ne vit nulle part et partout. Il entre par effraction dans des logements vidés de leurs locataires, absents pour les vacances ou autre voyage. Il s’imprègne de leurs vies. Il a établi un rituel sans nom propre à lui seul et aux absents à leur insu ; il répare méticuleusement les petites choses défectueuses du logement. Il fait la lessive des habitants à la main, agenouillé au sol. Écoute leurs voix sur le message de la boîte vocale. Chaque détail compte.  L’application et le soin qu’il porte à cette série ritualistique de tâches domestiques relèvent de la poésie, presque du sublime et du sacré. Il se prend en photo avec les photos de famille au mur et ce sera, jusqu’à un point précis, le seul souvenir matériel qu’il emportera avant de s’effacer et repartir sans bruit en refermant la porte. Silence. Ce n’est pas un film muet, mais un film sans paroles. Tout se passe dans le dos des absents, mais pas sur leur dos. Tae-suk est généreux. Un jour, il tombe évidemment sur un logement occupé. Il en partira avec un club et une balle de golf et une femme battue par son mari. Le film est une ode à la douceur, au ténu, au lent et au feutré. Tae-Suk et Sun-hwa finiront peut-être bien par atteindre l’apesanteur… »

Kalyane de Eyes of Mars

Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.


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