Dans le cadre de leur soirée de lancement au vidéodrome, les éditions du typhon présentent leur premier livre Hurry on down. Les vies de Charles Lumley de John Wain.
Pour rendre compte de la vivacité, de l’impertinence et de la lucidité politique de ce roman, les éditions du typhon diffuseront un film en écho à la littérature de l’auteur anglais John Wain. Ce film, c’est « Saturday Night-Sunday Morning » de Karel Reisz. Joyau brut du cinéma anglais des années 50, le film fait plus que nous conter avec esprit les déboires d’un jeune homme en colère, il nous fait vibrer à l’unisson d’une question qui tourmente toutes les générations :
Comment refuser la place que la société nous assigne ?
L’énergie, la rage et le désespoir des sans-voix sont portés par un acteur sans pareil – Albert Finney (de l’Orient express de Sidney Lumet à Big Fish de Tim Burton) – et par une mise en scène dont l’intensité inspirera la Nouvelle Vague. Intensité cinématographique au diapason de celle du livre, c’est pourquoi cette soirée passera de la littérature au cinéma et du cinéma à la littérature pour voir la force que des œuvres égarées peuvent apporter au présent. »
Présentation du premier livre des Editions du Typhon : Hurry on down, les
vies de Charles Lumley de John Wain
Saturday Night – Sunday Morning
de Karel Reisz – Grande-Bretagne, 1960, 1h30, VoSTFR
Ouvrier tourneur dans une usine de Nottingham, Arthur Seaton oublie son travail abrutissant quand arrive le week-end. Là, il partage son temps entre le pub où la bière coule à flots, le lit de son amante Brenda, une femme mariée à l’un de ses collègues et les parties de pêche. Alors qu’il vient de rencontrer une belle jeune fille, Brenda lui annonce qu’elle est enceinte de lui. Cette nouvelle bouleverse le jeune homme qui va devoir se sortir de ce mauvais pas.
Saturday Night and Sunday Morning est un des films manifeste du Free Cinéma anglais, mouvement britannique des sixties équivalent à la Nouvelle Vague française même si plus politiquement engagée que cette dernière. Le phénomène trouve d’ailleurs en partie son origine du côté littéraire puisque certaines de ses préoccupation se retrouvent déjà chez les Angry Young Men, un groupe de jeunes auteurs britanniques apparus durant les années cinquante. Leurs écrits se caractérisaient par la touche authentique et réaliste des milieux prolétaires dépeints, que ce soit les personnages de working class heroes favorisant une écriture au langage simple ou dans les situations issues du quotidien qui leur vaudront également le qualificatif de kitchen sink drama – variation du terme Kitchen Sink Painters attribué aux peintres réalistes anglais des années 40/50. Le film de Karel Reisz adapte donc un des livres les plus culte du mouvement, écrit par Alan Sillitoe (qui en signe également le scénario) en 1958 qui verra un autre de ses écrits transposé dans le cadre du Free Cinéma avec La Solitude du coureur de fond réalisé en 1962 par Tony Richardson (ici producteur). Saturday Night and Sunday Morning, c’est donc aussi et surtout l’histoire d’un jeune homme en colère, cet Arthur incarné avec une fougue et une authenticité peu commune par le jeune Albert Finney qui crève l’écran pour son premier rôle au cinéma. La vie d’Arthur se partage entre les semaines mornes où il ronge son frein à l’usine et le week-end où s’enchaînent les beuveries épiques au pub avec ses amis et où il aligne les conquêtes féminines. Car Arthur a trouvé la solution parfaite pour s’évader de ce Nottingham grisâtre : n’en faire qu’à sa tête en se fichant de tout et de tout le monde. Albert Finney campe ainsi un personnage impulsif et imprévisible dans ses actes comme dans es propos, un gamin espiègle qui n’a aucune envie de grandir comme le montre d’hilarantes scènes où il joue de bien mauvais tours à ses congénères comme placer un rat mort au poste d’une collègue d’usine ou tirer au fusil à plomb dans la fesse d’une voisine récalcitrante.
Saturday Night and Sunday Morning a également un immense impact sur la culture pop anglaise, jamais démentie à ce jour. La chanson des Smiths There is a light that never goes out de l’album The Queen is dead s’inspire d’une phrase de Doreen (I want to go where there’s life and there’s people devenant I want to see people and I want to see life) tandis que le titre du premier album des Arctic Monkeys, Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not (dont la pochette affiche le visage d’un pur lads glandeur clope au bec à la Albert Finney), reprend l’une des répliques cultes d’Arthur. On peut ajouter des titres des Specials et aussi de Madness en 1999 intitulés Saturday Night and Sunday Morning pour mesurer l’appel à l’ailleurs intemporel du classique de Karel Reisz.
Merci à dvdclassik.com pour ce texte de présentation
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