Édito

 

 

Comment imaginait-on 2025 lorsque nous étions enfants ?

Des voitures volantes dans des villes suspendues, des corps moulés dans des combinaisons aux couleurs irisées, en l’attente d’un prochain voyage intergalactique… Décollage interrompu. On assiste, fascinés, à des ballets de drônes dans le ciel, à la normalisation des discours d’extrême droite, à un génocide en live sur nos téléphones, tandis que les traits d’esprits de l’I.A. recouvrent ce spectacle d’un joli vernis techno-futuriste. Chaque année, l’enregistrement de “l’année la plus chaude jamais recensée” fait fondre nos mirages. Face à ce flot technocratique, le cinéma documentaire nous semble encore pouvoir ouvrir des temps de suspensions, des espaces complémentaires, des aventures loufoques, des lignes de fuite… Il peut permettre d’entrer en résonance avec le corps d’un·e autre et de mettre en partage nos expériences et nos émotions. Si “le réel, c’est ce petit truc qui gratte”*, les images fabriquées nous demandent : qu’est ce qui demeure désirable dans notre monde ?

Les films de cette 16eme édition, à défaut de viser le cosmos, nous invitent dans les gestes d’une aidante ; à la recherche des courbes dissimulées d’une rivière ; auprès d’une jeunesse libanaise en résistance ; à l’écoute des souvenirs d’un amour empêché par la guerre ; sur une plage méditerranéenne où de vieux rêves s’épuisent ; parmi les traces d’un disparu ; dans un road-trip entre deux cousines, en quête de liberté. Nous irons dans les espaces de l’enfance, au coeur d’une cité endormie ; au milieu d’un champ de blé où les oiseaux narguent les épouvantails ; dans la tanière du roi des serpents ; auprès d’une famille traversée par la fatalité d’une maladie héritée ; et nous serons témoins de la force de celles et ceux qui luttent pour leurs droits et pour leur territoire. Enfin nous nous demanderons, le cinéma peut-il sauver un amour qui vacille ? Chaque récit, à sa façon, redéfinit les contour du monde tel que nous nous le représentons et nous permet de rêver encore. Dans cette édition, nous vous proposerons plutôt une épopée en Renault 12 qu’un voyage éclair en Tesla.

Bon festival !

*Conférence « Que peut le cinéma au XXI eme siècle ? » de Nicolas Klotz, Marie-José Mondzain et Saad Chakali. Lundi Bonsoir Cinéma #0. Paru dans lundimatin #436 le 9 juillet 2024.

 

 

 

Télécharger le programme complet


Invité d’honneur du festival : Mohamed El Khatib

Cette année, nous mettons à l’honneur le cinéma de Mohamed El Khatib, auteur-metteur en scène, performeur et réalisateur. Après une carrière éclair de footballeur, diplômé de Sciences Po, il se consacre à une thèse en sociologie, puis cofonde, en 2008, le Collectif Zirlib autour du postulat : “l’esthétique n’est pas dépourvue de sens politique”. Mohamed El Khatib est un artiste qui aime confronter les récits, les médiums et créer des aventures artistiques multiformes. Au programme, Renault 12, l’épopée intime d’un fils endeuillé vers un trésor hérité. 504, la chronique du “retour au bled” des années 1970 aux années 1990, au volant de mythiques voitures familiales. La Dispute, le témoignage d’enfants de huit ans qui racontent l’expérience de la séparation de leurs parents. « C’est important que des spectacles et des films rappellent que l’imaginaire n’est pas un privilège et que tout le monde a un droit de ‘fictionner’ […]. On a le droit d’inventer, on a le droit de s’inventer des vies, de ‘fictionner’ dès lors qu’on est sur une scène. Quand je vois une pièce, ma question n’est jamais de savoir si c’est vrai ou pas,mais plutôt si ce geste a une force et une utilité esthétique et politique qui opèrent un déplacement, ou si c’est simplement un acte théâtral finalement conservateur. »


Les séances au Videodrome 2

 

 

de à
Planifié Les cycles cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille Carte