50 ans, commémorations, hommages, chrysanthèmes.
Le temps nécessaire à faire d’un événement un moment passé, et de le ranger soigneusement aux rayons des antiquités. Jeter du sel, éventuellement, pour que ça ne repousse pas. Exhiber de vieilles gloires confites, en guise de repoussoir. Même pas nécessaire de dire « plus jamais ça », se contenter de « sékommça », « passons à autre chose ».
Mais le passé ne passe pas. Il demeure question, présent des questions qu’il nous pose.
Ce jeudi 3 mai, c’est le passage du temps sur Guy Debord que nous interrogeons, tel qu’il l’exprima dans In girum imus nocte et consumimur igni.
In girum imus nocte et consumimur igni
De Guy Debord, France, 1981, 1h37
La sensation de l’écoulement du temps a toujours été pour moi très vive…
En 1982, aux Éditions Champ libre, a paru pour la première fois Ordures et décombres déballés à la sortie du film In girum imus nocte et consumimur igni par différentes sources autorisées.
Il s’agissait d’un recueil des critiques, élogieuses ou furieuses, qui accompagnèrent la première sortie de ce film.
Ce livre rend vaine toute prise de position, présentation, du film. Comme le disait une affiche-annonce du film :
« Au moment de créer le monde, j’ai su que l’on y ferait un jour quelque chose d’aussi révoltant que le film de Guy Debord intitulé In girum imus nocte et consumimur igni, de sorte que j’ai préféré ne pas créer le monde.
Dieu. »
Aussi les quelques lignes qui suivent sont-elles extraites de textes de Debord :
« Toute ma vie, je n’ai vu que des temps troublés, d’extrêmes déchirements dans la société, et d’immenses destructions ; j’ai pris part à ces troubles. »
Panégyrique, tome premier, 1989, éditions Gérard Lebovici.
« Je ne ferai dans ce film aucune concession au public. Le public de cinéma qui n’a jamais été très bourgeois et n’est presque plus populaire, est désormais presque exclusivement recruté dans une seule couche sociale : celle des petits agents spécialisés dans les divers emplois de ces « services » dont le système productif actuel a si impérieusement besoin. C’est là suffisamment dire ce qu’ils sont. Ils ne sont que des chiffres dans des graphiques que dressent des imbéciles. Voici par exemple un film où je ne dis que des vérités sur des images qui, toutes, sont insignifiantes ou fausses ; un film qui méprise cette poussière d’images qui le compose. Ainsi donc, au lieu d’ajouter un film à des milliers de films quelconques, je préfère exposer ici pourquoi je ne ferai rien de tel. Ceci revient à remplacer les aventures futiles que conte le cinéma par l’examen d’un sujet important : moi-même. La sagesse ne viendra jamais. »
Oeuvres cinématographiques complètes, 1952-1978, éditions Champ libre 1978. In girum imus nocte et consumimur igni.
La projection du film de Guy Debord sera précédée par :
In girum imus nocte et consumimur igni, de Guy Debord à l’auditorium du Louvre
Dojo cinéma, France, 2001, 18 minutes
« Le Dojo cinéma c’était un dojo, où à plusieurs, à quelques uns, nous cherchions quelque chose du et avec le cinématographe. Nous disions souvent que nous nous efforcions de participer de la création d’un public, d’un peuple.
Initialement, nous diffusions des films, dûment choisis. Pour les voir, pour partager leur présence en public. Un ciné-club, en somme, pour nous éduquer. Très vite, nous avons décidé de construire des films, comme Jack London voulait construire un feu, voulait qu’un feu soit construit. Pour nous sauver, pour ne pas devenir un énième lieu culturel. Nous fabriquions des films : films d’actualité, films publicitaires – rendre public ce qui n’est pas tenu secret, films annonces. Nous utilisions des moyens inexistants : vidéo, s8, au début nous n’avions même pas d’ordinateur pour monter, c’était au début des années 2000, on faisait ça de magnétoscope à magnétoscope. Certains d’entre nous découvraient avec enthousiasme l’histoire du Maoïsme à la française. Nous nous éduquions, nous relations nos découvertes, préparions les soirées de projection. Il fallait confectionner les films en quelques jours, réagir à ce qui se passait autour de nous, les diffuser, les assumer – beaucoup de films étaient violemment ratés, arrogants, inutiles.
Juste après le 11 septembre, les films de Debord – sa veuve Alice réouvrait les droits de diffusion – allaient à nouveau être projetés. Et puis pas n’importe où : au Louvre. Le coffret DVD allait devenir tête de gondole à la Fnac. La radicalité debordienne devenait « hype », comme on dirait aujourd’hui. Et on constatait que parmi les gens qui venaient au Dojo, bon nombre avait quasiment réservé leur place pour la projection de In girum au Louvre. C’était l’événement mondain de la saison, « the place to be ». Nous connaissions le film, en l’occurrence. En tous cas, moi. Et nous trouvions inacceptable que des gens, de prétendus amis, puissent simultanément participer de ce que nous considérions comme une recherche radicale avec le cinématographe, et aller se compromettre dans cette mondanité.
Alors nous avons fait un film, pour leur dire que le public de petits bourgeois que fustige Debord au début de son film, c’est eux, et qu’il ne fallait pas qu’ils fassent semblant, qu’ils la ramènent.
Mais pas au nom de la pureté supposée olympienne de Debord : nous avions des réticences avec certains aspects de Debord. Au nom du rapport que l’on établit avec le fait de voir un film, de ne pas être dans l’accumulation culturelle…
Enfin voilà, on a fait ça, et le dojo s’est sensiblement dépeuplé après la diffusion de ce film. Ça nous a permis de resserrer le travail que nous accomplissions. Pour le meilleur, pour le pire. »
Julien Chollat-Namy.
68-18: Oui, Mais
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