Édito

Les récits fantastiques m’ont appris que l’humain est un monstre en son creux. Le loup-garou réside dans le trou de notre humanité. Une crevasse où la nuit comble le vide. Une bête dont le regard transperce l’obscurité avant de retourner à l’état dormant, en attendant la prochaine pleine lune. Ce n’est que dans le rayonnement de cette lumière froide que la bête frappe.

Le loup-garou est un état clandestin. Dans sa transformation, le pouvoir et la malédiction du loup le condamnent à la dissimulation. L’humain est une figure présentée en société, tandis que sa monstruosité ne doit pas être révélée. Là où d’autres monstres voient la permanence de leur transformation, ce n’est pas le cas du loup garou. Des limbes, ce dernier en revient avant d’y retourner chasser brutalement le nouveau cycle venu.

Ainsi le loup-garou, comme en témoigne son nom composé, fonctionne sur un système d’un envers et d’un devant. Le loup-garou passe d’un côté puis de l’autre de la frontière. Seulement, nul ne saurait dire de quel côté se situe l’intérieur et l’extérieur et de quelle forme la frontière se fait détentrice. Cette matière de lumière nébuleuse que l’on ne peut ni saisir ni toucher, c’est aussi celle d’une projection filmique. Accéder à la salle de cinéma, c’est être contaminée. Tandis que dansent au-dessus de ma tête ces faisceaux lumineux, je deviens cette bête mutante sous la lampe astrale de la cabine. C’est entrer et sortir, se déplacer du jour à la nuit et d’y revenir. La spectatrice est un loup-garou.

Dans la continuité de Knives and Skin et de ses adolescentes indisciplinées, Des films sous l’escalier présente une réinterprétation du mythe du loup-garou.

Fascination pour les affres de l’adolescence, Ginger Snaps propose un récit soutenu par une réalisation étonnamment minimaliste hors des sentiers battus du teen movie. Racontant le lien profond unissant ses deux héroïnes, la sororité et la lycanthropie sont au cœur de cette fable sensible et organique. En faisant coïncider la métamorphose de l’une d’elle avec la puberté, la scénariste Karen Walton donne la forme la plus pertinente et pourtant longtemps négligée, à la figure du loup-garou. Une figure révoltée, incomprise et marginalisée, déguisant son aspect pour ne pas laisser voir ses poils et son sang et contestant la solitude à laquelle elle devrait se réduire.

Mériem Rabhi

Ginger Snaps de John Fawcett

2000 | Canada / États-Unis | 1h48 | VOSTFR

Ginger et Brigitte, deux sœurs de 16 et 15 ans, ont pour passe-temps la photographie de mises en scène morbides et se sont promis de ne jamais grandir. Une nuit de pleine lune, tandis que Ginger a pour la première fois ses règles, elle est mordue par un loup-garou rôdant dans les parages. Alors que son apparence et son comportement changent, Brigitte s’inquiète de la voir peu à peu s’éloigner d’elle et des promesses qu’elles se sont faites.


Informations pratiques

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Tarif de la séance

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