Édito
Votre attention s’il vous plaît! Ceci n’est pas un exercice. La personne qui est en train de traverser la salle met littéralement le feu au tapis rouge.
Veuillez garder votre calme, et vos mains à l’intérieur du siège, les techniciens sont en train de rebooter l’ensemble du système. Une fois les lumières rallumées, attendez vous à être pris.e de vertige, de crise de larme ou tout simplement d’une envie irrépressible de pousser un cri.
Reprenez-vous! La personne qui va faire son apparition n’existe que dans la chaleur éclatante des projecteurs.
Yolanda, Samia, Freddie, Tina, Julie, Miwa, Whitney, Mylène et tant d’autres madones occupent un panthéon dont les albums et les vidéoclips sont objets de dévotions. Il faut les voir apparaître dans la fumée ou s’envoler au-dessus d’un public venu par dizaine de milliers respirer le même air que leur idole.
Bodyguard
de Mick Jackson | 1992 | États-Unis | 2h05
Avec Whitney Houston
Suivi de la diffusion de Lemonade de Beyonce dans la salle du bar
Un preux et chevaleresque garde du corps au service d’une princesse de la pop en détresse. Bodyguard est un conte de fée, et un des plus grands succès commercial des années 90. Whitney Houston atteint alors des sommets. Elle est The Voice, l’enfant chérie des USA et tout semble lui sourire.
Lors de ses funérailles Kevin Costner raconte que, durant les essais pour le film, elle s’était parée d’une telle épaisseur de maquillage que, sous la chaleur des projecteurs, le make up s’était mis à couler et que son visage semblait s’affaisser.
Dans les coulisses, le masque de Whitney se craquelle. Enfant violée, encouragée à la consommation de drogue, conduite à renoncer à un amour lesbien, tout comme son personnage de Rachel, elle est exposée aux violences. Les profits tirés de son talent poussent ses proches à l’exposer aux dangers.
Sans protection, son corps est jeté en pâture à un public ne souhaitant voir en elle qu’une projection de ses désirs, une femme au corp sculpter et à la voix d’ange dont on ne saurait voir une sexualité subversive et une identité afro americaine par trop politique.
Au contraire des contes de fée, il n’est de providentiel sauveur. Fragilisée par une existence marquée par la souffrance, aucune substance comme aucun succès ne viendra combler le vide laissé par le manque d’amour. Whitney s’éteint précocement, à l’âge de 48 ans. Laissant en héritage une carrière qui aura tracé la voie pour une nouvelle génération de chanteuse noire.
Le jour des essais pour Bodyguard, Kevin rejoint Whitney dans la loge. Elle se démaquille. Elle est anxieuse. « I just wanted to be good enough, I wanted them to like me« . Lui, de répondre lors de ces funérailles: « You weren’t just good enough. You were great. And people didn’t just like you, Whitney, they loved you. »
Informations pratiques
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