Il y a les hagiographies, les vies des Saints, les vies parallèles, les vies minuscules, les biographies, les récits, les entretiens, les portraits… Toutes ces formes par lesquelles on s’efforce de donner corps à ce mystère qu’est la vie des êtres humains,  leurs actions,  leur travail.
Il y a des vies musicales. C’est presque un genre : portraits et biographies de musiciens, s’efforcer de toucher et faire ressentir ce que signifie être habité par la musique, ce que cela implique.
Cette filmographie est imposante : combien de films sur, avec des musiciens ? Combien de films avec en leur centre ce mystère : pourquoi et comment un homme, une femme, un groupe d’hommes et de femmes, ont-ils, à telle période, composé et interprété de la musique de cette façon-là ?
Au sein de cette filmographie, existe un travail singulier : celui de Bruno Monsaingeon.
Il se présente lui=même ainsi :
« Naissance: 5 décembre 1943 à Paris
Mort: attendue pour un 27 janvier
– devinez pourquoi – Année et lieu encore inconnus.

Entre-temps, Bruno Monsaingeon se sera consacré à la musique, en jouant du violon, en écrivant des livres et en réalisant des films. »

Concernant la réalisation de films, il est question ici d’a minima 93 (sic imprimatur) films (ou opus). A minima, car dans ces opus, comptent pour un des séries télévisées, qui en fait se constituent de plusieurs films.
Des films pour rencontrer et écouter jouer quelques musiciens, parmi lesquels Yehudi Menuhin, Glenn Gould, Dietrich Fischer-Dieskau, David Oïstrakh, Michael Tilson-Thomas, Murray Perahia, Deszö Ranki, Zoltan Kocsis, Viktoria Postnikova, Julia Varady, Nadia Boulanger, le Quatuor Alban Berg, Sviatoslav Richter, Grigori Sokolov, Guennadi Rojdestvensky, et plus récemment, Valeriy Sokolov, David Fray, et Piotr Anderszewski…

On peut peut-être le dire autrement : depuis près de 50 ans, Bruno Monsaingeon dresse des portraits sensibles des plus grands interprètes de musique classique.
Son travail se résumerait-il à cette formulation que déjà, il serait important. Bruno Monsaingeon serait un des plus grands documentalistes de la vie musicale de note temps.
Mais, de plus.
Les films de Bruno Monsaingeon ont quasiment tous été destinés à la télévision. De son propre aveu, le cinématographe, son esthétique, ne sont pas le centre de ses préoccupations. Il aurait ainsi simplement voulu donner accès à ces vies musicales, les partager avec le grand public.
D’où vient alors que ses films soient si beaux ? D’où vient cette compréhension de l’humanité des êtres qu’il filme ? D’où vient que l’on perçoive dans ses films avec une telle clarté l’inouï de la relation à la musique de ces hommes et femmes ? D’où vient l’éclat de la musique que ses films nous donnent ?
Il faut considérer la part de vérité de la phrase d’Adorno : « on ne dira jamais assez le mal que le cinéma a fait à la musique. »
Mais il faut aussi considérer comment certains films peuvent faire irradier la musique, la faire aimer.

Nous sommes heureux et fiers de proposer le cycle Vies musicales, et d’accueillir Bruno Monsaingeon, qui échangera avec le public à l’issue des projections des 13 et 14 juin.


Piotr Anderszewski, voyageur intranquille

De Bruno Monsaingeon, France, 2009, 1h26.

« Tout chez Piotr Anderszewski est hors normes, non pas anormal, mais pourrait-on dire, spontanément, « normalement » hors normes.

Et en tout premier lieu évidemment, son talent de musicien. Désormais reconnu de façon à peu près universelle comme l’un des tous premiers pianistes de notre temps, il est avant tout un musicien, presque détaché du véhicule qu’il utilise pour exprimer sa pensée musicale. Ce n’est pas le piano, ni la musique de piano qui l’intéressent, mais la musique tout court, et si possible celle qui ne se soucie pas d’exploiter les ressources, habituellement si flatteuses, de l’instrument.

Hors normes, les débuts de sa carrière. Agé de seulement 20 ans, Piotr Anderszewski, alors tout à fait inconnu, participe au prestigieux Concours International de Leeds. Parvenu au stade des demi-finales du Concours, il inscrit à son programme les Variations opus 27 de Webern, ainsi que les monumentales Variations Diabelli. Le succès obtenu auprès du public comme de la presse est fulgurant. Il ne fait alors plus aucun de doute que, non seulement il accédera à la Finale du concours, mais qu’il s’y verra décerner le Premier Prix. Mais au moment où le Jury annonce les résultats qui le sélectionnent pour la Finale, Piotr Anderszewski a déjà repris le train à destination de Varsovie. Les offres d’impresarios affluent, de même que les propositions de contrats d’enregistrement. Il n’en a cure. Il est reparti à la poursuite de l’essentiel : l’approfondissement de son art. Malgré tout, une carrière est bel et bien lancée.

