Dimanche 25 mai 2025 · 18h00


Édito

 

 

Pour sa 4ème édition à Marseille, du 22 au 25 mai, le Festival Ciné-Palestine s’est à nouveau donné pour ambition de mettre en valeur le dynamisme, la diversité et la qualité du cinéma palestinien.

En 2025, se pose avec acuité la question de la responsabilité qu’accompagne le choix de films à montrer dans un contexte génocidaire permis et soutenu par les médias de masse et les gouvernements. Leur silence contraste avec la violence des images et des sons qui continuent de nous parvenir de Palestine. Quand, à grande échelle, se fabrique le consentement au nettoyage ethnique, les images mêmes les plus frontales ne semblent plus faire réagir. Que peut alors le cinéma ?

Edward Said affirmait dans Permission to Narrate (1984) que face à un pouvoir qui contrôle à la fois les faits et leur interprétation, la lutte doit passer par une réappropriation des récits. Les cinéastes de notre sélection mettent cette pensée en pratique avec intelligence et détermination : en imposant dans le champ audiovisuel des manières alternatives de raconter, ils contrecarrent les dynamiques d’effacement, et démontrent ainsi que l’acte même de se dire constitue une forme de résistance.

Cette séance propose de mettre en miroir deux courts métrages, ancrés à Beyrouth, qui documentent l’agression coloniale dans des rapports différents à sa représentation, marqueurs de leurs époques. Tandis que Why?, film tourné par la cinéaste militante Monica Maurer en 1982 pendant le siège israélien, est imprégné de l’urgence de communiquer des images frontales des massacres et des luttes au reste du monde pour appeler à rallier le soutien à la révolution palestinienne, dans The Diary of a Sky (2024), il n’y a a priori rien à voir. C’est par son geste de collecte et de montage, par un rapport de force avec le son, l’arborescence de sa pensée et la subtile ironie de son discours, que le réalisateur Lawrence Abu Hamdan documente l’épaisseur d’une violence ancrée dans le quotidien et fait sourdre des images une puissance subversive de résistance.

 

 


Why?

de Monica Maurer | 1982 | 30 min

Why? documente l’invasion israélienne au Liban et les trois mois de siège de Beyrouth de juin à août 1982 pendant lesquels des milliers de personnes ont été tuées et mutilées, en grande majorité des civils (plus de 70%). La stratégie militaire et de nombreuses images étaient les mêmes qu’aujourd’hui dans la guerre génocidaire à Gaza, avec l’objectif de détruire toute présence de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) au Liban, alors base de la résistance palestinienne. Palliant les manquements et omissions des médias internationaux, Why? traite de l’utilisation d’armes (bombes à implosion et au phosphore, obus à fragmentation) souvent fabriquées aux États-Unis et interdites par le droit international et met en lumière l’organisation de la défense civile par les comités populaires palestino-libanais.


The Diary of a Sky

de Lawrence Abu Hamdan | 2024 | Liban | 44 min

The Diary of a Sky capte la tension qui plane au-dessus de Beyrouth, entre le bruit incessant des vols militaires israéliens et le grondement des générateurs lors des coupures d’électricité. Cet essai vidéo de 45 minutes plonge le spectateur dans un quotidien marqué par la militarisation de l’air, où la répétition des incursions finit par devenir une étrange normalité.


SOME STRINGS

Des cinéastes et des artistes de par le monde ont formé Some strings, un ensemble de gestes filmiques inédits qui, avec d’autres, font récit des  événements du monde, pour que les témoins se multiplient. « Chaque mémoire libérée est le premier moment de toutes les mémoires rassemblées » (Edouard Glissant).

Some strings prend sa source dans ce qui fait tache sur les écrans de l’Histoire : en Palestine, là où le poète et professeur Refaat Alareer, comme tant d’autres êtres, a été ciblé par des frappes Israéliennes et tué avec sept autres membres de sa famille.

Son dernier poème, Si je dois mourir, écrit entre terre et ciel, cinq semaines avant sa mort, appelle à créer un cerf-volant avec des bouts de ficelles. Some Strings le reçoit en héritage, comme chacun de ses lecteurs. Le cerf-volant devenu objet de résistance et ses bouts de ficelles pris en main aujourd’hui par une centaine d’artistes sont une diversité de regards portés sur l’un des moments les plus sombres du XXIe siècle.

La diffusion de Some strings est la plus vaste possible, dans le monde entier, dans des salles de cinéma en avant programme, des festivals et en continu, dans des espaces très variés, parce qu’à chacun son bout de ficelle.

Des initiatives dans le monde se retrouvent sur some-strings.org / somestrings.boutsdeficelles@gmail.com


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 8€ et valable sur une année civile.

Il est aussi possible de prendre son adhésion en ligne ! Pour celleux qui le souhaitent et le peuvent, cette adhésion permet aussi de nous soutenir, en ajoutant un montant de son choix.

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