Vendredi 10 janvier 2025 · 20h00


Édito

 

 

Cette proposition s’inscrit dans le sillage du premier volet du cycle LE VENTRE DE LEUR TERRE porté à 4 mains et donné au VIDEODROME 2 en avril 2024. Chemin faisant, au fil des échanges, un corpus de films hétérogènes s’étoffe et donne lieu à un agencement de façon à permettre un dialogue ouvert entre des formes cinématographiques éclectiques, avec cette fois, comme motif central, la chasse. Marcher dans les pas des chasseurs, les suivre à la trace, pourrait bien nous conduire jusqu’aux bêtes, au monde sauvage qui, toujours, se dérobe à nos yeux, et pour lequel on peut nourrir une étrange nostalgie, celle d’un monde à jamais perdu. Parler de la chasse qui leur est faite, c’est parler aussi des animaux et même peut-être pour eux, « pour » c’est à dire « à la place de »** ces « maîtres silencieux ».***

 

 

* Maurice Merleau-Ponty, La Nature. Notes, Cours de Collège de France, 1956-60
** Gille Deleuze, L’Abécédaire, A pour animal . Entretien réalisé par Claire Parnet, 1988-89
*** Jean-Christophe Bailly . Le Parti pris des animaux . 2013

Lire la suite de l’édito


La Chasse (A Caça)

de Manoel de Oliveira | 1963 | Portugal | 22 min

Avec João Rocha de Almeida, Antonio Rodrigues dos Santos

Deux adolescents, qui voudraient chasser mais sont trop jeunes pour avoir un fusil, parcourent les marais en discutant, se disputent et se séparent. L’un d’eux s’enlise, tandis que l’autre, alerté par les cris, part chercher de l’aide. Une chaîne humaine se met en place pour lui porter secours.
Fable morale teintée de fantastique, dont il semble que le cinéaste, contraint par le pouvoir alors en place au Portugal, ait dû atténuer la noirceur, La Chasse se présente comme un fait réel reconstitué, révélateur de la nature humaine dans sa cruauté. À travers cette parabole de la solidarité,  Manoel De Oliveira offre une critique de la dictature qui gouverne son pays. Et c’est d’ailleurs à la suite de ce film que le gouvernement portugais l’empêche à nouveau de tourner jusqu’en 1971.
De Oliveira fait ici appel à des habitants locaux, qui ne sont pas acteurs. Le film tient une place singulière dans son œuvre, marquant l’aboutissement d’une réflexion sur la prise directe, le prélèvement sur la réalité et ses possibilités poétiques. Il s’inscrit dans le sillage d’Aniki Bòbò (1942), premier long métrage du cinéaste, chronique du quotidien d’enfants des quartiers populaires de Porto – qui annonce le néoréalisme italien.


La Bête lumineuse

de Pierre Perrault | 1982 | Canada | 2h08

Un groupe de citadins opère son retour annuel à la nature, et part s’enforester à la chasse à l’orginal, la bête lumineuse, animal mythique des forêts canadiennes. La chasse à l’orignal, une tradition au Québec, est ici prétexte à fouiller l’âme québécoise et exalter sa parole. Plaisir de se mesurer aux éléments et de connaître ses limites. Expérience de la mort pour exorciser ses peurs et renouer avec la chaîne entière de la vie. C’est pour Perrault l’occasion de filmer ces hommes qui se retrouvent, leurs préparatifs, leurs échanges, l’élaboration de plans de chasse, les heures d’attente et les dynamiques du groupe… Le cinéaste joue de la transposition des mœurs sauvages d’une meute au groupe humain, où très vite les rôles s’établissent et une victime est désignée, qui sera le temps du séjour l’objet des moqueries.
« J’ai pensé à la chasse, parce qu’ils l’habitent comme un sanctuaire, comme un pèlerinage au fond d’eux-mêmes… La chasse qui n’a pas, ici au Québec, le sens qu’elle peut avoir ailleurs. Fête aussi de la parole, et jeu de la vérité… » écrit Perrault, qui, par sa présence attentive à chaque échange, saisit dans cette partie de chasse un scène de théâtre à huis clos.


Informations pratiques

Rejoindre l’événement Facebook

La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 8€ et valable sur une année civile.


Toutes les séances du cycle

 

 

Planifié Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille Carte