Les écritures du réel sont des écritures de la relation, des dialogues de personne à personne. La biennale se démarque avec une certaine forme de théâtre documentaire qui consiste témoigner de notre monde tout en le dessinant autre. C’est le pari de la Biennale que de tenter de rendre compte de cet élan et ainsi continuer ce très ancien dialogue entre poésie et politique. Qu’elles naissent d’expériences vécues, d’enquêtes de terrain, de recherches autobiographiques ou historiques, de vagabondages, ces écritures ont pour ambition d’élargir nos perceptions et d’enrichir nos manières de sentir, de penser, d’agir, d’être ensemble.

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Regarder les images du passé pousse à s’intéresser à ceux qui les ont faites, aux publics auxquels ces images s’adressaient, et au contexte historique dans lequel elles ont été produites. Le cinéma réalisé dans les anciennes colonies françaises, notamment en Afrique, n’a pas vraiment permis le développement d’infrastructures cinématographiques locales, et les images qui nous reviennent des temps coloniaux d’Afrique du Nord ou subsahariennes sont généralement des images tournées par les colons. Terres de tournage aux paysages paradisiaques, les côtes méditerranéennes étaient le décor de fictions variées, mais elles apparaissent aussi dans des films à caractère documentaire, qui étaient diffusés dans un cadre public de divertissement ou dans un cadre scolaire. D’autres images, loin de l’industrie, produites en amateur ou par militantisme, ont aussi émergé au tournant des indépendances, qui ont voulu montrer une autre réalité coloniale, et qui ont circulé dans des réseaux beaucoup plus clandestins.

À l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, ce sont toutes ces images que nous discuterons. Cette séance est construite principalement autour d’un corpus de films tiré des collections de la Cinémathèque Centrale de l’Enseignement Public et de la Ligue de l’Enseignement. Le débat se poursuivra aussi sur une série d’images coloniales de fiction et de documentaire sélectionnées par Antoine Ravat dans les fonds de cinéma éducateur et amateur de la cinémathèque de Saint-Étienne et qui, des années 30 à la fin de la guerre en 1962, font usage d’un motif récurrent dans la production cinématographique coloniale française : le front de mer algérois.

Extraits de films et discussion avec Wassyla Tamzali (avocate et actuelle directrice du centre d’art algérois Les Ateliers Sauvages), Nabil Djedouani (archiviste et restaurateur de films) et Olivier Hadouchi (historien du cinéma)

Pépé le Moko

de Julien Duvivier, 1937, France, 1h34

Traqué par la police, Pépé le Moko, un repris de justice, se réfugie dans la casbah d’Alger où les autorités n’osent pas s’introduire. Là, il s’éprend passionnément d’une femme fatale, Gaby, qui va, malgré elle, attirer le gangster dans la ville où sa capture est plus aisée.


Alger et ses environs (ou Le vrai visage de l’Algérie)

de Georges Clerc et J. R. Barth, 1938, France, noir et blanc, 13 min

Le développement de l’aviation a rendu Alger proche de Paris. Le touriste y découvre une architecture moderne, côtoyant le style mauresque, et les ruelles de la casbah. Le port de plaisance et les clubs d’aviation civile se sont développés, les jardins d’Essai invitent au repos, les courses hippiques sont très courues. A l’est, la Côte Turquoise compte de nombreux vestiges antiques. Les paysages sont extrêmement variés : gorges de la Ghifa, près de Blida, forêts de cèdres de Kabylie, oasis de Bou Saada.


Algérie Sahara

de Jean Vidal et Bernard Pasdeloup, 1950, France, noir et blanc, 21 min

Voici un document édifiant, proposé en 1950 par l’Institut pédagogique national. Il se présente comme un reportage didactique consacré à divers aspects démographiques, économiques et géographiques de l’Algérie et notamment du Sahara. Mais il s’agit en fait d’un tour d’horizon des bienfaits de la colonisation française : le ton adopté est très orienté !


L’économie algérienne et La démographie algérienne

de J. K. Raymond-Millet, 1959, France

L’Algérie, pays surtout agricole. Les problèmes démographique, climatique. Les diverses ressources agricoles : blé, vigne, tabac, etc. Les ressources minières, les sources d’énergie (barrages). Les industries alimentaires. Les industries modernes. Les exportations et les importations. Les ressources : pétrole et gaz. De même que « Démographie algérienne », les films coloniaux de JK Raymond-Millet sont inspirés des discours officiels procolonialistes qui remontent aux années vingt. Après la seconde guerre mondiale, le réalisateur ajoutera un commentaire plus explicatif et pédagogique à des images dont certaines semblent issues de films tournés durant l’entre-deux-guerre. Ces deux films sont de parfaits exemples de cette utilisation de films à des fins de propagande sous couvert pédagogique. Réalisé à un moment-clé de la guerre d’Algérie (le flottement sur les dates de tournage permet de penser que ces films ont été tournés peu de temps après l’accession du Général de Gaulle au pouvoir), ni les images ni les commentaires n’y font la moindre allusion. La seule information d’actualité mentionnée est la découverte de pétrole dans le sud du pays et l’espoir que cette nouvelle fait naître (images de construction des premiers pipelines dans le désert saharien). Ce sont des documents historiques au sens où ils ont maintenu plusieurs générations de français dans une pensée coloniale qui remontait aux années vingt. Etant donné leur caractère daté et l’imminence de l’indépendance algérienne, ces images n’ont pas dû tellement circuler si ce n’est éventuellement en tant que témoignage d’une époque sur le point d’être révolue.


Secteur postal 89098

de Philippe Durand, 1961, France, 27 min

Réalisé en 1959, le film fut immédiatement interdit par la censure. Il traite de la difficile réadaptation à la vie civile d’un soldat rappelé pendant la guerre d’Algérie. Le film est inspiré par l’expérience de « rappelé » du réalisateur en 1956 lors de la guerre d’Algérie. Il y fut gravement blessé. Hospitalisé pendant un an, il perdra une jambe.


Rossignol de Kabylie

de Georges Régnier, 1963, France, 21 min

D’après la nouvelle Le Rossignol de Kabylie de Emmanuel Roblès.

Avec Kamel Abdou, Philippe Camus, Jeanne Sartre.

En pleine guerre d’Algérie, un soldat français vient rendre visite à un poète arabe, le « Rossignol de Kabylie », qu’il admire.


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Tarif de la séance

PRIX LIBRE

Nous souhaitons que le cinéma demeure accessible à toutes et tous. La curiosité, et le plaisir des images ne doivent pas être un privilège. Les projections engendrent des coûts de diffusion, c’est pour cela que nous conseillons le prix de 5€.

L’adhésion annuelle à l’association est nécessaire pour assister aux séances. Elle est accessible à partir de 5€ et valable sur une année civile.

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.


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