Édito
Tout au long des sept films présentés ici, la voix de Kidlat est sans cesse en ébullition, en réflexion, elle exprime un rapport empirique au monde et aux choses. Nous, spectateurs, assistons à la transmission de ce geste de lutte permanent contre les systèmes de production et de croyance hégémonique car Kidlat dialogue avec nous, au même niveau qu’il dialogue avec ses enfants tout au long de ses films. « Je suis père avant d’être réalisateur« , dit-il d’ailleurs dans Orbit 50.
Anouk Moyaux
The Perfumed Nightmare
de Kidlat Tahimik | 1977 | Allemagne, Philippines | 1h33 | Vostfr
Dans ce premier long métrage de fiction mondialement reconnu, Kidlat Tahimik joue son alter-égo: un taxi-driver de Jeepney d’un village philippin fasciné par la culture américaine. Son rêve est de devenir astronaute et de partir vivre aux Etats-Unis. C’est à ce dessin qu’il s’investit sans relâche dans le Wernher Von Braun Club dont il reçoit les nouvelles par la poste à son village natal de Baguio. Le film suit la décolonisation interne du personnage de Kidlat, qui, quand il se rend en occident afin de travailler pour un magnat du chewing-gum américain, se rend progressivement compte des ravages sociaux produits par la technologie occidental à l’air du capitalisme.
Le film alterne entre registre documentaire qui dépeint la culture populaire du village de Baguio, et le registre fictionnel dans lequel Kidlat Tahimik incarne les dilemnes et les conflits internes de la société philipinienne liés à la colonisation des Philippines par les Etats-Unis.
Le film est traversé de métaphores et de motifs qui racontent l’aller-retour constant entre le Premier monde et le Tiers monde et la recherche de solution pour composer dans cet entre-deux. La Jeepney, motif central du film et symbole de philippines, en est l’exemple. Ces Jeeps de l’armée américaine abandonnées après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont été au cours des années suivantes remise en état, décorées, peintes et ont remplacé le système de transport public dans Manille dévastée par les bombes.
Le film de Kidlat est une manière d’explorer comment les rapports de forces d’un pays colonisateur sur un pays colonisé peuvent s’inverser par le biais de l’imagination et de la créativité active.
Anouk Moyaux
Informations pratiques
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Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.
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