Édito

 

CinExpé est un rendez-vous mensuel, une carte blanche offerte à des critiques, cinéastes et des artistes, en leur présence, pour donner à voir « des films qui les regardent » (Serge Daney) dans le champ des arts visuels et du cinéma expérimental.


Amazing Fantasy

2018 | 2min38

La lévitation, en jouant à défier les lois de la gravité, ouvre à une magie possible, et traduit en même temps un irrépressible désir de contrôle.

13 Ways of Looking at a Blackbird

2020 | 31 min

Tirant son titre du poème de Wallace Stevens, 13 Ways of Looking at a Blackbird est composé d’une série de tentatives de regarder et d’être regardé·e. Entamé comme une commande de la ville et de l’État sous le nom et l’attitude de Unschool, le film est devenu un kaléidoscope des expériences, questions et émerveillements d’un couple de lycéens après une année d’expériences avec la cinéaste Ana Vaz qui s’interroge sur ce que peut être le cinéma. La caméra devient ici un instrument d’investigation, un crayon, une chanson.  » Le film est une chanson que l’on peut voir « , écrit l’un des élèves dans une constellation collective de phrases et de dessins réalisés lors d’un des ateliers. La phrase décrit parfaitement un film qui explore une écologie naissante des sens.

Atomic Garden

2018 | 7min

On pourrait dire qu’un feu d’artifice n’est pas différent d’un arbre, ou d’une grande fleur artificielle qui pousse, se développe, fleurit et meurt en quelques secondes. Flétrie, enfin, elle disparaît bientôt en fragments méconnaissables. Eh bien, prenons ce feu d’artifice et faisons-le durer un mois, et nous aurons une fleur avec toutes les caractéristiques des autres fleurs. Ou alors, en inversant l’ordre des facteurs, imaginons que la graine d’une plante puisse exploser comme une bombe. »
(Bruno Munari)

Há Terra! (aka: There is Land!)

2016 | 13 min

« HÁ TERRA ! est une rencontre, une chasse, un conte diachronique du regard et du devenir. Comme dans un jeu, comme dans une course-poursuite, le film oscille entre personnage et terre, terre et personnage, prédateur et proie. » Ainsi Ana Vaz décrit-elle son poème cinématographique en 16 mm. Des mouvements de caméra filants semblent traquer une jeune fille métisse dans les hautes herbes. La voix off au présent s’agglomère au passé dans la myopie de la longue focale. La boucle sonore récurrente d’un homme criant « Terre ! Terre ! » convoque le lointain souvenir de la conquête coloniale. Mais la beauté du collage tient à l’impossibilité pour le spectateur de laisser « passer » ce passé : bientôt le témoignage actuel porte sur un maire qui s’est approprié par la menace les terres des indigènes. La jeune fille traquée en vient à personnifier un territoire. Nous sommes dans le sertão brésilien, où l’exclamation « há terra! » (littéralement : « il y a (de) la terre ») peut aussi s’entendre comme l’affirmation que les sans-terre, non-possédants organisés en Mouvement depuis une quarantaine d’années, n’ont pas lieu d’en être privés. Énigmatique et fiévreux, le film vibre aussi en images et en son du Manifeste anthropophage d’Oswald de Andrade (1928), autre inspiration d’Ana Vaz : « Anthropophagie. Absorption de l’ennemi sacré pour le transformer en totem. L’humaine aventure. La finalité terrienne. » – Charlotte Garson

Apiyemiyekî?

2019 | 27 min

Apiyemiyekî ? est un portrait cinématographique qui part des archives de l’éducateur brésilien et militant des droits des indigènes Egydio Schwade – Casa da Cultura de Urubu – trouvées dans sa maison à Presidente Figueiredo (Amazonas), où sont actuellement conservés plus de 3000 dessins réalisés par les Waimiri-Atroari, un peuple originaire de l’Amazonie brésilienne, au cours de leur première expérience d’alphabétisation. Fondés sur la pédagogie critique de l’éducateur et philosophe brésilien Paulo Freire, les dessins sont devenus l’une des premières méthodes d’échange et de production de connaissances réciproques. Au cours de ces exercices d’alphabétisation, la question la plus récurrente posée par les Waimiri-Atroari était : pourquoi Kamña (« les civilisés ») a-t-il tué Kiña (Waimiri-Atraori) ? Apiyemiyekî ? (Pourquoi ?).

Les dessins documentent et construisent une mémoire visuelle collective à partir de leur expérience d’apprentissage, de leur perspective et de leur territoire, tout en attestant d’une série d’attaques violentes auxquelles les Waimiri-Atroari ont été soumis·es durant la dictature militaire. Apiyemiyekî ? anime et transpose leurs dessins dans les paysages et visions qu’iels racontent, cherchant à faire écho à leur question récurrente et à croire que la mémoire est vraiment un moteur nécessaire pour construire un avenir commun.


À propos d’Ana Vaz

Ana Vaz est une artiste et cinéaste dont les films, installations et performances spéculent sur les relations entre mythe et histoire, le soi et l’autre à travers une cosmologie de références et de perspectives. Assemblages de matériaux trouvés et tournés, ses films combinent ethnographie et spéculation en explorant les f(r)ictions imprimées dans des environnements cultivés et sauvages. Diplômée du Royal Melbourne Institute of Technology et du Fresnoy, Ana a également été membre de la SPEAP (School of Political Arts), un projet dirigé par Bruno Latour. Parmi les projections récentes de son travail, citons le NYFF, le TIFF, Courtisane, Cinéma du Réel (Grand Prix) et des focus spécifiques dédiés à son travail au Flaherty Seminar (USA) et Doc’s Kingdom (Portugal). Son travail a été présenté dans des expositions collectives majeures telles que la Biennale du jeune art de Moscou & le Dhaka Art Summit. En 2015, elle a reçu le Kazuko Trust Award décerné par la Film Society of Lincoln Center en reconnaissance de l’excellence artistique et de l’innovation dans son travail sur l’image en mouvement.


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme une possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu.

 

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