Édito

 

JOUISSANCE(S)…de cinéma
Les films présentés ont en commun d’avoir été conçu dans la jouissance du cinéma.
Le cinéma et rien d’autre.
C’est quoi, une jouissance de cinéma ?
C’est le moment où l’empire du récit recule.

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Di Cavalcanti 

Glauber Rocha | 1977 | Brésil | 17 min | VOSTFR

Synopsis : Après plusieurs années d’exil hors du Brésil, et de silence, Glauber Rocha a réalisé un documentaire totalement anti-conformiste sur un peintre brésilien de ses amis, Di Cavalcanti. La vision des tableaux de l’artiste se mêle aux images de ses funérailles que Rocha a saisies de façon sauvage, avec un commentaire lyrique, fiévreux, qui résonne comme une sorte de délire passionné à la mémoire d’un créateur et d’un ami. Pour beaucoup, Di Cavalcanti est considéré comme l’un des plus grands films de Glauber Rocha.

 

« C’est au summum de l’excitation que Rocha, évoquant le souvenir d’une visite de Rossellini au Brésil (« une idée dans la tête, une caméra à la main »), fait sauvagement irruption aux funérailles de Di Cavalcanti. Cette danse rituelle autour du peintre — de son cadavre à peine refroidi— fissure son ample mouvement vers la mort (long travelling opératique, veillée funèbre, mise en bière) par une évocation fiévreuse qui célèbre la brûlante sensualité prolétaire de son art. Avec ses télescopages hirsutes, ses superpositions de séquences, son volume sonore poussé à plein tube, Rocha réussit brillamment l’équivalent des clusters (grappes de notes aléatoires plaquées d’un coup sur le clavier) ou de ces sons multiphoniques que l’on peut obtenir sur des instruments à vent. Ce travail de matière impacte aussi la structure du film qui, comme dans les compositions de Charlie Mingus, superpose deux discours de manière légèrement asynchrone. Le déluge d’images, la puissance hugolienne, torrentielle, tellurique, des derniers films de Rocha pourraient être aujourd’hui reçus avec une clarté totale pour qui entrerait dans la salle l’esprit totalement libéré et le corps disponible »*.

* Extraits de « Formes libres / Free cinéma » in Trafic, l’Almanach 2023 (POL)

 

Claro

Glauber Rocha | 1975 | Brésil | 1h51 | VOSTFR

« Une vision brésilienne de Rome ; ou mieux encore, un témoignage de colonisé sur une terre de colonisation. »

Synopsis : En prenant Rome comme décor et la culture italienne pour cible, Claro ne possède pas d’intrigue narrative et de structure traditionnelles, mais mélange opéra, documentaire, film témoignage et essai. La présence de Carmelo Bene et de Juliet Berto rehausse ce film irrévérencieux et provocateur où la signature indéniable de Glauber Rocha prend forme à chaque plan.

 

« Avec Claro, le cinéma polyrythmique de Glauber Rocha devient également polyglotte. Tout le film converge vers une longue scène épique de traversée des quartiers pauvres de Rome qui, dans son regard d’expatrié, ressemblent à des favelas cariocas. Ciné-Manifeste, film en tout cas parsemé d’images de manifestations politiques, religieuses, syndicales, festives, qui consacrent la présence du peuple dans l’espace public. Et dont le plan d’ouverture revendicatif (une image de rapt) fait résonner un cri sauvage poussé hors champ par le cinéaste, tandis que Juliet Berto, avec son long poncho, est téléportée comme une extraterrestre au milieu des ruines du Colisée. Il est difficile d’imaginer forme plus libre que cette longue déambulation effusive où la caméra caresse Berto mais où Rocha fait rouler son corps à terre à coups de pied quand il pénètre dans le cadre sous l’œil tantôt amusé tantôt médusé des habitants et des touristes. En faisant constamment osciller la distance qui sépare la caméra du corps des comédiens, Rocha se déplace à tâtons pour capter leur expressivité la plus singulière. »

Damien Bertrand

 


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.


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