Édito
Dark Sweet Sixteen fait sa rentrée 2024 pour une nouvelle année glauque sur les bancs du lycée, et séchera surtout beaucoup les cours pour affronter les petites cruautés et l’ultraviolence adolescentes, et les injustices de ce monde de merde régi par ces psycho d’adultes. Effrois sociétaux et familiaux, amicaux poignards dans le dos, âmes tendres vendues au diable en promo… La photo de classe promet d’être sanglante.
River’s Edge
de Tim Hunter | 1986 | États-Unis | 1h39
Et au bord de l’eau, gît une jeune fille…
River’s Edge explore le rapport particulier des adolescent·es au sens moral, à la réalité et aux violences sexuelles et sexistes en s’inspirant d’une histoire vraie. Le 3 novembre 1981, Anthony Jacques Broussard (16 ans) viole et tue Marcy Renee Conrad (14 ans) dans une petite ville de Californie, avant de jeter son corps au pied d’une colline située à l’extérieur de la ville. Ce qui choque par-dessus tout, c’est que le meurtre de Marcy n’a pas été signalé immédiatement alors que, pendant deux jours, Anthony a conduit des camarades de classe jusqu’à la dépouille de la jeune fille. Iels ont gardé le silence.
Le voyeurisme morbide des personnages —et le nôtre— est questionné, ainsi que la notion de loyauté. Faut-il dénoncer son ami quand il a violé ? Quand il a tué ? Qu’est-ce que ça fait, quand la réalité dépasse la fiction, qu’est-ce que ça fait de voir un vrai cadavre, et celui d’une amie, au bord du fleuve ?
Le malaise et l’effet miroir sont intenses dans cette antithèse du teen movie qui figurerait aisément dans le top 5 des films cringe sur l’adolescence. Alors, pourquoi s’imposer ça, diriez-vous ? Car River’s Edge est un bel exercice de désespoir, un film lugubre d’une rare qualité analytique autour d’un tel crime, qui a le mérite d’affronter son sujet sans détours. C’est aussi le No Future d’une génération désabusée, en décalage, qui se reconnaîtra bientôt dans le grunge.
Ewen
Informations pratiques
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