Édito
Notre projection inaugurale de DOUBLE VISION a lieu un jour qui n’arrive qu’une fois tous les quatre ans et, conformément à cet événement rare, ce programme de cinéma est véritablement transcendant, dans tous les sens du terme.
Notre série de transformations commence par l’œuvre de science sociale la plus subjective de l’ethnographe américain Robert Gardner, un long métrage presque sans paroles sur la ville sainte indienne de Bénarès (Varanasi) et les rituels de vie et de mort qui la peuplent, allant du néant à l’animal, puis à l’homme et vice-versa. La description concrète de Gardner de l’être et de la dissolution matérielle de l’être est confrontée dans notre deuxième programme, dans lequel un trio de trois films expérimentaux nous fait passer du corporel au géologique et à l’immatériel. Avec des chiens affamés, des singes sans but, des improvisations expérimentales au saxophone et une machine à brouillard, ce double programme changera votre vie à jamais.
Slow Shift
de Shambhavi Kaul | 2023 | 9 min | Pellicule 16mm | Vostfr
« Dans Slow Shift, Shambhavi Kaul reconfigure également notre engagement avec des vues apparemment ordinaires. Tourné à Hampi, en Inde, parmi les ruines d’une ancienne cité, aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, il s’agit d’une sorte de film de paysage. Des plans fixes de rochers massifs alternent avec des éboulements plus petits. Des hordes de langurs se promènent dans la région dépeuplée. Il n’y a pas une âme en vue. L’intérêt du film, cependant, ne réside pas dans l’observation régulière, à la Benning, mais dans la façon dont il soulève le problème de la transmission des changements d’époque au-delà des échelles de temps de la vie humaine. Autrefois, les humains ont créé quelque chose ici ; aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Comment représenter ce changement sans avoir recours aux marqueurs anthropologiques du progrès ? Les orchestrations précises et ludiques de l’échelle, de la perspective et du son hors champ de Kaul créent l’attente que quelque chose de grand est sur le point de se produire, et la disjonction entre cette anticipation croissante et les changements minuscules, presque imperceptibles, que nous voyons en réalité souligne la difficulté, voire l’impossibilité de cette tâche. En fin de compte, Slow Shift ne ressemble en rien à la section « Dawn of Man » de 2001 : A Space Odyssey (1968), dépouillée de tout sens d’avancement préhumain. »
Lawrence Garcia, ReverseShot
earthearthearth
de Daïchi Saïto | 2021 | Canada | 30 min | Pellicule 35mm | Vostfr
L’aube se lève là où la terre est chair Et les échos des os ; Vous avez vécu des extinctions -Les étoiles, le ciel, le sable et la mer ; L’avenir nous rattrape enfin, Et tous les morts sont devant nous.
« Nous commençons dans le noir, alors que le film expire. Lentement, un horizon déchiqueté apparaît sur l’empyrée aux lueurs sombres. Il s’éteint, puis revient. Une autre lèvre de terre déchiquetée dentelle un ciel lambda : un réveil. Tourné en 16 mm en 2015 dans le désert d’Atacama, à la frontière entre le Chili et l’Argentine, puis agrandi en 35 mm, le film expérimental de trente minutes de Daïchi Saïto, earthearthearth (2021), est un trip optique sous acide dans lequel les frontières entre la terre ferme et le firmament béant se dissolvent dans une explosion hallucinatoire de couleurs et de lumière. »
Ara Osterwell, Artforum
Line Describing a Cone
de Anthony McCall | 1973 | Royaume-Uni | 30 min | Pellicule 16mm
« Line Describing a Cone est réalisé à partir d’un faisceau de lumière blanche émis par un projecteur de film placé à l’une des extrémités d’une pièce sombre. Le projecteur est traversé par un film d’animation représentant une fine ligne en arc de cercle qui, image par image, se rejoint progressivement pour former un cercle complet. Pendant trente minutes, cette ligne de lumière trace la circonférence du cercle sous la forme d’une projection sur le mur du fond, tandis que le faisceau prend la forme d’un cône creux tridimensionnel. La brume produite par les machines à fumée confère au faisceau de lumière une densité accrue, le rendant presque tangible. »
Tate Londres
Informations pratiques
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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.
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