En partenariat avec Numéro Zéro
Une Soirée cinéma proposé par le collectif Numéro zéro avec deux films.
Cette soirée s’inspire de l’excellent livre de Olivia Gazalé qui revient de manière très éclairante sur la construction de ce mythe inventé qu’est la virilité. Notre soirée sera ponctuée de quelques lectures de passages de son livre « Le mythe de la virilité, un piège pour les deux sexes ».
Séance en présence de Fabrice Coppin
Dans ces deux films, il est question du modèle de la virilité, soit sous la forme d’un questionnement comme c’est le cas pour le film « La possibilité d’une île », soit parce qu’il répond davantage à des codes sociaux pour ce qui est de « Seule la terre ». Dans cette soirée c’est par le prisme du désir masculin pour d’autres hommes que partira ce questionnement du modèle viril.
Mais cette question de la virilité comme modèle dépasse bien entendu le contexte de l’homosexualité, elle concerne les hommes, femmes en général, hétéros, bi, pédé, trans etc…parce qu’il s’agit d’un modèle dominant.
Dans les films où il est question d’amours masculins et qui ont marqués le public ces dernières années, la virilité comme modèle hétéro-normé s’impose toujours largement. Que ce soit par de simples marqueurs « virils » où bien par l’interprétation des rôles joués par des acteurs ouvertement hétérosexuels. (Le secret de Brokeback mountain de Ang Lee en 2006, Quand on a 17 ans de André Téchiné en 2016, ou plus récemment « Call me by your name » de Lucas Guadagnino en 2018).
La possibilité d’une île
De Fabrice Coppin – 2018, France, 39 min, Production L’Argent / Numéro Zéro / Fabrice Coppin
C’est en commençant à filmer les hommes que j’ai pris conscience de l’impacte qu’avait pu avoir sur moi ce modèle viril tant dans la construction de mon identité d’homme que dans celle de mon désir.
Comment pouvais-je être à la fois fasciné par ce modèle tout en étant pour lui l’anti-modèle absolu ?! C’est à partir de ce constat que j’ai choisi de retourner la caméra sur moi pour questionner mon désir.
Fabrice Coppin
Source : film-documentaire.fr
Seule la terre
De Francis Lee – Angleterre, 2017, 1h44, VOstFR
Johnny, jeune homme qui n’a pas appris à sourire, travaille du matin au soir dans la ferme familiale, paumée dans le paysage aride et froid du Yorkshire. Sa grand-mère et son père, malade et handicapé, comptent sur lui. Seules échappatoires quand il se rend au village : des bitures homériques au pub et des étreintes brutales et honteuses avec des garçons. Un jour, son père engage Gheorghe, un saisonnier roumain, pour l’aider. Le garçon sent poindre en lui une émotion nouvelle à laquelle il va, d’abord, résister…
Source : Télérama
Bande annonce
A PROPOS DE LA VIRILITÉ COMME MODÈLE DOMINANT
La virilité est une construction culturelle.
C’est ce que s’applique à rappeler Olivia Gazalé dans son livre paru en 2018 « Le Mythe de la Virilité ». Mais pas que, ce qu’elle montre c’est la manière dont depuis la Grèce antique jusqu’à nos jours, la virilité s’est imposée comme modèle violent et dominant.
Et pour que celui-ci dure, l’homme a du s’inventer une toute puissance ontologique prenant appuie sur une dévalorisation sans relâche du féminin.
Dès lors, le système viriacal va proposer une conception totalisante du réel, ignorante, ou plutôt négatrice, de l’extraordinaire complexité humaine à l’instar des idéologies les plus totalitaires.
« Sois un homme !
N’est pas tant une invitation à se conformer au devoir de virilité qu’à rejeter passionnément l’effémination. Pourquoi l’expression de la féminité est à ce point perçue comme une déchéance ? Car « s’amolir » comme le disaient les Romains, c’est s’abimer dans la parenté avec les femmes, cette espèce inférieure ».
« Il y a un complexe viril qui est cette inquiétude primordiale de l’homme quant à son identité sexuée, ce sentiment permanent de menace qui le condamne à devoir sans cesse prouver et confirmer, par sa force, son courage et sa vigueur sexuelle, qu’il est bien un homme, autrement dit qu’il n’est ni une femme ni un homosexuel ».
Depuis toujours l’homophobie découle d’une peur viscérale entretenue par cette idée de toute puissance que convoque la virilité. Il ne saurait y avoir une quelconque ambiguité qui pourrait venir remettre en question cette domination basée sur une hyper valorisation du culte de l’homme viril.
Ce que dit Olivia Gazalé c’est que ce modèle « viriliste » qui s’est imposé est d’abord un piège pour l’homme lui-même. Correspondre à ces codes représente le plus souvent une contrainte. Car si la masculinité se différencie naturellement de la féminité, la virilité, elle, s’impose aux hommes comme un devoir qu’il doit sans cesse réaffirmer.
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