Édito
Votre attention s’il vous plaît! Ceci n’est pas un exercice. La personne qui est en train de traverser la salle met littéralement le feu au tapis rouge.
Veuillez garder votre calme, et vos mains à l’intérieur du siège, les techniciens sont en train de rebooter l’ensemble du système. Une fois les lumières rallumées, attendez vous à être pris.e de vertige, de crise de larme ou tout simplement d’une envie irrépressible de pousser un cri.
Reprenez-vous! La personne qui va faire son apparition n’existe que dans la chaleur éclatante des projecteurs.
Yolanda, Samia, Freddie, Tina, Julie, Miwa, Whitney, Mylène et tant d’autres madones occupent un panthéon dont les albums et les vidéoclips sont objets de dévotions. Il faut les voir apparaître dans la fumée ou s’envoler au-dessus d’un public venu par dizaine de milliers respirer le même air que leur idole.
C’est que quelque chose nous frappe en elles, un sentiment particulier, une forme d’extase, quelque chose qui touche à la perfection, à l’absolue.
Ne vous y trompez pas, derrière ces icônes, il y a des femmes, des personnes de chair et d’os, dont la perfection se paie.
Travailleuses acharnées. Brisées par une machine médiatique machiste. Le corps assujetti à des diktats impossibles. Sexualisées et à la fois tenues à la plus pure des vertus. Exploitées, au profit d’un manager, d’une maison de disque ou d’un parent peu scrupuleux. Sujet de haine, de violence morale, physique ou sexuelle, parfois dès leur plus jeune âge. Suicidée.
Leurs histoires tragiques sont le reflet de nos existences ballotées dans un monde normatif et assignant.
Le long des côtes escarpées de nos médiocres existences, elles sont des phares, magnifiques et pailletés, érigés au prix cruel du capitalisme, mais dont la générosité avec leur public n’a d’égale que la profondeur de leurs sentiments.
Car leur chant est un écho sublimé de nos existences, émotions transcendées de nos deuils, nos ruptures, nos passions, ou des injustices dont nous sommes victimes; nos expériences d’êtres humains portées à voix hautes au milieu d’un terrain de football et reprises en choeur par tout un stade et des millions d’individus, dans l’intimité d’une salle de bain, dans l’isolement d’une paire d’écouteurs, ou derrière le micro d’un karaoké, devenus, le court d’un instant, fan.
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