el otro dia

Édito

 

Quand le coup d’État de Pinochet a lieu au Chili, le 11 septembre 1973, Ignacio Agüero vient de commencer ses études de cinéma. Pendant les dix-sept années de régime militaire, il reste à Santiago. Depuis cette période et jusqu’à maintenant, il réalise des documentaires intimement liés à l’histoire politique de son pays. En donnant dans ses films la parole à des enfants, des veuves de la dictature, des cinéastes, des habitants de Santiago, il ouvre des espaces de mémoire individuels et collectifs. À l’occasion des cinquante ans du coup d’État, Documentaire sur grand écran propose un retour sur cette œuvre qui parvient à échapper au monumental en approchant l’histoire par le quotidien.

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El Otro Día (L’autre jour)

Ignacio Agüero | 2012 | Chili | 2h00

La maison du cinéaste donne sur la rue. Sa porte sépare l’espace intérieur et l’espace extérieur. L’espace intérieur contient l’histoire personnelle du cinéaste, son monde d’objets, d’imaginaire et de pensées. L’espace extérieur, c’est la ville de Santiago du Chili. Les histoires du monde intérieur sont interrompues lorsque des étrangers sonnent à la porte et, ce faisant, entrent dans le film.

« Une révolution intérieure : c’est ce à quoi se livre la lumière qui, du matin au soir, se porte sur tel ou tel objet de la maison du cinéaste, espace aussi riche de souvenirs et de voyages qu’il est clos, circonscrit entre chat et oiseau, livres et photos de famille. Sans les changements lumineux que les heures du jour impriment à cette quiétude, les plans relèveraient de la nature morte. Mais comme pour sortir d’un solipsisme dont son intérieur serait l’extension dans l’espace, Ignacio Agüero a décidé de filmer les gens qui viennent sonner à sa porte, mendiants ou chômeurs en quête d’un petit boulot. Bientôt il leur demande s’il peut les suivre, les filmer dans leur propre quartier. Devant la caméra, c’est l’idée même de « chez soi » qui s’en trouve ébranlée. Bicoques de fortune, pièces insalubres donnant sur une usine polluante, coups de feu échangés entre gangs à l’extérieur, familles brisées par la drogue, le mariage ou le veuvage précoces, la faim… Plutôt que de se livrer à une réflexion sociologisante sur le fossé entre les classes sociales chiliennes, le cinéaste laisse infuser dans son intimité même – familiale, amicale – ces « autres vies que la sienne. »

Charlotte Garson, Cinéma du réel 2013

 

 

Parcours du film
2013 • BAFICI – Buenos Aires Festival International du Cinéma Indépendant • Buenos Aires (Argentine) • Sélection
2013 • Cinéma du réel • Paris (France) • Compétition Internationale

Ignacio Agüero

 

Auteur, réalisateur, producteur, acteur, Ignacio Agüero est né à Santiago du Chili en 1952. Il fait ses études de cinéma à Santiago, Buenos Aires et New York. Ses premiers films, réalisés sous la dictature, témoignent d’une forte conscience politique et sociale. En 1988 il co-réalise le programme télévisuel « La Franja del NO« , qui participe à la campagne référendaire du « Non » contre Pinochet. Acteur, il apparaît notamment dans des films de José Luis Torres Leiva ou Raúl Ruiz.

Membre fondateur de l’Association chilienne du documentaire, dont il fut le premier président, plusieurs rétrospectives de son travail de réalisateur se sont tenues en Argentine, Pérou, Bolivie, Brésil, Espagne ou Mexique. Ses films documentaires traitent aussi bien de thématiques sociales comme la recherche de disparus sous Pinochet ou la démolition de quartiers entiers pour faire place à une ville écrasante et inhumaine, que dessinent des gestes intimistes faisant l’objet de sélection et prix en festival (Cinéma du réel en 2013, FIDMarseille en 2016…). Il est actuellement professeur titulaire à l’École de cinéma et de télévision de l’Université du Chili. 


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.


Les séances du cycle sur le cinéma d’Ignacio Agüero

 

 


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