CinExpé, c’est un rendez-vous mensuel dédié à la fabrique du cinéma aujourd’hui dans ses tentatives, ses détournements, ses pieds de nez, ses coups de gueule, ses expérimentations visuelles, ses pixels et ses bobines. Le format, c’est un soir dédié au travail d’un.e cinéaste ; au lendemain, une constellation de propositions en regard, sous forme de cartes blanches ou non, des films qui regardent et ont regardé celles et ceux qu’on a invité.es. CinExpé est l’occasion d’invitations en chair et en os aux artistes, aux structures, aux chercheuses et chercheurs de tout bois.
Les films de Véronique Goël sont comme des tranches de mémoire taillées dans un langage cinématographique solide – (Stephen Dwoskin)
Depuis presque vingt ans, Derives.tv est un site internet qui partage gratuitement films, textes et documents, autour du cinéma. Irrégulièrement, comme des signaux, des projections sont organisées. Aussi, trois numéros d’une revue papier et dvd sont parus (Jean-Claude Rousseau, Tariq Teguia et Akram Zaatari, Stephen Dwoskin). Ces espaces sont pour nous une façon de tenir visibles des pans de cinémas à défendre en partageant des films mais aussi des entretiens, des textes et manifestes, de celles et ceux qui fabriquent ce cinéma, précieux à nos yeux. L’artisanat du cinématographe sous toutes ses formes trouve ici un abri en dehors du circuit de la valeur marchande.
En miroir de ce programme Stephen Dwoskin, l’évidence était d’inviter Véronique Goël, cinéaste et plasticienne Suisse, qui a longtemps partagé sa vie et son travail avec lui. Elle a réalisé depuis 1978, entre autres oeuvres, de nombreuses études urbaines, des films de long-métrage dits de fiction (Un autre été, Précis…) et plusieurs essais documentaires, dont la série des Soliloques. Il y a plus de dix ans, la découverte de ses films, intransigeants et trop rares sous nos latitudes, fût pour nous un choc esthétique. Nous avons depuis, cheminé avec son travail. Véronique en parle ainsi : « Sortir du spectaculaire. Revendiquer le droit à la complexité, déconstruire pour reconstruire différemment, mettre au premier plan la singularité formelle, revendiquer une approche subjective de questions objectives, travailler sur la banalité…». Cette séance sera l’occasion de traversées de paysages, de raccords qui réparent, exposent la barbarie, retissent l’histoire au présent. En compagnie d’un de ses premiers films, Soliloque 2, elle viendra nous présenter en avant-première son tout dernier opus, Séparation/Réparation, tourné ces dernières années au Japon, qui le prolonge en écho.
Soliloque 2 / La Barbarie
De Véronique Goël | 1982 | Suisse | 20 min | 16mm | couleur
Mise en parallèle d’un échange épistolaire avec l’histoire accidentée de la ville de Berlin. Une mémoire à vif contre un monde qui institutionnalise l’oubli.
Séparation / Réparation
De Véronique Goël | 2022 | Suisse | 1h | couleur
Ce film travaille les écarts historiques entre la tradition japonaise de la réparation et l’obsolescence des processus d’industrialisation. À la subtile économie qui transforme les effets temporels de l’usure, des cassures de céramiques solidarisées par des laques colorées aux cloisons coulissantes en papier restaurées par des raccommodages apparents, répond l’entropie mortifère de la puissance atomique et la catastrophe écologique de Fukushima. (Geneviève Loup)
▷ Pour approfondir la découverte du travail de Véronique Goël, vous pouvez lire des textes et voir des films ici :
La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Séance au prix libre (conseillé 7€)
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun.e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui semble bienvenu.
L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.
Exile - Robert Todd, USA, 2018, 13 min Wait - Robert Todd, USA, 2000, 7 min, 16 mm Gems - Robert Todd, USA, 2018, 14 min Under the tree - Robert Todd, USA, 2018, 10 min Fantaisies - Robert Todd, USA, 2017, 13 min
Une occasion unique de découvrir ou redécouvrir le travail de Ben Russell, réalisateur et commissaire par la carte blanche qu'il investit le samedi soir... en sa présence.
