19h : le rendez-vous avec le travail de Frédéric Vidal sera quotidien en pré-séance
JE M’ADRESSE A MES DESSINS
Frédéric Vidal, France , 2002, 33 min
La peinture et avec elle, la lumière et les couleurs, est un moyen d’expression à part entière. Du point du vue du poète, elle doit prendre un autre sens que celui d’un tableau vendu ou exposé dans un musée. Contrairement à l’image, qui pour Armand Gatti fige le réel, elle peut devenir un langage important pour défendre un combat, dire l’Histoire et dire de manière subjective et poétique la réalité du monde dans laquelle nous vivons. A travers le dessin et la peinture, Andres et Luc, deux personnes du groupe, ont trouvé une réponse possible à la recherche d’un langage poétique proposée par Armand Gatti. Ce film rend hommage à leur travail.
Ce film a été réalisé lors des répétitions du spectacle : Incertitudes de Werner Heisenberg, feuilles de brouillon pour recueillir les larmes des cathédrales dans la tempête et dire Jean Cavaillès sur une aire de jeu, écrit et mis en scène par Armand GATTI à Genève en 1999. Pendant six mois, un groupe de trente personnes se confrontant à l’écriture d’Armand GATTI, s’est engagé dans une singulière expérience de pensée et de création, à la recherche des langages possibles pour nommer la réalité de notre monde. INCERTITUDES met en valeur ces temps de réflexion où les prises de parole d’Armand GATTI, des membres du groupe et de physiciens plongent le spectateur au coeur d’un véritable laboratoire de la pensée. Ce film, en cinq volets, l’invite à suivre les traces des participants au travail, en explorant les langages des arbres, de la peinture, de la poésie, de la résistance et des cathédrales.
A Genève en 1999, Armand Gatti s’enferme pendant six mois dans un hangar avec un groupe de trente personnes dans le but de monter un spectacle autour de la vie de Jean Cavaillès : “Incertitudes de Werner Heisenberg, feuilles de brouillon pour recueillir les larmes des cathédrales dans la tempête et dire Jean Cavaillès sur une aire de jeu”.
Dans ce groupe, deux participants à ce travail ont filmé l’ensemble des répétitions du premier jour jusqu’aux représentations. Excepté les derniers filages, on ne peut pas parler véritablement de répétitions. Pendant six mois, le travail a pris la forme de cours de kung-fu, de chant et de jonglage, de rencontres avec des physiciens sans oublier les prises de paroles d’Armand Gatti autour des sujets principaux du spectacle : la résistance, les cathédrales, le chiffre cinq, la symétrie, la mécanique quantique, la place de la science et de la physique des particules dans le monde, la bombe atomique, les langages scientifique, mathématique, philosophique, littéraire et surtout poétique.
Le texte, travaillé à Genève, fait mention de quatre autres langages ayant chacun sa propre vision de la réalité : scientifique, mathématique, philosophique et littéraire. Mais, cette fois encore, le langage que nous avons choisi pour passer de l’un à l’autre et inventer une réalité possible est le langage poétique.
En effet, pour Armand Gatti, le langage poétique est le seul langage possibiliste, qui s’oppose aux concepts déterministes des quatre autres langages, car il est le seul nécessitant création et multiplicité de sens. En subvertissant la réalité de ces quatre langages, la poésie nous permet de créer un langage nouveau et d’entrer dans le monde des possibles. Le regard subjectif du poète peut nous mener alors vers une vérité de l’humain profonde et authentique au-delà de toutes vérités objectives. Pour Armand Gatti, tous les langages peuvent devenir grâce à la poésie un opérateur essentiel de compréhension du réel humain et un combat contre le déterminisme. Il s’agit de lutter contre les langages porteurs d’une vérité unique, absolue et, au contraire, de défendre toutes ouvertures ou créations de sens.
En devenant partie intégrante de l’univers poétique d’Armand Gatti, les langages, que nous avons expérimentés pendant le travail à Genève, ont acquis une autre dimension et nous ont permis de construire notre vision du monde. Aux quatre langages déjà précités, se sont ajoutées la peinture, l’architecture et la nature. L’écriture d’Armand Gatti cherche un langage à travers les cathédrales et celles-ci nous renvoient à la résistance, tout comme l’arbre peut le faire en liant le résistant au maquis et à la forêt. D’autre part, nous avons abordé le langage de la peinture par le biais du “Traité des couleurs” de Goethe auquel se réfère Werner Heisenberg dans son livre “Philosophie”. De même, cet auteur rend hommage à Hans Scholl qui a utilisé les mots de Goethe pour écrire les tracts dénonçant le nazisme, signés la “Rose Blanche”.
Dans ce film, tous ces éléments : la peinture, les cathédrales et les arbres, nous permettent alors de dire la résistance, à travers le même langage poétique, une fois porté par la couleur, une fois par la pierre, puis par le végétal.
C’est ainsi que cette traversée des langages a pris la forme de cinq films (5×30 min) ayant pour thèmes principaux : la résistance, la poésie, la peinture, les cathédrales et les arbres.
L’expérience Gatti
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