Édito
TEENX MOVIZ : Suit Up !
Pour ce troisième rendez-vous dédié aux teen movies, nous ouvrons les imaginaires des jeunes filles en uniformes au cinéma. Nous vous partageons une collection de films qui évoquent les espaces clôturés de l’enfance, les règles strictes, l’apprentissage et le respect de l’autorité et le poids des normes sociales, mais aussi la rébellion et la résistance aux conformismes, les rires à gorge déployées entre deux secrets, les amours impossibles, les petites ou grandes bêtises, les échappées dans les interstices de la rigueur et des règlements intérieurs.
On ouvre en collaboration avec notre cher Ewen et son rendez-vous Dark Sweet Sixteen qui nous propose cette fois le sombre et blanc immaculé Virgin Suicides de Sofia Coppola. Une sororie (fratrie au féminin) subie l’étouffante éducation de parents autoritaires sous les yeux inquiets, amoureux et impuissants des garçons du quartier. Et puis on revient aux sources : 1931, Mädchen in Uniform de Leontine Sagan, premier film de l’histoire du cinéma représentant une intrigue saphique avec un casting exclusivement composé de femmes. Un film emblématique qui trouve sa finesse dans une critique du patriarcat et des totalitarismes par le prisme de la trajectoire de la fille d’un officier, envoyée dans une institution réservée aux filles de bonne société dont les familles sont en difficultés financières. Pour continuer avec les internats imposés, le lumineux The Trouble With Angels d’Ida Lupino narre la trajectoire d’une grande amitié entre deux jeunes filles contraintes par leur famille à intégrer un pensionnat catholique tenu par des sœurs. Trois ans de bêtises, de visages hilares et de punitions distribuées par une mère supérieure compatissante avec ces deux énervées abandonniques.
La sororie est à nouveau au centre de la narration avec Diabolo Menthe de Diane Kurys. Inspiré par sa propre adolescence avec pour décor un Paris des années 60, tagué de messages anti-OAS, le film suit deux sœurs qui vivent avec leur mère et naviguent entre l’école, les fugues amoureuses, l’engagement politique anti-fasciste sur fond de guerre d’Algérie et les premières sorties au café avec les potes (en portant des collants en cachette de maman). Un duo aux liens puissants également dans Girls School de Mi-Mi Lee, un film rare des débuts de la nouvelle vague taïwanaise, où est évoquée la relation fusionnelle de deux amies mise à l’épreuve par une rumeur qui les accuse d’homosexualité. Dans une école où élèves et professeur·es sont pétri·es de stéréotypes et jugements, leur belle amitié est soumise au regard social fatal qui les poursuit telle une malédiction.
Enfin, on troque les uniformes d’écolières contre des justaucorps moulants qui rentrent dans les fesses et on prend son élan pour Stick It de Jessica Bendinger. Haley Graham était le seul espoir de l’équipe de gym des États-Unis pour remporter la première place aux championnats du monde. Mais elle s’est barrée en plein milieu de la compétition et pas de podium pour les États-Unis. Quand elle se retrouve devant un juge après une bêtise, on la contraint à reprendre l’entraînement parmi les gymnastes qui la détestent. C’est l’histoire d’une rébellion contre les règles d’un des sports les plus rigoureux.
Une traversée de l’adolescence entre jupes plissées et coturnes plus ou moins sympas, où les petits et les grands drames trouvent un décor en non-mixité non-choisie.
Une programmation de Sarah Yaacoub, Ambre Veau et Mériem Rabhi.
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