Édito
Dans un contexte de répression des mouvements populaires, le recours aux technologies de surveillance de l’espace public se normalise sous prétexte de sécurité, tandis que la violence policière continue de s’accroître en France. En vue des Jeux Olympiques 2024, une loi légalisant la vidéosurveillance algorithmique (VSA) a été adoptée malgré de nombreuses oppositions (voir ici et ici), faisant de la France le premier pays de l’Union Européenne à légaliser la surveillance biométrique de l’espace public.
Il y a 4 ans, La Quadrature du Net, association de défense des libertés numériques, lançait l’initiative Technopolice pour recenser et contrer les nouvelles technologies de surveillance policières dans nos villes. Le collectif Technopolice Marseille commençait alors à s’organiser localement en organisant des conférences, expositions artistiques, cartographies de caméras et actions de rue contre le dispositif de surveillance de la ville.
En 2022, nous organisions la première édition du festival Technopolice à Marseille et y lancions notre plainte collective contre la vidéosurveillance, le fichage de masse et la reconnaissance faciale de l’État. Pour cette deuxième édition, nous souhaitons dénoncer le rôle de ces technologies, qui donnent davantage de pouvoir à une police toujours plus répressive.
Face à la mise en place de la surveillance totale de l’espace public, il est urgent de résister et d’agir pour nos futurs désirables. À travers des films, des débats et des ateliers, cette 2ème édition du festival vous invite à une réflexion collective.
À travers la projection de films qui donnent la parole aux familles de victimes de meurtres policiers, nous aborderons la place des images de vidéosurveillance dans ces affaires. Malgré l’omniprésence des caméras, leurs enregistrements sont pourtant souvent inaccessibles, manquants, réinterprétés ou instrumentalisés en faveur de la police. Les documentaires sélectionnés illustrent l’hypocrisie du discours légitimant la surveillance en la présentant comme une solution au problème des violences policières.
I thought I was seeing convicts
Harun Farocki | 2000 | Allemagne | 26 min | Installation Vidéo | VOSTFR
La caméra de surveillance montre un morceau de la cour bétonnée où les prisonniers, en short et pour la plupart torse nu, ont le droit de passer une demi-heure par jour. Si une bagarre éclate entre deux détenus, les autres se jettent à terre, les bras au-dessus de la tête. Ils savent ce qui les attend. Le gardien va hurler un avertissement avant de se mettre à tirer avec des balles en caoutchouc. Les images sont muettes. La caméra et l’arme sont côte à côte. Champ visuel et champ de tir coïncident.
Frères
Ugo Simon | 2021 | France | 43 min | Documentaire
Mahamadou, Diané et Farid ont chacun perdu un frère à la suite d’une intervention de la police française au cours des dix dernières années. Depuis, ils vivent au quotidien avec la souffrance, l’impossibilité de faire le deuil et la détermination à obtenir justice.
Face à l’impunité policière
Primitivi | 2022 | France | 9 min | Documentaire
Le 4 août 2021 dans le quartier de Belle de Mai, Souheil el Khalfaoui, 19 ans est tué par un policier stagiaire lors d’un contrôle routier. Un an après, Issam, le père de Souheil, interpelle publiquement les responsables de l’enquête et les représentants politiques. La famille réclame vérité et justice alors que les policiers ont pu s’entendre pour s’accorder sur une version des faits, que les enregistrements des caméras de vidéosurveillance ont disparu et que des témoins n’ont pas été entendus.
Informations pratiques
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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu.
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