Édito
JOUISSANCE(S)…de cinéma
Les films présentés ont en commun d’avoir été conçu dans la jouissance du cinéma.
Le cinéma et rien d’autre.
C’est quoi, une jouissance de cinéma ?
C’est le moment où l’empire du récit recule.
De l’autre côté du vent (The Other Side of The Wind)
Orson Welles | 2018 | États-Unis | 2h20
De l’autre côté du vent (The Other Side of The Wind) est un film inachevé d’Orson Welles (1970-1976). Le projet est finalement repris par Peter Bogdanovich et un montage sort en 2018 dans des festivals, puis sur Netflix. Un vieux réalisateur, J.J. Hannaford, mélange de John Ford et d’Ernest Hemingway fait son retour à Hollywood après plusieurs années d’exil en Europe. Il est en train de finir un nouveau film avec lequel il veut mettre au défi, sur le terrain, « toute la palette du jeune cinéma américain, depuis les cinéphiles mélancoliques jusqu’à Andy Warhol ». Une fête est organisée en son honneur dans son ranch par tout le gratin hollywoodien à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire. Cette soirée se terminera par la mort du réalisateur au volant de la voiture de sport qu’il voulait offrir à son acteur favori, sans que l’on sache s’il s’agit d’un accident ou d’un suicide.
« Vingt ans après Othello, Welles redécouvrait avec The Other Side of the Wind les possibilités infinies offertes par une fragmentation du montage que le sujet du film appelait de ses vœux. Pourquoi montrer, à tel moment, tel personnage de face ou de trois quarts, seul dans le plan ou entouré, en couleur ou en noir et blanc, en Super 8 ou en 35 mm, par les yeux d’un journaliste ou par celui du cinéaste prétendument omniscient ? Pour une préférence toute personnelle d’associations de timbres et de couleurs, de la même manière qu’un saxophoniste choisit, pour que le morceau sonne tel qu’il l’entend dans sa tête, d’interpréter le thème au soprano plutôt qu’au ténor ou, en répartissant les voix, de jouer tel passage à l’unisson de la contrebasse plutôt qu’à celui du piano. Ce que nous montre l’objet sorti en 2018 est la captation d’un état possible du film, brillamment imaginé par le monteur Bob Murawski à partir du tiers du métrage que Welles avait déjà « finalisé ». Un enregistrement parmi d’autres d’une œuvre infinie, c’est-à-dire non terminée en même temps que riche de tous les possibles. Un film free »*.
* Extraits de « Formes libres / Free cinéma » in Trafic, l’Almanach 2023 (POL)
Informations pratiques
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