Ce soir, Videodrome 2 inaugure une nouvelle proposition de programmation, autour du travail cinématographique de jeunes auteurs. Cette carte blanche invite des réalisateurs à montrer leur film tout en programmant une autre oeuvre qui lui fasse écho.
Pour cette première édition, les réalisatrices Agathe et Noélie Giraud nous invitent à découvrir leur premier film : Ma soeur, oeuvre magnétique et troublante, accompagnée du sublime Voyage de Morvern Callar, de Lynne Ramsey (We need to talk about Kevin), film culte et pourtant méconnu.
Carte blanche : Faux-Sembants
soirée en présence de Noélie et Agathe Giraud
19h
Le voyage de Morvern Callar
de Lynne Ramsay – 2003, Grande-Bretagne, 1h33, VOstFR
Employée dans un supermarché, Morven Callar a 21 ans et vit dans une petite ville portuaire à l’Ouest de l’Ecosse. Fataliste, Morvern accepte sans broncher les mauvais coups de la vie: « il faut se débrouiller avec ce qu’on a et accepter ce qui vous tombe dessus ». Mais, un matin, elle découvre son copain, gisant mort sur le carrelage de la cuisine. Il s’est suicidé après lui avoir laissé un message sur l’ordinateur, sa carte de crédit, et sur une disquette, le roman inédit qu’il venait d’achever.
» C’est un film qui nous a beaucoup inspirées : la lumière, le rythme, l’ambiance, son « mood » . Le film se construit autour d’un traumatisme. D’un choc émotionnel lié à la mort d’un proche (Morvern Callar et notre film commencent par cette mort) et cela dirige l’action et les enjeux de l’héroïne tout au long du film. Il a été construit totalement depuis son point de vue, à travers son regard, et par ce choc violent. La relation avec sa meilleure amie, la sensualité de la jeunesse brute, la nudité des corps crus et sans ornement. Tout y est tour à tour glacial et brûlant comme si ces deux extrêmes se rejoignaient en permanence et créaient le comportement de Morvern. On ne sait pas ce qu’elle pense, elle reste mystérieuse et insondable comme notre Axelle. Comme la glace d’un iceberg. Elle reste scotchée par ce choc et on vit cet enfermement à travers son regard sur le monde. Jusqu’à son choix radical qui transforme sa vie et qui reste aussi un choc final. »
Agathe et Noélie Giraud
21h
Ma soeur
d’Agathe et Noelie Giraud – 2017, France, 1h08, VF
Toutes les sœurs sont-elles liées à la vie, à la mort ? Axelle et Julie ont eu une belle enfance, pleine de chansons… jusqu’au jour où un accident les rend orphelines. Déliées, elles ont vécu ailleurs l’une de l’autre…
… Quand Axelle retrouve «Giulia», elle se jette à son cou comme si elle voulait se noyer avec elle. De la sœur à l’amie, il n’y a qu’un pas, qu’il faut pourtant franchir à deux. Giulia l’exubérante a-t-elle vraiment besoin d’une sœur écorchée ? Ma soeur ne raconte pas tout-à-fait l’histoire d’une famille explosée dont les survivantes tentent de se rejoindre, se relier, se remettre en parallèle comme des rails qui conduisent à l’horizon (mais lequel ? tous les rails ont deux horizons), l’une à l’aide d’images super-8, l’autre à l’aide de sa mémoire désaxée. Et si la plus amnésique des deux entraînait l’autre dans sa spirale d’oubli ? À force de se raconter l’enfance sans savoir si elles parlent bien de la même, elles dessinent un calligramme d’émotions aiguës, de perceptions évanescentes, de temps disjoncté, de hontes mal ravalées, de trop-plein et de jamais-assez, de mots qui partent en fumée. On croit à chaque instant, à chaque scène, qu’on va enfin apprendre à adopter le point de vue de l’autre, puis on s’aperçoit que l’autre rêvait d’être comme nous : pas comme tout le monde. D’être comme personne. On ne sort pas indemne de ce Faux-semblants aussi cruel que sincère.
« Ma sœur » vu par Pacôme Thiellement.
La fiction est la sœur de la réalité : quand la première fuit, la seconde la poursuit ; quand la seconde s’effondre, la première lui remonte le moral ; et quand les deux se font la gueule, elles se mettent à aller très très mal toutes les deux… Il faut toujours penser nos relations humaines comme celles d’enfants uniques, orphelins séparés à la recherche de leur sœur jumelle comme de leur autre moitié. (…) L’une, Axelle, a des cheveux qui changent de couleur de façon irréelle, selon l’humeur du moment. L’autre, Julie, peut faire entendre la musique que fait son sexe quand un homme la pénètre. Les deux se perdent, se trouvent, s’adorent, se déchirent, sont à la fois muses et créatrices : muses pour les autres, muses pour elles-mêmes, créatrices pour elles-mêmes et finalement créatrices de la réalité que verront le spectateur. Elles sont simultanément des femmes et des petites filles, et le film est si poétique et viscéral, innocent et cruel, et sa narration erratique, flottante, pleine de pièges et de mauvais sorts, de superstitions et d’actes magiques, qu’il a lui-même l’air d’avoir été écrit par des petites filles ! Ma Sœur est simple et mystérieux, très drôle et très triste à la fois. Il n’est jamais réaliste et il est toujours juste : anxiogène et libérateur. Parfois il touche une espèce de foi tragique en la vie, une envie de vivre intense et dramatique que je n’avais pas vue au cinéma depuis les années 90. Souvent il emporte par une poésie et une spontanéité qui, elles, avaient carrément été éradiquées depuis la deuxième moitié des années 70. (…) Venez voir ce film, sinon vous pleurerez, parce qu’il vous aurait donné envie de vivre. Venez et vous pleurerez quand même, parce qu’il vous donnera le courage comme les raisons d’aimer et d’être aimé.
À propos des réalisatrices
Noëlie Giraud, l’aînée, est comédienne, auteur et réalisatrice de courts métrages. Diplômée de l’école Jacques Lecoq, elle a joué dans plusieurs longs-métrages, notamment avec la réalisatrice Kim Massé dans Cowboy-Angels, a vécu au sein de la compagnie Footsbarn travelling theatre, a travaillé avec Macha Makaëiff dans Les Apaches à La criée, et fait partie aujourd’hui de l’équipe d’Alain Simon au Théâtre des Ateliers. Agathe Giraud est architecte d’intérieur et directrice artistique d’expositions photos. Très proches, elles ont un goût partagé pour l’écriture et ont, depuis toujours, le même désir d’un projet artistique commun. Au retour d’Agathe de quelques années passées à New-York, elles se retrouvent autour d’un projet commun : l’écriture d’un scénario et la réalisation de leur premier long métrage : Ma sœur. Complémentaires pendant le tournage, Noëlie s’attachera plus particulièrement à la direction des acteurs, Agathe à l’image. Depuis elles n’ont qu’une idée en tête : faire un deuxième film. Elles sont actuellement en écriture d’un prochain scénario.
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