Édito

 

Que signifie voir un film ? Audiodécrire un film, permet de rendre accessible des films aux personnes déficientes visuelles ou aveugles. Mais aussi, et profondément, d’interroger, voire de mettre à plat, ce qui agit du cinéma sur le spectateur.

Assister à une séance d’un film audiodécrit, c’est aussi envisager comment quelqu’un fait effort pour transmettre une oeuvre, pour permettre que l’oeuvre transmette quelque chose à ses spectateurs. Nous sommes ainsi très heureux de proposer des séances de films audiodécrits au Videodrome 2 : l’accès pour tous à notre salle est un de nos axes essentiels de travail.

Les films de ce cycle seront diffusés dans leur version audiodécrite pour tous les spectateurs, déficients visuels ou non. Les séances des films de Johan Van der Keuken seront accompagnées (présentées puis suivies d’un échange avec la salle) par Marie Diagne qui les a audiodécrits.

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L’enfant aveugle de Johan van der Keuken

1964 | Pays-Bas | 22 min

L’enfant aveugle révèle un monde difficile à imaginer : une lutte continue pour rester en contact avec la réalité. Pour rendre compte d’un tel handicap au quotidien, Johan van der Keuken trouve des équivalences formelles, soutenues par une bande son inventive.

Quelle perception un enfant aveugle a-t-il de la réalité ? Le cinéaste a passé deux mois dans un institut spécialisé aux Pays-Bas pour répondre à cette question. L’enfant aveugle révèle un monde difficile à imaginer : la lutte continue de l’homme sans regard pour rester en contact avec la réalité. Pour rendre compte d’un tel handicap au quotidien, Johan van der Keuken trouve des équivalences formelles, soutenues par une bande son inventive. Une approche sensible qui refuse le pathos et nous reste en mémoire.

 

 

Herman Slobbe, l’enfant aveugle de Johan van der Keuken

1966 | Pays-Bas | 29 min

C’est durant le tournage de L’Enfant aveugle que van der Keuken fait la rencontre d’Herman Slobbe. Celui-ci capte son attention. À l’âge de la puberté, aveugle, Herman Slobbe doit se débattre avec son environnement pour se frayer un chemin. La forte personnalité d’Herman se double d’un rapport exceptionnel à la jouissance. Si les aveugles apparaissent souvent comme des êtres introvertis, celui-ci déborde d’énergie et s’investit en permanence que ce soit dans une recherche sonore éperdue ou dans d’autres challenges. Herman se saisit du micro et devient le reporter du film.


« En réalisant L’Enfant aveugle en 1964, puis Herman Slobbe, l’enfant aveugle en 1966, le réalisateur néerlandais Johan Van Der Keuken pose un acte de naissance fort, celui d’une certaine façon de filmer le réel, déplaçant les limites du film de création, du film expérimental, du documentaire. Une façon qui laisse une grande part à l’image, au rythme du montage, et au pouvoir d’évocation, une part qui se développe libérée des pesenteurs de « l’argument », du scénario, du commentaire.

C’est sur le regard lui-même que l’on apprend, sur la perception sensorielle du monde par les non voyants. Le film nous fait ressentir au plus près une réalité immatérielle, par la parole recueillie, par le montage, par la musique. (…)
Avant tout discours il faut donc surtout ressentir ces films, qui sont à la fois un langage, l’art corporel d’un homme qui vivait avec sa caméra, et une musique improvisée. Une musique empreinte de beauté, comme dans ces plans où de jeunes aveugles courent lors d’une séance de sport, uniquement guidés par la voix de leur moniteur. Filmés au ralenti, ce que ces corps évoquent de l’enfance, de la fragilité, de la confiance et de la condition humaine, touche au sublime. »

Emmanuel Bacquet
Documentaire sur grand écran

Marie Diagne

© A.Duval, 2022

Impliquée depuis longtemps dans les questions de transmission des arts, Marie Diagne décrit des œuvres depuis 2009 en collaboration avec un professionnel déficient visuel. Elle est auteure, directrice artistique, et elle interprète régulièrement ses textes. Elle développe aussi des temps de réflexion avec les usagers déficients visuels, et entretient des collaborations régulières avec diérentes associations d’usagers déficients visuels sur le territoire national.
Elle associe à sa pratique professionnelle un dialogue constant avec les publics et les lieux de diffusion, ainsi que des ateliers de découverte de l’audiodescription, à destination de tous les publics.

Formatrice pour l’Institut National de l’Audiovisuel, et modératrice des deux seules tables rondes dédiées en France à l’audiodescription pour le cinéma, elle est sollicitée par le CSA pour son expertise en audiodescription. Elle co-rédige en 2017 le premier rapport dédié à la qualité des versions audiodécrites diusées à la télévision. Ce rapport aboutit au Guide de l’audiodescription actuel. Marie est également sollicitée par le CNC, le ministère de la Culture et les réseaux associatifs pour son expertise en transmission inclusive du cinéma.

Marie fonde L’Oeil Sonore/Le Cinéma Parle en 2014. Une double exigence de qualité et d’indépendance, et une conviction profonde : “l’œuvre restituée n’est pas réductible aux seuls besoins de l’accessibilité. La version audiodécrite réalise l’ambition des arts : la rencontre collective d’une œuvre dans le respect de la perception non seulement sensorielle mais surtout sensible de chacun”.

               


Informations pratiques

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Prix libre

La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.


Toutes les séances du cycle 

 

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