Édito
« Dès que je vois une frontière, soit je cours vers elle et je la franchis d’un bond, soit je la traverse furtivement, d’un pas. » – Adania Shibli
Dans ce dialogue entre Basma al-Sharif (We Began by Measuring Distance) et Reem Shilleh (Perpetual Recurrences), deux artistes palestiniennes parlent de la guerre, de la violence, du déracinement. L’une comme l’autre, utilisent leurs regards et leurs expériences de la lutte de leur peuple comme source primaire et finalité ultime de leur travail. Ici, il n’est pas question de représentations militaires, de tanks et de corps morts. L’hyperréalisme des images ne peut parler qu’en partie au nom des palestinien·ne·s. Ici, la souffrance se reflette à travers les mirages du trauma collectif et l’espoir se tisse avec le fil de la résistance. Ici, il est question de l’histoire d’un peuple qui soubi un effacement sans fin de ses libertés, de son independance, de sa propre mémoire.
Nous avons voulu rendre hommage à la cause et la liberté des Palestinien·ne·s à travers les yeux des deux réalisatrices. Les deux films sont à la fois des documents qui luttent et qui créent des ponts entre différentes chronologies et perspectives, avec une même volonté, préserver son histoire et reunifier ses bouts éclatés par des machines de guerre. Avec l’aide de Basma et de Reem, nous franchirons les frontières et nous nous rendrons témoins de la lutte des palestinien·ne·s, car exiger leur liberté signifie que tous les autres puissent être libres.
We Began by Measuring Distance
de Basma al-Sharif | 2009 | Émirats arabes unis | 19 min | Vostfr
Longs plans fixes, textes, paroles et sons s’entre-tissent pour raconter l’histoire d’un groupe anonyme qui passe son temps à mesurer les distances. Ces mesures innocentes deviennent politiques, dessinant un regard sur la façon dont l’image et le son racontent l’histoire, la tragédie et la complexité du nationalisme Palestinien. We Began By Measuring Distance explore l’ultime désenchantement qui arrive lorsque le visuel échoue à représenter le tragique.
Perpetual Recurrences
de Reem Shilleh | 2016 | Palestine | 58 min | Vostfr
Quatre décennies de production cinématographique dans et autour de Palestine se réunissent dans ce montage par Reem Shilleh. Le film retrace la répétition dans les films par des cinéastes militants de la période révolutionnaire palestinienne 1968-1982 et dans des films plus contemporains.
Basma al-Sharif, née en 1983 au Koweït, est une cinéaste et artiste visuelle palestinienne basée à Los Angeles. À travers sa pratique artistique et en manipulant différents modes de communication visuelle, elle crée les conditions d’une distanciation du spectateur par rapport au discours politique, et de remise en cause des représentations dominantes. En 2017, elle réalise son premier long métrage Ouroboros, un film expérimental qui rend hommage à Gaza, présenté entre autres au Toronto Palestinian Film Festival, au Festival de Locarno, et lors du BFI London Film Festival.
Reem Shilleh est une chercheuse, conservatrice et écrivaine dont le travail se développe à travers le spectre de l’image en mouvement, en se focalisant souvent sur le film. Ses sujets de recherche l’ont conduite à des projets qui explorent et discutent le récit palestinien et sa formation historique en ce qui concerne la production d’images, à la fois en mouvement et encore. En 2011, elle a cofondé Subversive Film, un collectif qui produit des travaux de recherche sur des médias cinématographique rare sur la Palestine et la région. Elle est basée à Ramallah.
Informations pratiques
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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.