Édito
Avec les corpus de films que nous proposons, les spectateurs seront en présence d’un regard, celui de la caméra, qui touche et ressent, traduit et parcourt : un regard capable de nous faire percevoir les caractéristiques spatiales d’un environnement ou d’un artefact architectural, la manière dont il se rapporte aux éléments voisins, sa couleur, le poids et la légèreté, le tissage de ses surfaces, l’air qui y circule, la relation avec l’extérieur, le non construit, le vide, le vert, le ciel. Et le temps : chaque architecture a son temps propre, qui n’est pas celui de l’ère de la construction, mais le temps relatif à l’espace dans lequel l’oeuvre architecturale est placée. Comment le cinéma, art de l’espace, peut donc rendre sensible l’architecture, art du temps ?
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Arabesque for Kenneth Anger de Marie Menken
1961 | 5 min | 16mm
Ces animations de carrelages et d’architectures maures ont été réalisées en guise de remerciement à Kenneth Anger pour m’avoir aidé pendant le tournage d’un autre film en Espagne. Filmé à l’Alhambra pendant une journée.
Film Gaudi de Claudio Caldini
1975 | 6 min
« Quand je suis arrivé à Barcelone pour la première fois, en 1974, j’ai décidé de faire un film sur le parc Guell, conçu par l’architecte Antoni Gaudi. Dans les plans de 1914, j’ai trouvé un film déjà conçu : il suffisait de suivre les trajectoires tracées par Gaudi, de les imaginer comme un labyrinthe, de reproduire la fragmentation des mosaïques à travers une fragmentation similaire de la linéarité temporelle. Au montage, j’ai tâché d’éviter de garder les surgissements de passants. Aucune figure humaine ne devrait venir gêner l’apparition de cette architecture fantastique. Quant à la technique du stop-motion appliquée à la position et aux paramètres de
la caméra, elle restait pertinente pour représenter les ondulations de l’espace du parc. »
Claudio Caldini
Chronique atopique de Pascal Auger
1981 | 7 min | 16mm
Les monuments célestes de la Grèce. Quelques brins d’herbe qui poussent au fronton du Parthénon sur fond de ciel bleu.
Nuestra Señora de Paris de Teo Hernandez
1981-1982 | 22 min | 16mm
Bande son de Jakobois.
« La caméra, emportée par l’agilité et la force imprimées par le bras, est une prolongation phallique. La vibration de l’image, mon rythme convulsif, est un acte sexuel intensifié et amplifié.»
Teo Hernandez
« D’où ce cinéma de montage rapide, à la Mekas, et, bientôt, en 1981 (avec, notamment, Nuestra Señora de Paris ou Parvis Beaubourg), de véritables tourbillons visuels, quasiment abstraits, par lesquels tu rejoignais Stan Brakhage (là encore, je crois, avant d’avoir vu ses films) et, tout simplement, les peintures de l’abstraction lyrique. »
Dominique Noguez
Sans titre 84 de Yann Beauvais
1984 | 14 min | 16mm
Sans titre 84 utilise des photos découpées en bandes verticales, horizontales et diagonales d’un objet hautement valorisé, l’Arc de triomphe de Paris. Chaque photo n’a que peu d’intérêt, elle n’est que le moment d’une série qui se dirige dans deux directions. La sérialisation des photos appelle le temps. La série façonne un temps qui subvertit la photo. Chaque photo des 4 séries (une autour de l’Arc : 24 positions de prises de vues respectant l’inscription au sol d’une étoile à 24 branches, les 3 autres allant vers l’Arc de trois avenues différentes) est banale, standardisée. Le mélange des vues (2 à 2) produit de nouveaux objets qui mettent en place des moments distincts dans la rotation autour de l’Arc.
Ainsi des architectures sont-elles invoquées, convoquées dans leurs restitutions différentielles de l’objet initial. L’objet se perd dans son image deux fois doublée et se reconstitue démembré. À chaque fois que le « cher objet » s’approche au plus près de sa configuration perdue, l’autre réapparaît et heurte de son hétérogénéité la belle homogénéité refusée.
Cross de Christophe Guérin
2014 | 5 min
Cross est une course à travers la ville. C’est aussi l’évocation du croisement des rues du centre-ville du Havre, reconstruit selon une trame orthogonale par Auguste Perret après la table rase de septembre 1944. Cross est un condensé de ce paysage urbain très particulier.
Condensation temporelle : le trajet dans la ville, filmé en discontinu, est restitué par un flux d’images précipité. On ne flâne pas, la visite se fait au pas de course, au risque de la chute.
Azucena Losana de Karl Marx Allee
2015 | 4 min
Un chevauchement des structures monumentales de l’architecture communiste de Berlin Est.
Elements 3 de Tomaž Burlin
2017 | 3 min | 16 mm
Déconstruction d’une architecture-symbole imprégnée d’idéologie fasciste, dans un regard entre fascination et répulsion. Tourné en 8mm et ensuite goflé en 16mm l’image prend des contrastes accrus et un grain presque pictural. La deuxième partie est réalisée en stop-motion à partir de diapositives prises sur le lieu pour permettre plus de liberté dans la déconstruction de l’image.
Informations pratiques
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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme une possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu.
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