Édito

 

CinExpé, c’est un rendez-vous mensuel dédié à la fabrique du cinéma aujourd’hui dans ses tentatives, ses détournements, ses pieds de nez, ses coups de gueule, ses expérimentations visuelles, ses pixels et ses bobines. Le format, c’est un soir dédié au travail d’un.e cinéaste ; au lendemain, une constellation de propositions en regard, sous forme de cartes blanches ou non, des films qui regardent et ont regardé celles et ceux qu’on a invité.es. CinExpé est l’occasion d’invitations en chair et en os aux artistes, aux structures, aux chercheuses et chercheurs de tout bois.


MAGMA

 

Nolimetangere propose au fil du temps des séances en sons et en images au Videodrome 2. MAGMA c’est un mélange de langues, de sons, d’images de rien, d’images de tout, invitant au rugissement, au chant d’amour, à la rage de vivre, à la rêverie. MAGMA est un surgissement de force contenue, puissance tapie dans nos profondeurs pour convoquer la violence du monde et son envers. Rencontres sensorielles hissées sur lignes de crêtes pour créer un champ de tensions entre performances musicales et projections de films au geste franc. Comme un rêve éveillé, un songe, on pénètre la salle obscure, les yeux fermés, l’oreille dressée. Des images mentales affluent, sollicitées par les signaux électriques et/ou acoustiques. Puis c’est le silence, le noir se fait, l’écran s’anime. Le paysage sonore par lequel on est d’abord traversé vient irriguer notre perception de ce qui rayonne depuis la cabine de projection.


1ère partie | LIVE | durée 45 min

 

CHARLIE O.S. (Chrysalide Core)

 

 

 

Système d’exploitation en reprogrammation / dans une chrysalide / lointaine, isolée et en même temps en plein milieu des yeux qui regardent/ posée au sol sur un tapis / pyjama party indus à fond / thématique hacking des choses : donner plusieurs sens et échos aux éléments conçus au départ pour avoir qu’un sens unique / faire la même chose avec sa propre existence / confusion fatra introspectif / réflexion par la répétition pour inciter à brûler cette société patriarco-capitaliste.

 

 


2ème partie | PROGRAMME DE COURTS MÉTRAGES | durée 1h

 

Jesus’ Blood (Never Failed Me Yet)

Stephen Dwoskin | 1972 | UK | 30 min | 16mm | couleur sonore | 30 min | musique de Gavin Bryars

 

Dans le grain épais et vibrant du film, on devine un homme s’avançant depuis le fond d’une rue vers la caméra dans une extrême lenteur. Au son, Jesus’ Blood Never Failed Me Yet, une composition de Gavin Bryars fabriqué à partir du chant d’un clochard, un « clochard céleste », mis en boucle. La présence de cette voix est progressivement intensifiée par l’accompagnement instrumental. Avec ce film, Stephen Dwoskin, veut rendre hommage à cet inconnu, nomade céleste hantant les rues londoniennes, éternel errant, ivre certainement, vivant peut-être ses derniers jours. Car la mort rôde, elle rampe vers nous, lentement, à la lime de l’immobilité, dans un mouvement infini. Son image spectrale nous apparaît comme un mirage. Longue litanie, Jesus’ Blood Never Failed Me Yet est un requiem pour les oubliés, les invisibles.

 

À propos de Jesus’ Blood Never Failed Me Yet de Gavin Bryars

 

 

Trixi

De Stephen Dwoskin | 1969 | UK | 16 mm | 26 min | Bande son de Gavin Bryars

 

« Ce film, qui fut tourné durant une séance unique de huit heures, met en œuvre, et de manière extrêmement violente, une sorte de passation de pouvoir entre filmeur et spectateur. Sur l’écran, une femme se donne littéralement aux regards. Jusque-là, ces images ne seraient que de tristes images pornographiques softs. Ce qui change tout, c’est que Dowskin « répond » à ce regard en affirmant qu’il lui est bien destiné : recadrages, zoom avant et arrière, plans rapprochés ou plus larges. Nous ne pouvons assumer la place de destinataire, accepter l’invitation, y répondre. Sensation troublante de ne pas être à notre place, d’avoir pris la place d’un autre, de regarder par-dessus son épaule. »

Aline Horisberger

À propos de Stephen Dwoskin

 

Je filme donc nous sommes par Cathy Day

 

« Si l’oeuvre cinématographique de Stephen Dwoskin est à la fois sublime et inclassable, c’est qu’elle excède toujours les enjeux formels, poétiques ou narratifs qui la constituent. La beauté – parfois presque insoutenable – de ses films, la virtuosité de ses compositions de cadres, la maîtrise de la lumière, la précision rythmique de la succession et de l’interaction des plans, la mélodie singulière de ses bandes-sons forcent l’admiration. Mais l’essentiel est ailleurs.

L’essentiel, c’est l’expérience – au double sens du mot francophone, à la fois expérience et experiment – dont chacune de ses œuvres rend compte et à laquelle chacune de ses œuvres nous convie.

Je filme donc je suis pourrait en effet être le premier terme de l’équation cinématographique de Dwoskin. Ses films – que certains ont comparés à ceux d’un entomologiste – explorent sans complaisance et sans contraintes morales ou esthétiques préalables l’objet de son regard. Le cinéaste ne montre pas ce qu’il voit, il donne à voir ce qu’il découvre du monde, de soi et de l’autre en le filmant, et que seul le geste cinématographique est à même de révéler : le cinéma comme clé du monde.

Je te filme donc tu es, tel pourrait ainsi être le second terme d’une tentative de définition de son œuvre. Ce n’est pas que le cinéaste ait toujours filmé des femmes, mais aussi des hommes, qu’il a aimés, leur offrant en partage l’expérience humaine (ici cinématographique) la plus importante à ses yeux ; c’est plutôt qu’il a toujours aimé ceux qu’il a filmés, sa caméra instaurant avec eux un rapport d’une intensité et d’une intimité rares.

La caméra de Dwoskin ne capte en effet rien qui lui préexiste : c’est le rapport qu’elle instaure avec l’autre qui fait advenir les êtres et le monde qu’elle donne à voir. Mais les deux premiers termes énoncés seraient vains s’ils n’étaient complétés d’un troisième qui donne à l’œuvre de Dwoskin sa véritable puissance : je filme donc nous sommes.

Le spectateur n’est en effet jamais le tiers exclu de ce rapport à soi et au monde : c’est parce que nous le regardons regardant que les deux premiers termes de l’équation opèrent. C’est de notre propre condition humaine, de notre désir, de notre jouissance comme de notre douleur que ses films rendent compte, radicalement. »


↘︎ Texte de Stephen Dwoskin

↘︎ Texte de Louis Skorecki

↘︎ Entretien avec Stephen Dwoskin par Gérard Courant 

↘︎ Texte de Zoheir Mefti 

↘︎ Texte de Raphael Bassan 

↘︎ Les films du Renard 


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Séance au prix libre (conseillé 7€)

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui semble bienvenu.

L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.

 

Avec le soutien de

 

 


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