Imaginaires Documentaires | Como Me Da La Gana d’Ignacio Agüero
Dans le cadre du Mois du film documentaire 2023, coordonné par Images en bibliothèques
Une programmation proposée par Documentaire sur grand écran
Avec le soutien de la Cinémathèque du Documentaire
Como Me Da La Gana (Comme il me plaira) de Ignacio Agüero | 1985 | Chili | 28 min
Como Me Da La Gana II (Comme il me plaira 2) de Ignacio Agüero | 2016 | Chili | 1h26
Projection suivie d’une discussion avec Ignacio Agüero et Jean-Pierre Rehm
Édito
Quand le coup d’État de Pinochet a lieu au Chili, le 11 septembre 1973, Ignacio Agüero vient de commencer ses études de cinéma. Pendant les dix-sept années de régime militaire, il reste à Santiago. Depuis cette période et jusqu’à maintenant, il réalise des documentaires intimement liés à l’histoire politique de son pays. En donnant dans ses films la parole à des enfants, des veuves de la dictature, des cinéastes, des habitants de Santiago, il ouvre des espaces de mémoire individuels et collectifs. À l’occasion des cinquante ans du coup d’État, Documentaire sur grand écran propose un retour sur cette œuvre qui parvient à échapper au monumental en approchant l’histoire par le quotidien.
Les questions les plus simples sont souvent les plus dérangeantes et du coup les plus difficiles. C’est à cet exercice du trouble auquel s’emploie Ignacio Agüero, présent sur le tournage de quelques films entrepris entre 1984 et 85, à une époque où le cinéma, comme bien d’autres choses au Chili, semblait appeler à disparaître. Toujours lui-même à l’image, le voilà à interroger : « Pourquoi faites-vous ce film ? Qui le verra ? Quels rapports avez-vous avec vos personnages ? ». Les réponses, ou l’embarras plutôt dont elles témoignent, en disent long.
Como Me Da La Gana (1985) est un film sur le cinéma. Agüero opère pour la première fois ces fameux pas de côté pour regarder de biais une société sous régime militaire, et il part interroger huit cinéastes chiliens en plein tournage. Sous le prétexte de questions naïves « de quoi parle ton film », « pourquoi tu fais des films », « pour qui », c’est un monde du cinéma immobilisé par la censure, le manque d’argent, le peu d’intérêt du public pour un cinéma national, qui est révélé, et surtout l’inquiétude du propre Agüero qui se demande « quel cinéma est possible en dictature ».
Eve Le Fessant Coussonneau pour Documentaire sur Grand Écran
Il y a trente ans au Chili, en pleine dictature, Ignacio Agüero avait réalisé un film bref intitulé Comme il me plaira. Il s’y autorisait à interrompre le travail de ses collègues pour les questionner sur le sens de leur travail. Agüero, fort d’une évidente insolence joueuse, reprend aujourd’hui le fil de cet ouvrage socratique : pendant cette période actuelle, faste, nationalement et internationalement, du cinéma chilien, il s’entête et vient reposer à ses jeunes camarades cinéastes la question de l’essence du cinéma. Mais ce second volet ne se contente pas de seulement mener enquête. D’autres images, privées, d’enfance, et le témoignage d’une institutrice qui menait des ateliers cinéma, s’ajoutent aux réponses glanées sur les lieux de tournage. Les archives du présent s’entremêlent à celles d’hier. C’est qu’il s’agit aussi, de relever le défi de répondre lui-même à la question posée tout au long du film, et d’y offrir réponse non par des phrases (dans lesquelles ses camarades se trouvent souvent piégés), mais par des images. Mieux, par le montage subtil, indirect, et néanmoins manifeste, de toutes ces images entre elles, qui semblent pointer ensemble une source tout en amont : le secret muet de l’enfance.
Auteur, réalisateur, producteur, acteur, Ignacio Agüero est né à Santiago du Chili en 1952. Il fait ses études de cinéma à Santiago, Buenos Aires et New York. Ses premiers films, réalisés sous la dictature, témoignent d’une forte conscience politique et sociale. En 1988 il co-réalise le programme télévisuel « La Franja del NO« , qui participe à la campagne référendaire du « Non » contre Pinochet. Acteur, il apparaît notamment dans des films de José Luis Torres Leiva ou Raúl Ruiz.
Membre fondateur de l’Association chilienne du documentaire, dont il fut le premier président, plusieurs rétrospectives de son travail de réalisateur se sont tenues en Argentine, Pérou, Bolivie, Brésil, Espagne ou Mexique. Ses films documentaires traitent aussi bien de thématiques sociales comme la recherche de disparus sous Pinochet ou la démolition de quartiers entiers pour faire place à une ville écrasante et inhumaine, que dessinent des gestes intimistes faisant l’objet de sélection et prix en festival (Cinéma du réel en 2013, FIDMarseille en 2016…). Il est actuellement professeur titulaire à l’École de cinéma et de télévision de l’Université du Chili.
La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.
Les séances du cycle sur le cinéma d’Ignacio Agüero
Avec le soutien de la Cinémathèque du Documentaire En présence de Enrico Masi et Davide Rabacchin Projection en pellicule 16mm
How I came here de Davide Rabacchin, 2019, Italie, court-métrage [Première Française] Shelter - Farewell to Edende Enrico Masi, 2019, Italie/France, 1h21
Avec le soutien de la Cinémathèque du Documentaire Une proposition de Tangente Distribution En présence de HélèneBaillot, RaphaëlBotiveau et LisaReboulleau
400 paires de bottes de HélèneBaillot et RaphaëlBotiveau, 2020, France, 17 min
MidnightTraveler de HassanFazili, 2021, États-Unis / Grande-Bretagne / Canada, 1h26
Avec le soutien de la Cinémathèque du Documentaire
Projection dans le cadre de Dominique Marchais, géographies sensibles - Un week-end en présence du cinéaste du 08 au 10 décembre 2023 à la Baleine, au Gyptis et au Videodrome 2
Pour la suite du monde de Pierre Perrault et Michel Brault |1963 | Canada | 1h45