Édito
Ce cycle porté à quatre mains est le fruit d’une conversation qui a mûrit et éclot dans le temps. À l’origine, l’expérience des saisons agricoles, des lectures parcourues, des images et des films partagés. Et, peut-être, un peu de nostalgie aussi – cet état de regret mélancolique d’un monde qu’on n’a pas vécu. De la curiosité pour un mode de vie davantage qu’un métier, qui reste aujourd’hui encore rythmé par les saisons. Une sorte de fascination pour ces femmes et ces hommes pris dans les rouages d’une activité qui ne tolère pas le repos. Certains des films qui sont proposés font mémoire. Ils portent en eux la trace d’un monde qui n’en finit pas de disparaître et qui pourtant perdure et mute. Le geste cinématographique, dont celui de Vittorio De Seta est peut être le plus manifeste, s’est longtemps attaché à enregistrer et restituer ce « monde perdu », comme l’expression d’une urgence à filmer ce qui a été, ce que l’on croit qui est, ce que l’on veut qui soit.
Le Sang des bêtes
de Georges Franju | 1949 | France | 37 min
Un documentaire sur les abattoirs de Vaugirard (15e) et ceux de La Villette (19e) dans les années d’après-guerre, décrivant avec précision l’abattage et le dépeçage des bêtes.
La froide objectivité du commentaire reflète la tranquille conscience professionnelle des bouchers et tempère parfois avec humour la violence des scènes filmées.
Dans ce classique, Franju dépasse le réalisme du reportage en installant une atmosphère poétique, voire fantastique.
Ramboy
de Lucien Roux, Matthias Joulaud | 2022 | Suisse | 30 min
À Achill, une île essentiellement peuplée de brebis. Cian, un jeune adolescent, espère passer les vacances d’été auprès de ses amis. Mais pour Martin, son grand-père, c’est le moment de l’initier aux travaux de la ferme.
« Sur l’île d’Achill peuplée principalement de moutons, tout à l’ouest de la côte irlandaise, Cian tente tant bien que mal de dresser le chien-berger de son grand-père, Martin. D’une scène d’ouverture qui montre l’adolescent luttant contre des animaux désobéissants et un grand-père patient mais ferme, débute l’apprentissage long et rigoureux du travail à la ferme, le temps d’un été qu’il aurait préféré passer avec ses amis. Vêtu en toutes circonstances d’un maillot de foot et de baskets de ville, Cian est confronté à la dureté et l’exigence d’un métier qu’il admire et respecte, mais dans lequel il n’est pas certain de se projeter sur le long terme.
Avec une caméra précise, ainsi que des compositions et couleurs envoûtantes, Matthias Joulaud et Lucien Roux dressent un portrait tendre et captivant de leur protagoniste qui partage en voix-off ses rêves, ses doutes, ses difficultés liés à cette adolescence insulaire, parfois isolée. Un film brillant et onirique sur la transmission intergénérationnelle, dont tout l’enjeu et l’ampleur se lit dans les yeux fiers de Martin quand son petit-fils parvient, enfin, à mener un troupeau. »
– Camille Kaiser – Visions du Réel
Cochon qui s’en dédit
de Jean-Louis Le Tacon | 1979 | France | 37 min
Le film Cochon qui s’en dédit traite du rapport d’un homme à son travail. Celui de Maxime avec son élevage industriel de porcs en système hors sol, qu’il a monté avec un plan de financement alléchant.
Mais, avec le temps, tout ne va pas pour le mieux. Il se débat dans l’univers qu’il contribue malgré lui à créer. Les gestes simples du travail quotidien le ramènent à ses fantasmes, la castration, la mutilation, l’univers concentrationnaire de l’élevage.
Informations pratiques
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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.
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