Imaginaires Documentaires | Circulation du Cinéma du réel | Les Mots qu’elles eurent un jour de Raphaël Pillosio
Dans le cadre de la 46e édition de Cinéma du réel, en collaboration avec La Cinémathèque du documentaire et Images en bibliothèques
Les Mots qu’elles eurent un jourde Raphaël Pillosio | 2024 | France | 1h24
En présence du réalisateur
Édito
La compétition de la 46e édition de Cinéma du réel propose 37 films documentaires, courts et longs métrages; 37 films différents qui démontrent la richesse du documentaire, vaste territoire cinématographique où les images d’archives convoquent le passé tandis que les images virtuelles nous projettent instantanément dans le futur.
En collaboration avec La Cinémathèque du documentaire et Images en bibliothèques, le festival Cinéma du réel propose la circulation d’une sélection de films français issus de la compétition 2024. Les deux films que nous avons choisis pour cette circulation témoignent de cette diversité. Mais ce sont surtout des œuvres qui content des histoires, convoquent les imaginaires, et nous permettent de regarder notre présent en face.
Imaginaires Documentaires est un rendez-vous mensuel du Videodrome 2, autour de la diffusion de documentaires contemporains récents, qui poursuit une ambition de circulation d’œuvres remarquées et remarquables qui ne trouveraient pas le chemin des salles d’exploitation. Afin de créer un moment d’échange privilégié, les séances se font en présence des cinéastes.
Les Mots qu’elles eurent un jour
de Raphaël Pillosio | 2024 | France | 1h24
En 1962, Yann Le Masson filme la parole de militantes algériennes à leur sortie de prison en France. Plus de 50 ans après, alors que la bande son a disparu, je pars à la recherche de ces femmes.
« Film-cicatrice, Les mots qu’elles eurent un jour ausculte une perte sans jamais prétendre la combler. Lorsque deux personnes sourdes s’attellent à lire sur les lèvres des femmes filmées par Yann Le Masson, elles dévoilent des bribes de phrases, des propos amputés par les revirements de la caméra. L’enquête pour reconstituer la bande son perdue restera en suspens, nul happy end ne viendra résorber l’absence, annuler l’opération féroce du temps. La plupart des femmes que Raphaël Pillosio aurait aimé rencontrer sont déjà mortes, mais une autre forme de perte tout aussi cruelle pèse sur son enquête : torturées par les Français, emprisonnées, ces Algériennes poseuses des bombes ou agents de liaison ont ensuite été rappelées à ce que l’on a jugé être leur place, sont retournées, pour la plupart, dans l’ombre de vies domestiques, loin du versant public de la politique. Le passage du temps n’aura pas été synonyme de progrès : l’émancipation a subi un coup d’arrêt sitôt que les femmes ont perdu leur utilité. L’enquête prend alors des airs de prétexte : si les paroles d’époque sont définitivement perdues, partir à leur recherche fournit l’occasion de faire parler ces femmes aujourd’hui, de mesurer un écart temporel, un changement d’époque, et la façon trébuchante dont les sociétés évoluent. Plutôt que d’atteindre une destination, il importait de parcourir ce chemin vers le passé. Yann Le Masson soupçonnait que sa bande son ait été détruite volontairement, pour bâillonner des femmes trop libres. Toujours, l’Histoire gagne à être réécrite. »
Olivia Cooper-Hadjian – Cinéma du réel
Raphaël Pillosio – Après des études d’histoire et de cinéma, Raphaël Pillosio a produit de nombreux films documentaires et quelques fictions au sein de l’atelier documentaire société installée à Bordeaux qu’il a fondée avec Fabrice Marache en 2007. Parmi les derniers films qu’il a produits : Ana Rosa de Catalina Villar, À pas aveugles de Christophe Cognet, Le fleuve n’est pas une frontière d’Alassane Diago, Mon pire ennemi et Là où Dieu n’est pas de Mehran Tamadon, Thun-le-paradis d’Eleonor Gilbert, L’évangile de la Révolution de François-Xavier Drouet.
En tant que réalisateur il a consacré trois films aux mondes des Gens du voyage : Route de Limoges, Des Français sans Histoire et Histoires du carnet anthropométrique. Après Algérie, d’autres regards, un documentaire consacré aux cinéastes qui s’étaient engagés contre la guerre d’Algérie, Les mots qu’elles eurent un jour poursuit son exploration des liens entre le cinéma militant et l’Algérie.
Avec le soutien de la Cinémathèque du Documentaire En présence de Enrico Masi et Davide Rabacchin Projection en pellicule 16mm
How I came here de Davide Rabacchin, 2019, Italie, court-métrage [Première Française] Shelter - Farewell to Edende Enrico Masi, 2019, Italie/France, 1h21
Avec le soutien de la Cinémathèque du Documentaire Une proposition de Tangente Distribution En présence de HélèneBaillot, RaphaëlBotiveau et LisaReboulleau
400 paires de bottes de HélèneBaillot et RaphaëlBotiveau, 2020, France, 17 min
MidnightTraveler de HassanFazili, 2021, États-Unis / Grande-Bretagne / Canada, 1h26
Avec le soutien de la Cinémathèque du Documentaire
Projection dans le cadre de Dominique Marchais, géographies sensibles - Un week-end en présence du cinéaste du 08 au 10 décembre 2023 à la Baleine, au Gyptis et au Videodrome 2
Pour la suite du monde de Pierre Perrault et Michel Brault |1963 | Canada | 1h45