En partenariat avec Cinedoc En présence de Federico Rossin
V.W Vitesses Womende Claudine Eizykman, 1972-74, France, 16 mm, 36 min L'autre scènede Claudine Eizykman, 1969-72, France, 16 mm, 8 min Bruine Squamma : séries mêléesde Claudine Eizykman, 1972-77, France, 16 mm, 37 min
CinExpé, c'est un rendez-vous mensuel dédié à la fabrique du cinéma aujourd'hui dans ses tentatives, ses détournements, ses pieds de de nez, ses coups de gueule, ses expérimentations visuelles. C'est un rendez-vous vivant puisqu'il est chaque fois porté, par les artistes et créatrices elles-mêmes, par des passionnés critiques...
Ce mois-ci, nous fêtons le travail organique et onirique de Marie Losier, en sa présence. Une soirée pour elle, une soirée Carte blanche pour les artistes dont elle chérit le travail.
Cinéma de la fabrique et de l'inventité joyeuses, cinéma de la rencontre qui célèbrent les corps et les visages dans des explosions de couleurs et de sons, euphorie d'un noir et blanc qui nous ramène aux origines du cinéma...Tels sont les mots qui peuvent brièvement permettre d'approcher le cinéma de Marie Losier. Il faut sauter les deux pieds joints dans ses images tournées en 16 mm et se laisser happer par la joie rieuse de ses films.
Marie Losier, autoproclamée cinéaste du dimanche, s’affirme comme une portraitiste hors pair, centrant son œuvre, particulièrement sensible, sur ces « survivants », génies hors normes et hors circuits, musiciens, cinéastes, plasticiens, irrésistibles, colorés et insolents, dont les élucubrations, les improvisations et les allures à tiroirs la ravissent. Chaque week-end, c’est le metteur en scène avant-gardiste Richard Foreman avec qui elle avait collaboré comme décoratrice, ou le cinéaste canadien Guy Maddin qui passe devant sa caméra, les frères Kuchar, cinéastes jumeaux de l’underground des années 1950, le musicien minimaliste Tony Conrad, Alan Vega du groupe Suicide, la chanteuse April March, la cinéaste Jackie Raynal et de très nombreux autres. Ce qui se joue là, sous les bonnets de bain à fleurs et les maquillages ultra pop n’est rien moins que la survie d’un idéal, d’une croyance commune en une forme de légèreté et d’amour invincible. C’est aussi, quand la vie s’acharne, que les sous manquent et la reconnaissance aussi parfois, dire à celui ou celle qu’on filme, je te filme donc tu es, tu es magnifique, tu es mon idole, mon étoile dans le ciel. C’est se donner ça.
Texte d'accompagnement de Confettis atomiques, Jeu de paume
J’ai un rapport au corps très particulier. Tous les corps m'intéressent, mais aussi les douleurs, les fragilités, les cicatrices, les transformations ou encore les genres différents. Ça me parle plus que quelque chose de complètement esthétisé. Un corps c’est une poésie, un paysage, et un corps ça souffre toujours, d’une façon ou d’une autre. Pour moi, à travers le cinéma, c’est une façon de l’apprivoiser, de s’en approcher, de vivre avec, et de l’embellir. Ce qui m’intéresse dans tous les portraits que j’ai faits, c’est que tous ces gens se réinventent constamment, sont toujours dans le processus de création, tout est création. C’est l’art d’exister à travers la fabrique constante, que ce soit avec une feuille de papier, une pensée, un geste, un tatouage, tout est utilisé dans un collage de la vie qui permet de réinventer une image de la vie. Filmer le processus de création dans le temps, cela permet de raconter une histoire et l’évolution de la personne filmée. (…) Prendre le temps de filmer certains artistes que j’ai rencontrés et qui compte beaucoup pour moi, c’est aussi prendre le temps d’aimer.
Marie Losier
Les séances du cycle CinExpé
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