20h30 Le film est précédé d’une présentation d’Olivier Puech
L’Exorciste (The Exorcist)
de William Friedkin, 1973, 2h12, VOSTFR
L’histoire se déroule à Georgetown dans la banlieue de Washington. L’actrice Chris McNeil est très inquiète pour sa fille Regan, âgée de 13 ans, victime de troubles psychologiques et comportementaux. Elle consulte des cliniciens, neurologues et autres experts qui procèdent à divers examens médicaux sans fournir à Chris de quoi la rassurer ou la convaincre. Dans le même temps, l’état de sa fille empire. Désespérée, elle décide de se tourner vers un prêtre psychiatre, le père Damien Karras, qui lui apprend que sa fille est possédée.
En 1973, à la sortie de L’Exorciste, le public, encore néophyte en matière de film d’horreur, ne s’attend pas à ce qu’il s’apprête à découvrir. Certains spectateurs s’évanouissent, font des crises d’hystérie et des cinémas vont jusqu’à prévoir une assistance médicale. Le film s’ancre ainsi dans l’imaginaire collectif et devient la référence absolue du cinéma de genre. Pourtant L’Exorciste est moins un film d’horreur qu’un film sur le mystère de la foi, traité de façon documentaire avec beaucoup de réalisme et tout un jeu de discussions, de méditations où l’on s’aperçoit que le mal est logé dans une constellation de motifs. Comme dans “Les garçons de la bande” on sent que Friedkin est influencé par le cinéma européen de l’époque. A la sortie de L’Exorciste à Paris, Friedkin rencontra des cinéastes français : H G Clouzot, F Truffaut, C Berry et quelques autres. Il confessa tout ce qu’il leur devait, tout ce qu’il leur avait volé, il alla dans le détail, passant leurs films en revue, scène par scène, expliquant comment il avait adapté leurs trouvailles.
L’empire des lumières de René Magritte
Presque toute l’histoire a lieu à l’intérieur d’une maison, d’une chambre et rien n’en sera soluble dans la réalité extérieure, comme un contraste à prendre au pied de la lettre : le noir des puissances occultes qui s’oppose à la lumière de l’espace public. Friedkin a été visuellement influencé par le tableau de Magritte “L’Empire des lumières” comme on peut le voir sur l’affiche originale du film. Si le film est dérangeant c’est pour sa violence morale, son impression de spleen et d’étouffement due à un savoir faire magistral sur le plan de la photo, du son et du tempo. Les sens du spectateur sont mis à contribution et constamment éprouvés comme un parallèle à ce qui est vécu sur l’écran : l’influence du mal qui oblige les personnages à tester leur foi. Etymologiquement, le diable est celui qui divise, qui désunit, qui détruit… Le corps de Regan est un champ de bataille idéologique et une agression cathartique pour les spectateurs de 1973 car L’Exorciste fait violemment éclater tout ce qui a été refoulé pendant soixante ans de cinéma hollywoodien classique et puritain : la masturbation, les fonctions physiologiques, le langage ordurier. D’après Friedkin “S’il y avait eu une avant première de L’Exorciste, il ne serait jamais sorti. Les gens auraient envoyé des lettres disant : C’est horrible; il y a une petite fille qui se masturbe avec un crucifix, espèce d’enfoiré de juif !”
Olivier Puech
Le programme complet de la rétrospective
Friedkin Connection : une rétrospective
Du mardi 29 janvier
au dimanche 3 février 2019
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