Hors normes, son répertoire. Les programmes de récital qu’il donne sont savamment composés à partir d’œuvres fanatiquement préparées et qui ont rarement pour source le répertoire passablement rabâché du récital de piano.

Hors normes, son intelligence et l’attrait qu’il exerce sur le public.

Hors normes enfin, la manière dont il soumet son activité d’interprète à un constant questionnement.

Tout cela, pour donner une idée de l’originalité du personnage, qui en fait le digne successeur, si l’on tient absolument à ce genre d’étiquette, des Richter, Michelangeli et autres Glenn Gould, autrement dit des plus importantes personnalités pianistiques du passé le plus récent.

Il n’était naturellement pas question de tenter de cerner la réalité d’un personnage aussi complexe en ayant recours aux recettes habituelles du portrait filmé. Un film qui lui serait consacré ne pouvait dès lors, lui aussi, qu’être hors normes. En accord avec Piotr, et avec sa très active participation, sinon à l‘écriture, du moins à la conception du scénario qui structurerait notre film, je retins pour celui-ci deux options fondamentales.

Il s’agirait d’un film frontière, quelque part entre le documentaire et la fiction; le film aurait pour cadre un voyage hivernal à travers la Pologne, puis jusqu’en Hongrie, les deux pays dont Piotr est originaire, avant de nous rendre en Allemagne, à Londres, Paris et finalement Lisbonne, où il a décidé récemment de résider. Mais ce périple serait effectué selon un moyen de transport pas vraiment conventionnel. Piotr, tel un troubadour des temps modernes, ne se déplacerait ni en avion, ni en voiture, mais à bord d’un wagon particulier loué pour la circonstance, et qu’il ferait accrocher à tel ou tel train, en fonction des lieux qu’il souhaitait visiter ou dans lesquels il avait prévu de donner des représentations. La planification des représentations des années à l’avance, le caractère figé des salles conventionnelles, sont autant de facteurs qui semblent à Piotr devoir être enfreints pour redonner à la musique sa dimension vivante, et pour casser le caractère routinier de l’activité du musicien en tournée.

Disposant d’un piano de travail installé dans son wagon, Piotr y travaillerait, s’arrêterait au gré de sa fantaisie, une église ou une place de village, en des lieux évocateurs de tel ou tel compositeur. On y débarquerait le matériel nécessaire pour y donner des récitals impromptus. »

 

Bruno Monsaingeon.

 

 


Vies musicales

Voir le programme du cycle

 

 


 

Pour vous souvenir cette séance, vous pouvez l’ajouter à votre agenda<div class="event_data status-EventScheduled location-type-OfflineEventAttendanceMode " style="border-left-color:#000000;background:rgba(0,0,0,0.1)" itemscope itemtype="http://microformats.org/profile/hcard"> <div class="event_date" data-start="mercredi 13 juin 2018" data-end="mercredi 13 juin 2018"> <time itemprop="dtstart" datetime="2018-06-13T20:30:00+02:00"><span class="date date-single">mercredi 13 juin 2018</span> <span class="linking_word linking_word-from">de</span> <span class="time time-start">20h30</span> <span class="linking_word linking_word-to">à</span> <span class="time time-end">22h30</span> </time> </div><!-- .event_date --><span class="eventpost-status">Planifié</span> <span class="event_categories"> <span class="event_category">Les séances de cinéma </span></span> <address data-id="152026" data-latitude="-65.1294561" data-longitude="-50.0759311" data-marker="" data-iconcode="f100" data-icon="" data-color="#000000" itemprop="adr" class="eventpost-address"> <span> Videodrome 2, 49, Cours Julien, 13006 Marseille </span> <a class="event_link gps dashicons-before dashicons-location-alt" href="https://www.openstreetmap.org/?lat=-65.1294561&lon=-50.0759311&zoom=13" target="_blank" itemprop="geo">Carte</a> </address></div>

 


Trouver la salle de cinéma

Videodrome 2
49 Cours Julien
13006 Marseille

Voir le plan d’accès


Les tarifs des séances cinéma

Adhésion annuelle indispensable à l’association
à partir de 3€

5€ la séance
2€ pour les moins de 14 ans
2€ pour les séances jeune public

La carte RAGE + adhésion annuelle
:: VIDÉOCLUB : 3 films pour 7 jours

:: CINÉMA : accès illimité à toutes les séances hors séances spéciales et festivals
100€ (payables en trois fois par chèque)

La carte SCANNERS + adhésion annuelle
:: CINÉMA : accès illimité à toutes les séances hors séances spéciales et festivals
80€ (payables en trois fois par chèque)

La carte 10 séances + adhésion annuelle
40€

 

Ouverture de la billetterie 30 minutes avant le début de chaque séance


Voir le programme complet des séances cinéma

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Planifié Les séances de cinéma
Videodrome 2, 49, Cours Julien, 13006 Marseille Carte